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Obama, Israël et le vote juif

 

Obama, Israël et le vote juif

 

 

 Selon la route qu'empruntera son chauffeur pour le conduire au siège de l'ONU cette semaine, Barack Obama pourrait apercevoir par la fenêtre de sa limousine un panneau publicitaire le montrant en train de serrer la main au président palestinien Mahmoud Abbas et sur lequel on peut lire: «Pas pro-Israël».

Ce panneau et quelques autres de la même eau ont fait leur apparition à New York dimanche dernier, à l'avant-veille d'une élection partielle où la politique du président démocrate à l'égard d'Israël a été débattue. Et ils resteront en place pendant toute la durée de l'ouverture de la 66e Assemblée générale des Nations unies, au cours de laquelle les Palestiniens entendent demander la reconnaissance de leur État.

Le résultat de l'élection partielle a enchanté les responsables de cette campagne publicitaire, qui ont fondé l'an dernier un groupe appelé Emergency Committee for Israel (ECI). Pour la première fois depuis 1923, les électeurs de la 9e circonscription de New York ont élu un républicain à la Chambre des représentants (pour combler le siège laissé vacant par Anthony Weiner, qui a démissionné après avoir envoyé à des jeunes femmes des photos indécentes de lui sur Twitter).

Le républicain, Bob Turner, ne jouissait pas seulement de l'appui de l'ECI, mais également de l'ancien maire démocrate de New York Ed Koch, qui avait encouragé l'électorat new-yorkais à punir le président Obama pour sa politique à l'égard d'Israël. Au lendemain du scrutin, des commentateurs et des républicains ont conclu que cet appel avait eu un impact déterminant sur le vote des juifs orthodoxes de la circonscription.

 

Révolte de l'électorat juif?

Cette conclusion est peut-être exagérée; d'autres facteurs ont probablement pesé sur ce vote, dont l'appui du candidat démocrate Dave Weprin, un élu local, à la légalisation du mariage homosexuel dans l'État de New York. Mais l'ECI et les républicains aimeraient voir dans le verdict new-yorkais le début d'une révolte de l'électorat juif, qui a donné près de 80% de ses suffrages à Barack Obama en 2008 et qui est appelé à jouer un rôle important en 2012 dans des États-clés comme la Floride, la Pennsylvanie et l'Ohio.

Et ils entendent profiter de la démarche palestinienne à l'ONU cette semaine pour renouveler leurs critiques à l'égard de Barack Obama et de sa politique au Proche-Orient.

«C'est bien que nous allons opposer notre veto à une déclaration unilatérale d'un État palestinien au Conseil de sécurité», a déclaré l'intellectuel néoconservateur William Kristol, un des cofondateurs de l'ECI avec Gary Bauer, figure de la droite chrétienne. «Mais cela en dit long sur les orientations d'Obama que nous en soyons rendus là. Nous sommes plus éloignés d'un accord israélo-palestinien - et plus éloignés d'un État palestinien pacifique - que nous ne l'étions quand Obama est devenu président.»

Les «erreurs» d'Obama

Les prétendants républicains à la présidence tiennent un discours semblable ces jours-ci. Au lendemain de l'élection partielle de New York, le gouverneur du Texas Rick Perry a notamment énuméré les «erreurs» commises par Barack Obama dans le dossier du Proche-Orient, dont son appel à un gel des colonies israéliennes.

«Les Palestiniens ont perçu cela comme un affaiblissement des relations entre Israël et les États-Unis et ils tentent d'en tirer profit», a-t-il écrit dans une tribune publiée par le Wall Street Journal et le Jerusalem Post. «Le plan palestinien visant à obtenir ce soutien unilatéral de l'ONU menace Israël et insulte les États-Unis», a-t-il ajouté.

Lors d'un discours à Los Angeles, la représentante du Minnesota Michele Bachmann a dénoncé quant à elle l'appel de Barack Obama en faveur de l'établissement d'un État palestinien sur la base des frontières de 1967. Des frontières qu'elle a qualifiées d'«indéfendables», comme l'avait dit le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou en mai.

Israël est évidemment loin d'être la seule préoccupation de l'électorat juif américain - ou même la plus importante. Néanmoins, le Parti démocrate a senti le besoin récemment d'envoyer aux groupes et donateurs juifs un document de plusieurs pages intitulé La position du président Obama sur Israël: mythes et faits.

Ces jours-ci, à New York, on peut lire un de ces «mythes» sur un autre panneau publicitaire de l'ECI: «Obama attaque Israël à l'ONU». Le message fait référence aux critiques de l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, de la politique de colonisation d'Israël. Des critiques formulées après que les États-Unis eurent mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité condamnant les colonies.

 

Richard Hétu
La Presse

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