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Oslo, 22 novembre 1949 - Une tragédie judéo-tunisienne, par Viviane Scemama Lesselbaum

 

Oslo, 22 novembre 1949

Une tragédie judéo-tunisienne

 

Le 20 novembre 1949, deux avions « Dakota » d’une compagnie hollandaise décollent de l’aéroport de Tunis, à leur bord, des enfants juifs entre 10 et 15 ans et leurs accompagnatrices dont la destination prévue est la Norvège. La communauté juive et l’Agence juive se sont entendues avec les autorités norvégiennes pour accueillir, pour quelques mois, ces enfants de santé fragile dans des sanatoriums se refaire une santé en vue de leur alya.

Pour des raisons de sécurité que nous pouvons comprendre aujourd’hui, l’Agence juive ne souhaitait pas faire partir directement les familles entières en Israël. Ces derniers devaient les rejoindre une fois les enfants installés en Eretz.

L’un des deux appareils arriva à bon port. Le deuxième tournait en l’air, gêné par un épais brouillard et évalua mal la hauteur des cimes. Il perdit de l’altitude et percuta le sommet d’une colline proche de la capitale. Il ne donnait plus signe de vie.

Il prit feu. Inquiets, les autorités averties par le voisinage frétèrent rapidement des avions, des hélicoptères ainsi que la croix rouge et la population qui se mirent à sa recherche.

Deux jours plus tard, les débris calcinés de l’avion furent découverts dans la forêt de Horum ville située à une trentaine de kilomètres d’Oslo.

À son bord se trouvaient 27 enfants, quelques fratries (frères et sœurs), les accompagnatrices dont une norvégienne et les quatre membres d’équipage.

L’identification des victimes défigurées, brûlées, déchiquetées fut très difficile. Un seul survivant Isaac Allal âgé de 12 ans qui ne réalisa pas ce qu’il venait de vivre.

 

« Le Monde » et « Le Progrès de Lyon » du 22 novembre évoquèrent la catastrophe. Le 23 novembre les quotidiens insistèrent sur l’inquiétude des familles demeurées en Tunisie, massées toute la journée devant les tableaux d’affichage roulants de « La dépêche tunisienne ». Cette tragédie exceptionnelle fit « la une » des quotidiens du monde entier.

Le samedi 26 novembre un service religieux se déroula à la synagogue. Le rapatriement s’effectua le lendemain.

Auparavant, les parents souhaitaient que leurs enfants soient enterrés en Israël. La France qui nous offrit le « protectorat » exigea qu’ils fussent rapatriés en Tunisie pour éviter les frictions avec les arabes, un an après leur défaite en 1948.

 

« Soixante ans après la catastrophe, le dimanche 22 novembre 2009, fut organisée une cérémonie commémorative dans la ville de Horum. Etaient présents à cette cérémonie un des fis d’Isaac Allal, Eyal Ortal de l’association israélo-tunisienne AMIT, un membre de la famille norvégienne, l’Ambassadeur d’Israël et les personnalités norvégiennes.

L’ambassadeur de Tunisie en Norvège qui reçut, dans les délais, la même carte d’invitation brilla par son absence à la surprise de tous les participants, ce dernier préférant ignorer l’évènement et de fait ne pas avoir à présenter d’excuses. Mépris pour ces enfants et le pays qui les a vus naître, d’humilier ces jeunes victimes parce que nées juives. Le comportement de ce personnage, représentant la Tunisie au plus haut niveau à l’étranger, nous prouve que son attitude est motivée par une démarche à caractère antisémite ».

 

À cet effet, je complèterai ce document par un extrait de mon ouvrage « Le passage, de la Hara au Belvédère » qui concerne ce que j’en ai vécu personnellement.

« Le cimetière de l’avenue de Londres qui rendait, peut-être pour la dernière fois, les derniers devoirs aux défunts, accueillit une foule immense tout le long du parcours pour pleurer ses enfants rapatriés.

Ce jour-là, je me trouvais au magasin de journaux de mon père, distant du cimetière d’une centaine de mètres.

Le spectacle qui nous était offert était bouleversant. Les petits cercueils de bois blanc verni étaient portés sur les épaules et dirigés lentement vers l’ancien cimetière.

Cette procession douloureuse qui s’ébranlait lentement faisait pousser des hurlements parmi les femmes.

Je garde pour toujours, de cet insoutenable spectacle, du retour de ces petites âmes à cette terre qu’ils avaient quittée pour une autre, une incommensurable douleur ».

Viviane Scemama Lesselbaum

Sources : Harissa.com, Terre d’Israël, WWW.amit4U.net, Ftouh Souhail, « Les enfants d’Oslo » par Shimshon Sarfati, « Le passage, de la Hara au Belvédère » de Viviane Scemama Lesselbaum.

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