Philippe Baverel
QUARTIER SECRÉTAN (XIXe), HIER. Jean-Pierre Zarhi, 53 ans, a découvert les deux croix gammées en ouvrant sa porte hier matin.
Quand il a ouvert sa porte hier matin au troisième étage de son immeuble du quartier Secrétan (XIXe), Jean-Pierre Zarhi, 53 ans, a trouvé deux croix gammées noires tracées de part et d’autre de son entrée. « Je suis scandalisé. Je ne m’attendais pas à ça. Ça s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche car lorsque mon fils aîné est sorti samedi soir vers minuit, il n’a rien remarqué », déclare ce conducteur de camion qui devait déposer plainte hier soir.
« Je suis stupéfaite, ajoute son épouse Joyce, 45 ans. C’est pas possible que, de nos jours, des choses pareilles arrivent alors qu’on est dans un quartier complètement feuj. » Gardienne de l’immeuble depuis vingt-six ans, Rosa s’indigne : « J’en suis toute retournée. On n’a jamais vu ça dans la copropriété. »
Des précédents dans l’immeuble
Installée dans le séjour de cet appartement qu’elle loue avec son mari et leurs six enfants, Joyce confie après quelques minutes : « Dans cet immeuble, j’ai l’impression que nous sommes très mal acceptés. » A peine avait-elle emménagé dans ce logement il y a deux ans que la famille Zarhi a dû retirer la « mezouzot », petite plaque religieuse traditionnellement posée à l’entrée de la demeure contenant une bénédiction sur un parchemin et censée protéger ses habitants : « Nous avons enlevé ce signe religieux car, à partir du moment où les gens l’ont vu, ils se sont mis à dire, dès qu’il y avait un problème, que c’était nous! »
Depuis six mois, plusieurs actes antisémites ont été commis contre cette famille, rappelle Jean-Pierre Zarhi : « A l’automne dernier, quelqu’un a mis le feu à une poubelle sur le palier avant d’appeler la police et accuser le juif de la porte à côté, c’est-à-dire mon fils qui logeait alors dans la chambre de service dont nous disposons au dernier étage. Depuis, il s’est réinstallé chez nous. L’an dernier également, quelqu’un a écrit en rouge dans la cage d’escalier A bas les gros juifs ». Depuis, les parties communes ont été refaites. Les Zarhi ont aussi dû changer leur serrure en raison de la colle qui y avait été introduite. « Il y a une dizaine de jours, un homme a dit à mon fils de 17 ans qui marchait dans la rue : Dégage, sale juif », témoigne Jean-Pierre Zarhi.
« Ecœuré », Jean-Claude Megret, président du conseil syndical de l’immeuble, a décidé de rédiger un texte « pour dénoncer cet acte répugnant » qu’il affichera dans l’entrée : « Moi, je signerai mon message, à la différence de l’auteur des croix gammées. »
Le Parisien
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