Partir vivre à Tel Aviv
Laura Duhamel, Avocate vivant en Israël
Tel Aviv, quatre heures du mat.
Les nuits blanches défilent, à croire que mon corps ne pliera jamais. J'ai quitté Paris pour ses certitudes, ses promesses déjà connues et ses horizons bien peu sexy. Mais mes nouvelles inconnues ont confisqué mon sommeil.
Direction Tel Aviv. Je me suis dit un jour, au moins là-bas, tout est à faire. Et effectivement, à peine mon pied droit posé en Israël, j'avais déjà enterré mon embryon de vie d'avocate parisienne.
Sans regret Paname. On se reverra, de temps en temps et toujours avec délices. Mais tu vois, il fallait que je te quitte ou j'aurais fini par te détester.
Ne m'en veux pas...Je n'avais plus envie de te critiquer et de râler à propos du froid, de la RATP, de l'EFB, des cotis, des conditions exécrables de travail, de la place des femmes avocates, de Hollande trop mou ou de Sarkozy trop méchant, de la crise, de Strauss Kahn, des grèves...Fini Picard, les plats congelés, les éternels diners d'avocats où chacun se demande à 30 ans ce qu'il fera plus tard. Exit !
La petite maison de banlieue et tout ce qui m'attendait avec ne m'attend déjà plus. Je ne l'achèterai jamais et je ne rencontrerai pas non plus ce garçon trop bien rasé avec qui je râlerai de nouveau sur la gauche, la droite, la crise, l'Europe, mon exécrable condition de femme avocate, le prix du mètre carré â Paris et les OGM. Et nous ne regarderons pas TF1 ensemble.
Ouf.
Direction Tel Aviv donc.
Ici il ne fait jamais froid et le métro n'existe pas. Ici les hommes n'ont pas peur d'être virils et les femmes revendiquent fièrement leurs formes. Ici on sort tous les soirs car le week end, c'est toute la semaine.
Tel Aviv n'est pas belle mais elle sait jouer de milles charmes. Elle joue des hanches pour t'attirer dans son antre et une fois prise dans ses rues sales et bondées, tu ne peux plus la quitter.
Ici tu manges des sushis dans la rue à trois heures du mat pendant que ton colloc promène ses six chiens et que tes voisins fument des joints sur le toit de l'immeuble.
Rien n'est connu à l'avance et tout est galère, du classeur que tu ouvriras désormais du côté gauche au prix du cottage cheese, en passant par le processus de paix qui excelle uniquement en tant que processus.
Mais au moins, ici, tu n'as pas de train à attraper en marche. La vie te promet encore, elle ne s'est pas arrêtée à ton destin parisien.
Pas encore.
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