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Pillage a Carthage

 

Pillage a Carthage

 

 

 

Un ami m'alerte vers 19h que des trax et des semi-remorques sont en activité du coté des "Résidences de Carthage", terrain situé a la Maalga, anciennement protégé par l'UNESCO, déclassé par les Trabelsi sous le triumvirat qui trônait sur le Patrimoine en 2006 (Mohamed Aziz Ben Achour - Beji Ben Mami- Fethi Bejaoui), et reclassé après le 14 Janvier par l'Etat Tunisien.

Je me dirige sur les lieux et je trouve qu'une foule de citoyens est sur place, que deux d'entre eux ont déjà été agresses par les "bandeya" (sbires) qui protègent les lieux, et que les forces de l'ordre sont venues pour apaiser les tensions. Mais je dis bien apaiser, car l'agresseur n'a pas été arrêté, juste "calmé".

Des membres d'Ettakatol étaient aussi sur place, et ils ont promis de faire une veillée.

Ce groupe de gens, citoyens et militants politiques, ont réussi a faire arrêter les travaux, et les tractopelles et les camions sont partis ensuite.

Cependant, un trou a déjà été creusé, et un petit site d’époque tardive (vandale ou byzantine) a été saccagé.

Contrairement a la faune, un site archéologique n'est pas récupérable. Si la main de la pelleteuse passe une fois, c'est fini.

J'appelle le conservateur du site de Carthage, qui me dit qu'il est au courant, et que ces malfrats agissent pratiquement tous les weekends, la nuit, ou lorsque la situation sécuritaire est instable. Ils veulent construire au plus vite pour avoir plus de raisons de ne pas être délogés. Ils veulent détruire au plus vite, pour sortir l'argument d' "il n'y a plus rien a trouver de toute façon".

La Police est au courant, mais ne réagit point. Pourquoi? Il faut faire une enquête du cote du Poste de Police de Carthage...

Plus tard, des membres du PDP sont venus, et j’espère que de plus en plus de partis se mobiliseront pour sauver cette Histoire qu'ils comptent réécrire avec la prochaine constituante.

Alors que j'examinais le site, un gardien est venu gueuler, mais vu le nombre de gens qui ont commencé a lui repondre, il a fait marche arrière.

Le propriétaire d'un des terrains, descendu d'une grosse BMW noire, est venu nous écouter. Apres il a commencé a parler de son pauvre sort, de son ignorance totale des magouilles qui se tramaient lorsqu'il a acheté le terrain, et des 750.000 Dinars Tunisiens qu'il a dépensé pour son terrain.

Il m'a même dit qu'il y a une Loi dans ce pays, et qu'il a des titres et des autorisations. J'ai répondu que lorsqu'il avait acheté, il n'y avait pas de loi.

J'aimerai bien savoir la réaction d'un des jeunes qui sont sortis dans la rue en Décembre et en Janvier dans les quartiers pauvres s'il entendait le prix du lot.

J'aurais aimé etre plus roq3a et lui demander "Men ayna laka hetha ya sayyed?"

Ils détruisent encore notre patrimoine, comme si de rien n’était. Ils étaient la sous Ben Ali, ils sont même venus avec lui, et ils sont toujours la. La société civile et les partis politiques sont les garants de notre liberté aujourd'hui. Espérons que la mobilisation continue.

J'ajouterai juste que des tweets et des messages sur Facebook ont réussi a arrêter un chantier de construction immense, et rappeler que tweets et messages FB ont conduit a la grande manifestation qui a fait fuir ZABA.

Continuons!

 

Fayla

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