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Qui a inventé le sionisme ?

Qui a inventé le sionisme ?
 

Mike Konrad - Adaptation française : Thérèse Zrihen-Dvir

 

Afin de contester l’accusation mensongère arabe, qu'Israël est en quelque sorte une conspiration de Juifs qui s’étaient emparés du monde occidental et de ses politiques pour leurs propres fins, il est bon de temps à autre, de se rappeler qu'il s’agissait plutôt de chrétiens issus de part en part de toutes les couches de la chrétienté qui avaient encouragé les Juifs à se rapatrier. Oui – les chrétiens. À notre époque sécularisée, où le christianisme est dénigré sur toute place publique, cette histoire essentielle est négligée.

En 1799, lors de la campagne française au Moyen-Orient, Napoléon Bonaparte, avait émis le décret qui suit depuis son quartier général militaire dans la ville de Saint Jean d’Acre, dans ce pays qui est maintenant Israël.

« Héritiers Légitimes de la Palestine !

La grande nation [France] qui ne pratique pas de trafic d’hommes et de pays comme l'avaient fait ceux qui avaient vendu vos ancêtres à tous les peuples (Joël 4,6) vous demande par la présente de pas conquérir votre patrimoine, que dis-je, non, prenez seulement en charge ce qui a été conquis et, avec la garantie et le soutien de la nation, demeurez les maîtres pour le maintenir envers et contre tous.  

La proclamation de Bonaparte.

Cent dix-huit ans avant la Déclaration de Balfour, Napoléon avait décidé de rétablir les Juifs comme les «héritiers légitimes de la Palestine ! » Dans l'ensemble, Napoléon était plutôt favorable à la communauté juive - pas toujours - mais il les avait imprégné d’un souvenir chaleureux de lui pour les avoir libéré des ghettos. Cette initiative ramena force critiques à Napoléon par des catholiques, des luthériens, et des autorités orthodoxes orientales chrétiennes.

L’aspect le plus intrigant, c'est que cet appel à la bible provenait de la France révolutionnaire laïque. En fait, la date de la proclamation est le 1 Floréal, issue du calendrier révolutionnaire français déchristianisé en usage à l'époque. Néanmoins, le christianisme et l'histoire biblique avaient servi à Napoléon comme éléments de soutien pour émettre ce décret.

Surplombant la ville Saint Jean d’Acre, Israël est une statue de Napoléon sur la colline de Napoléon, en l'honneur de la bataille de Saint Jean d'Acre. S'il l’avait gagné, Israël aurait pu renaitre un siècle plus tôt. En fait, des statues de Napoléon se trouvent partout en Israël.

Cet épisode aurait pu être tenu comme une occurrence bizarre et unique, mais à partir des années 1860, un groupe allemand, principalement piétiste luthérien, appelé les Templiers - la Société allemande du Temple - avait eu l'intuition plutôt étrange que le Seigneur les appelle à se préparer à Sa Second Venue, les exhortant à aménager le terrain en Israël pour le retour des Juifs. Pour leur surprenant raisonnement, ils furent accusés d’hérésie et excommuniés par l'Eglise luthérienne du Wurtemberg, bien que plus tard, certains autres courants du protestantisme les avaient acceptés.

Appelé « Deutscher Tempel » par ses fondateurs, leur objectif était de promouvoir la coopération spirituelle pour faire avancer la reconstruction du Temple en Terre Sainte, en Palestine, convaincus que cette fondation favorisera la seconde venue du Christ.

La Société du Temple avait érigé sa première colonie en Palestine - comme on l'appelait à l'époque - en 1868. Elle a finalement monté des colonies à Jérusalem, Haïfa, Jaffa etc. Elle construisit des routes, mit en place  un service de cars, et a été la première à utiliser l’étiquette « Jaffa Orange ». Tout cela avait commencé une décennie avant la première Aliyah juive en Israël.

À ce jour, quelques-unes des sections grandioses de Jérusalem, Haïfa et Tel-Aviv-Yafo (Jaffa) possèdent des quartiers que les habitants appellent la colonie allemande où les Templiers avaient tenté de reproduire des logements de style allemand en Palestine. La colonie de Jaffa s’était également jointe avec ses protestants restaurationnistes américains. Aujourd'hui, le quartier de Jaffa est appelée la colonie américano-allemande.

L'histoire de la Société allemande du Temple est toutefois impure. Elle a instrumentalement contribué à la préparation de la terre, et avait mis en place les structures de la civilisation, déterminantes pour les juifs qui vinrent plus tard. À un moment donné les Templiers allemands étaient plus de 2.000. Pendant la Première Guerre mondiale, certains Allemands y furent enterrés après la conquête de la région par les anglais en 1917. C'est dans les années 1930 que la troisième génération des Templiers perdit une partie de sa flamme. Environ un sur six Templiers devinrent nazis, surtout les plus jeunes d’entre eux qui étaient de nationalité allemande et avaient abandonné leur héritage religieux. Les Templiers âgés avaient été horrifiés. Leurs aînés étaient opposés au nazisme.

Quelques allemands de Palestine non juifs avaient demandé au gouvernement du Reich d’abandonner son plan visant à boycotter les magasins de juifs allemands le 1er Avril, 1933.

Il en ressort que la Palestine avait un parti nazi dans les années 30, qui ternit définitivement la réputation splendide des Templiers. Après la guerre, leurs biens furent saisis, mais les Allemands en furent remboursés.

Il y eut un mouvement restaurationniste américain dirigé par un méthodiste Mormon timbré, George Adams. Ce dernier qui officiait en prêcheur avait réussi à établir une colonie à Jaffa en 1866 avec l'aide du gouvernement américain, lequel avait adressé une pétition aux Ottomans. La colonie s’effondra bientôt en raison de la corruption d’Adams, et sa majorité retourna aux USA. Toutefois, les quelques Américains qui sont restés s’étaient joints aux templiers venant d’Allemagne.

En Angleterre, le prêcheur John Nelson Darby popularisait une doctrine dispensationaliste qu’il maintint aux Etats-Unis lors de ses visites. Au centre de la doctrine était la croyance en la restauration du peuple juif et le rejet de plus de mille ans de la grande ligne doctrinale de l'Église qui écartait les juifs, « dont le peuple avait été banni par D-ieu pour son refus de Son Fils ».

En Amérique, William Eugene Blackstone avait réussi à convaincre les citoyens influents à travers les États-Unis de faire circuler une pétition :

«Pourquoi les pouvoirs qui en vertu du traité de Berlin, en 1878, avaient accordé la Bulgarie aux Bulgares et la Serbie aux Serbes, n’accordent-ils pas maintenant la Palestine aux Juifs ? Ces provinces, ainsi que la Roumanie, le Monténégro et la Grèce, ont été arrachées des mains des turcs et remis à leurs propriétaires naturels. Est-ce que la Palestine n’appartient pas légitimement aux Juifs ? » La pétition avait été signée par quelques-uns des grands noms de la société et présentée au Président Harrison en 1891.

Le Révérend Blackstone qui travaillait avec une énergie fiévreuse, avait composé un mémoire au président Harrison. Le mémoire avait été signé par 413 personnalités américaines, chefs d'entreprise tels que JP Morgan, John Rockefeller, d'éminents dirigeants du Congrès, dont William McKinley (plus tard président américain), Thomas Reed Président de la Chambre des représentants, chefs religieux, chrétiens et juifs, éditeurs et éditeurs principaux des médias imprimés américains et même Melville Fuller, juge en chef de la Cour suprême américaine. Le mémoire appelait à un soutien américain, de concert avec la communauté internationale pour la création d'une solution humanitaire à la souffrance juive en Russie. Sa solution, permettait aux Juifs de retourner en Palestine. Le mémorial a été officiellement présenté au Président Harrison le 5 Mars, 1891. Le mémoire resta à la une des nouvelles majeures américaines pendant des semaines.

Le texte complet est disponible au « Chicago Tribune ». - Révérend William E. Blackstone (doc).

La pétition de Blackstone antidatait Herzl. En fait, certains Juifs considèrent Blackstone comme le fondateur du sionisme moderne, pas Herzl. Blackstone avait même envoyé à Herzl une bible avec d’importants versets énoncés afin de persuader le mouvement sioniste de rejeter l'offre de la Grande Bretagne en Ouganda et d'insister sur la Palestine.

Alors, que faut-il en déduire ? Contrairement aux affirmations arabes d'un complot juif, aucun de ces hommes n’en était un.

En fait, la quasi-totalité du sionisme avait débuté comme une entreprise chrétienne. De Napoléon Bonaparte, laïcité nominale catholique, des templiers luthériens allemands, des adeptes mi-farfelus américains de George Adams, à Darby, frère anglican anglais, au méthodiste américain Blackstone et à Dwight Moody, non – confessionnel de Chicago. Ces mouvements présageaient le sionisme dans la communauté juive, et certains historiens juifs en reconnaissent le point. Les Templiers, en particulier, semblent être presque divinement inspirés dans leur aménagement de la Palestine en prévision d'un retour des Juifs. Que certains de leurs petits-enfants soient devenus plus tard des nazis n’est qu’un enseignement moral des répercussions tragiques. Certains de leurs descendants vivent aujourd'hui en Australie, et dirigent un site merveilleux avec leur incroyable histoire.

Le récit arabe sur le sionisme étant un complot juif est donc archi-faux.

http://theresedvir.com/
http://therese-zrihen-dvir.over-blog.com/

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