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Rached Khiari et l’école juive de Tunis : On ne badine pas avec l’info, par Hajer Ajroudi

Hajer Ajroudi

Rached Khiari et l’école juive de Tunis : On ne badine pas avec l’info, par Hajer Ajroudi

 

Outre la mise en danger de la vie d’autrui, l’art d’amputer l’info.

Le 28 janvier le chef de rédaction du journal électronique Al Sada, Rached Khiari a été l’invité de l’émission Klem Ennes où il a parlé en premier de la raison pour laquelle il est appelé à comparaître devant le juge le 9 mars prochain. Il est accusé d’avoir mis la vie des gens en danger. En effet, l’affaire est reliée à des informations publiées sur son journal électronique déclarant que l’école juive de Tunis « Loubavitch » n’était qu’une filière d’une école mère sioniste et sis en Israël. Jusqu’ici on voit deux aspects de l’affaire, d’un côté un journaliste à valeurs se battant contre le sionisme et d’un autre, le journaliste en soi, victime d’un lobbying sanctionnant la liberté d’expression. Essayons de prendre du recul et d’y voir autrement, décortiquons…

Il est d’abord à rappeler que tout journaliste est tenu par une charte déontologique, les maghrébins ont la leur et qui stipule noir sur blanc que le journaliste avait le devoir « de protéger les minorités ». Rached Khiari a fait justement le contraire en mettant la vie d’une minorité en danger. En plus des informations publiées sur son site qui enregistrerait selon lui 100 000 visites, il a cité devant des millions de téléspectateurs l’adresse exacte de l’école. Premier aspect mis à terre par Rached Khiari, la déontologie…

Prenons un deuxième aspect est qui est relatif aux connaissances du journaliste et à sa culture générale que Maya Ksouri n’a pas manqué de le lui rappeler par ailleurs, il s’agit de la nature même de la filière mère, à savoir une école ultra orthodoxe, luttant contre le sionisme. D’ailleurs, l’enseignement donné par l’école citée est un enseignement religieux et les juifs tunisiens ont le droit comme leurs concitoyens musulmans d’étudier leur religion. Seulement l’école publique ne fournissant qu’un programme limité à la pensée islamique, ils ont droit à une autre source. Autre point reliant à la fois et l’ignorance des faits – pour ne pas dire mauvaise foi – et le fait de mettre les autres en danger est qui celui relatif à l’enterrement de feu Yoav Hattab, fils du directeur de l’école citée en Israël. Yoav, tué en France lors de l’attaque visant le super-cacher, a en effet été enterré à Jérusalem au mont des oliviers, lieu sacré pour les pratiquants, surtout que Yoav n’est pas mort dans son pays, mais à l’étranger et étant mort car il est juif, ses obsèques ont été organisées à Jérusalem. L’aspect religieux de l’affaire a été omis.

L’aspect juridique est un autre aspect que le journaliste n’a pas manqué de bafouer. Même s’il luttait contre le sionisme et contre Israël, la normalisation avec Israël n’est pas sanctionnée par la constitution et n’y est même pas cité. Quand même elle l’était, l’affaire relevait alors des tribunaux auprès desquels, le journaliste aurait dû porter plainte.

Rached Khiari a à deux reprises, sur son journal et sur l’écran bafoué sa déontologie. Il a aussi négligé tous les autres aspects de l’affaire qu’il présentait et qui faisaient partie de son travail de journaliste, à savoir la présenter en prenant en compte, les lois et l’aspect religieux. Si ce n’est de la manipulation, c’est de l’incompétence, car une information donnée se doit d’être complète.

Est-ce vraiment le rôle d’un journaliste qu’il a alors joué ? Est-il vraiment victime d’un abus et d’un verrouillage de la liberté d’expression ? Ne s’est-il pas montré insouciant si ce n’est intentionné en mettant la vie d’autres personnes en danger ?

Quant à l’émission Klem Nes qui se veut libre et qui en effet aborde et discute de tous les sujets, n’y a-t-il pas un moment où on devait arrêter le journaliste quand il citait l’adresse par exemple ? Ou alors attirer l’attention sur le fait qu’il met la vie d’autres personnes en danger ? D’ailleurs Atef Ben Hsine, acteur présent sur le plateau n’a pas manqué de lui signaler que les informations publiées sur Al Sada mettaient en danger la vie de l’animateur Naoufel Ouertani et de la chroniqueuse Maya Ksouri. Entre temps, ses informations sur l’école juive étaient déjà passées, sans équilibrage, oubliées par les animateurs et invités sur le plateau, mais sûrement pas par une tranche du public, et des téléspectateurs, minime certainement, mais encline à la violence ou habitée par la cause palestinienne certes noble, mais qu’elle ne sache comment la servir autrement que par l’agression ?

P.S : Le hassidisme Haba’d ou de Loubavitch (hébreu : חסידות חב’ד Hassidout Haba’d, Haba’d étant l’acronyme de Hokhma Bina Da’at, « sagesse, compréhension, savoir ») est l’une des branches principales du hassidisme contemporain.

Hajer Ajroudi, journaliste, chroniqueuse et reporter à Réalités

http://www.realites.com.tn/

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