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Ruben Amar, Lola Bessis • Réalisateurs

Ruben Amar, Lola Bessis • Réalisateurs

 

 

par Joseph Proimakis

Ruben Amar et Lola Bessis parlent de Swim Little Fish Swim, un favori des festivals qui mélange un air de Nouvelle Vague avec des thèmes mumblecores

Après trois ans aux États-Unis, à se faire un nom dans le court métrage,  Ruben Amar s'est associé à sa compatriote Lola Bessis pour réaliser ensemble un premier long métrage en forme de lettre d'amour à New York, la ville qui a tant inspiré des réalisateurs comme John Cassavetes et Spike Lee. Le résultat, Swim Little Fish Swim [+], est une comédie d'éducation intime et détendue qui doit autant aux grands réalisateurs new-yorkais des années 1970 qu'à leurs descendants du mouvement mumblecore qui se développe en ce moment sur la scène indépendante new-yorkaise. C'est un au revoir semi-autobiographique au décor cinématographique préféré des réalisateurs.

Comment deux Français en viennent-ils à faire un film indépendant américain ?

Ruben Amar : Tout est venu très naturellement. Nous avons toujours été inspirés par les films new-yorkais des années 1970 et 1980, notamment ceux de John Cassavetes et Spike Lee, et quand nous étions à New York, nous avons été très attirés par la scène indépendante, ce nouveau genre de film fait avec presque rien. Alors comme il ne nous restait plus que six mois à New York, nous avons décidé d'en faire un film. 

Lola Bessis : Le film s'inspire vraiment de ce que nous avons observé quand nous vivions là-bas. Nous filmions tout sur nos téléphones, notamment les scènes anodines de la vie quotidienne qui nous fascinaient. À un moment, nous avions vu tellement de films formidables réalisés sans argent que nous avons décidé que nous pouvions aussi nous y mettre. Et comme pour des raisons de visa, il fallait bien retourner en France à un moment donné, nous avons tout fait en cinq mois seulement, de la pré-production au tournage. Nous avons choisi, aussi, de raconter une histoire très modeste, très simple, quelque chose que nous pourrions construire autour des acteurs.

Le thème de l'artiste aux portes de l'âge adulte semble autobiographique.
RA : Oui, c'est un thème de récit d'éducation dont nous nous sentons particulièrement proches, parce que tout en faisant le film, nous nous interrogions aussi énormément sur notre métier de réalisateurs, avec tous ces problèmes d'argent et de choix artistiques.

LB : Oui, on se demande toujours quel genre de carrière artistique on veut, et quel genre de style de vie on espère en retirer. Voilà le genre de questions que nous nous posions, et nous étions tous les deux entre enfance et âge adulte, au moment où viennent les responsabilités, etc....

Le fait de finir ce film et de le suivre dans sa belle carrière dans les festivals vous a-t-il donné confiance par rapport à la suite ?
RA : Nous avons certainement plus confiance pour refaire un film à présent, parce que celui-ci a été une vraie école pour nous, pleine d'expériences et de choses très compliquées à gérer. De fait, maintenant, nous nous sentons plus à l'aise avec nos histoires, par exemple au niveau des pourquoi et des comment de la narration. 

LB : Oui, nous avons beaucoup appris tous les deux, en travaillant avec les acteurs sur le plateau mais aussi par rapport à ce qu'il faut faire pour produire un film, trouver les financements etc. Ce film a également ouvert beaucoup de portes : à présent, nous avons beaucoup de contacts, et beaucoup de producteurs sont intéressés par notre prochain projet. Donc oui, nous sommes plus en confiance, mais en même temps, c'est un métier où on ne peut jamais se sentir vraiment en sécurité.

Le film a fait son avant-première au Festival SXSW d'Austin avant de faire son avant-première européenne à Rotterdam puis d'aller dans des dizaines d'autres festivals dans le monde. Est-ce que les différents publics réagissement différemment ?
RA : Tout à fait. Les Américains sur-réagissant à tout...

LB : Oui, ils rient tout le temps, même quand ce n'est pas drôle...

RA : …Ce qui est marrant pour nous, mais à la fin, on n'est jamais vraiment certain qu'ils aient aimé.

LB : En Europe, c'est plus bizarre, parce que le public européen ne réagit pas énormément, surtout à Rotterdam et dans le nord en général : là, ils ne bougent pas et le silence est complet, mais ça ne signifie par qu'ils n'aiment pas le film, car en sortant, on les entend dire : "J'ai beaucoup aimé, le film m'a vraiment ému", etc... C'est juste qu'on ne sent pas ça dans la salle. 

RA : Au-delà de ça, c'est une question de tolérance, je pense. Aux États-Unis, ils ne jugent pas autant qu'on le fait. Ils acceptent ce qu'ils voient et le discutent tel quel. Ils peuvent poser des questions qui vous mettent en difficulté, mais ils ne le font pas méchamment. Le public européen est bien plus direct.

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