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Samuel Benchetrit : On m’avait proposé Goldman en tant que réalisateur

 

Samuel Benchetrit : On m’avait proposé Goldman en tant que réalisateur

Le réalisateur incarne Pierre Goldman dans le téléfilm du même nom, diffusé sur Canal +.

Qui était Pierre Goldman selon vous ?
Il était le représentant d’une génération. Quelqu’un d’un peu plus dingue que les autres. Ce qu’il voulait, c’était combattre avec des armes et des bombes. Il pensait que la révolution de 1968 était une révolution bourgeoise. C’était un type assez violent avec de vraies revendications sociales. Il refusait l’injustice. C’était son moteur.

Vous avez travaillé à partir de quelle matière pour jouer dans Goldman ?
J’ai lu énormément de livres pendant le tournage. Le manifeste du Parti communiste ou encore La Nausée de Jean-Paul Sartre. Politiquement, je suis assez nul. Je n’ai aucun argument et j’ai toujours l’impression de ne pas savoir comment exprimer mes idées. La lecture m’a aidée dans ce sens car je me suis retrouvé dans Goldman.

Comment se prépare-t-on pour interpréter ce type de rôle ?Je ne suis pas comédien donc je n’ai pas de méthode particulière. C’était ma première vraie expérience en tant qu’acteur et j’ai eu la chance de décrocher un rôle hyper physique. Goldman faisait du karaté, des percussions. Pour le rôle, j’ai repris la boxe et j’ai appris à jouer des percussions. Après, j’ai du trouver mes propres révoltes. Au même moment est paru le bouquin de Stéphane Hessel, Indignez-vous !, j’ai eu l’impression que ce livre avait été écrit pour moi. Ma chance c’est que tous les jours aux informations il y a des choses qui m’énervent.

Comment s’est déroulé le tournage ?
C’était passionnant d’interpréter Pierre Goldman. Après cela m’a détruit. À la fin du tournage j’étais moralement et physiquement crevé. J’étais totalement investi dans mon rôle. Je ne savais pas comment me protéger face à la force du film. J’ai vécu dans les années 60 pendant plus d’un mois et demi. Je ne voulais pas en sortir. Toutes mes discussions tournaient autour des révoltes de l’époque.

Avez-vous rencontré la famille de Pierre Goldman ?
Les proches de Goldman n’étaient pas favorables à l’idée de faire un film sur lui. Je crois que nous avons fait un film qui, a aucun moment, ne pourra les énerver.

Pourquoi avoir accepté la proposition de Canal + ?
Au départ, on m’a proposé le projet en tant que réalisateur mais je ne me sentais pas à niveau pour faire un film de ce genre. C’est trop réaliste pour moi. Je n’en suis pas encore là. J’ai laissé traîner la proposition pendant très longtemps, puis on m’a proposé de jouer Goldman. J’ai longtemps hésité, je ne suis même pas sûr d’avoir dit oui un jour. C’était un gros projet. Je sais qu’à un moment il a été question de Romain Duris pour jouer Goldman et que Mathieu Kassovitz voulait également le rôle. J’avais la pression.

À votre avis, pourquoi la production vous voulait plus qu’un autre ?
Je crois que le réalisateur appréciait mon côté écrivain juif de gauche et Canal avait vu et certainement aimé le court-métrage qu’avait réalisé Anna Mouglalis, ma femme, il y a deux ans.

Samuel Benchetrit en tant qu’acteur c’est nouveau. Pourquoi ?
Quand j’avais 19 ans, mon agent s’appelait Dominique Besnehard. Il voulait absolument que je joue la comédie et moi je n’avais qu’une envie : réaliser. Aujourd’hui, la tendance s’inverse un peu. Il y a dix ans, j’avais fait un film et j’avais détesté l’expérience d’un tournage devant la caméra.

Quels sont vos projets ?
Je tourne dans le prochain film de Jacques Doillon.
 

Propos recueillis par Benjamin Rabier

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