Sidi Mansour Ya Baba
Je suis française...née française de père français et de grand père français mais réellement devenue et traitée comme française aux états unis par les américains, parce que nous savons nous tous pied noirs et juifs de surcroits comment les français de la métropole nous considéraient!
Nous avons eu une éducation purement française, mon père a fait la guerre d'Algérie pour la France, bon sang!
Une belle jambe ça me fait!
En fait allant tout par hasard sur le site de harissa. com de mon très cher ami jaco halfon qui en est le patron j'ai surfe comme on dit sur le site.
Ou la la
Cela m'a fait revenir un bon bout de temps en arrière... et quand j'ai entendu cette chanson, « alla alla ya baba sidi mansour ya baba », moi qui ait pris même le son d'ecouter l'arabe en aversion depuis pas mal de temps déjà, je me suis surprise à reconnaitre qu'il y avait une fibre en moi qui vibrait...
Comment est-ce possible?
Et voilà que les larmes aux yeux je me rappelle de mon enfance chez mes grand parents à la goulette, je me rappelle les fêtes a la synagogue d’Issy les Moulineaux et tonton Gilbert la cigarette aux levres, est apparu devant mes yeux, chantant et dansant en clappant des mains, mains écartées comme tout bons tunisiens se le veut.
C'était le bon temps des belottes infinissables le shabbat a la synagogue en attendant le cour du rabbin Bijaoui de l'après-midi avant mincha...c'était les tartes aux pommes ratées que j'essayais shabbat après shabbat d'améliorer pour que les copains et copines mangent en se rappelant du pâtissier français du coin de la mairie ou de Corentin Celton ou nous avions arrêté d'acheter les carambars, boules de coco et tous les délicieux gâteaux et viennoiseries bien françaises car nous comprenions finalement ce qu'était la cashrout grâce au rabbin Bijaoui z’’l qui jours après jours et années après années avec tant de patience nous apprenait à petits pas, car nous étions si bien dans notre monde de rêves que personne ne voulait vraiment s’y détacher.
Nous mangions chez tout le monde sans vérifier et sans se poser de questions c’était l’habitude et la tradition même si nous n’étions plus à Tunis avec le boucher casher Chrah d’en bas de l’avenue de Londres.
De là où il est, il peut être un peu fier de lui car nous lui devons tant nous les anciens jeunes d’Issy les Moulineaux.
Ouais c'était le très bon temps...
Les étés a la Goulette, les glibettes au café vert et les "boums" qui finissaient toujours en belotte ou à la shkoba devant une boga ou un cidre ou bien même une trunegiai : verveine bien chaude et bien sucrée. Qui pensait au diabète dans ces temps-là ou bien à la ligne…
On fumait cigarette après cigarette ne pensant même pas au cancer ni même aux effets secondaires dont on ne connaissait même pas le nom ou l’existence.
On buvait tous de la même bouteille et on partageait tout.
Nous étions de vrais kiffeurs et nos parents aussi.
Nous les imitions de père en fils et de mère en fille c'était ca la vie. Et pas un mot de travers sinon gare!
Mémé Henriette restait des heures à la cuisine à préparer le manger pour toute la famille venue en vacance sans se plaindre une seule fois et c’était plein à manger, personne ne pensait au régime : rempli d’huile d’olive et de pain italien et tout quoi !
Et chaque nuit que nous rentrions tard, pépé marmonnait toujours que c'était une dégoutation que « ces » filles (nous, toutes les cousines : uzan-madar-castro) rentrent aussi tard...
Mais c'étaient ca les vacances à la goulette...on était jeune, on était insouciant, on ne pensait qu'a rigoler et se marrer sans penser à refaire un monde si dore de toutes les manières : tout était parfait !
Oui, quand j’ai entendu cette chanson, chante dans un arabe littéraire et poétique parce que oui je connais la différence et je m’en rappelle très bien, c’est comme une bicyclette ça revient tout de suite même si on n’en a pas fait depuis longtemps, cela m’a rappelé Um Kalthum et toutes les belles chansons que mémé Henriette chantait en cuisinant ou en crochetant les éternels châles de laine assise à la véranda et qu’on entendait a la radio jour après jour sans penser à la politique. Il n’y avait pas de télévision. C’était encore le temps des osselets, des jeux de boites d’allumettes et des billes de toutes les couleurs.
C’était le temps de Rock le Blek et d’Akim que nous lisions avidement sans en manquer un numéro et que nous échangions chez le marchand de journaux et d’hebdomadaires sur l’avenue Habib Bourguiba avec les incontournables romances « d’Intimité » et « Nous deux »
Comme on dit c’était le bon temps et quand je vois ce qui se passe aujourd’hui j’en crois pas mes yeux, c’est du n’importe quoi…
Qu’est ce qui s’est passe qui a détruit toute cette quiétude !
Peut-être qu’en fait comme on dit en anglais
« Ignorance is bliss »
« L’ignorance est un grand bonheur ou est une béatitude » si je traduis bien…
Anyway, voilà la chanson qui quand vous l’entendez et prêtez l’oreille vous pouvez détecter la pureté du langage des poètes et chanteur.
Et voilà comment on reste sentimental nous tunisiens déracinés qui savons qu'était le bonheur simple et discret sans trop de hauts et bas...c'était y'a longtemps, une éternité et pourtant une odeur, un gout, un air de musique et tout revient comme si c'était hier. Et voilà que du fin fond de Miami, une ancienne tune se rappelle avec nostalgie et alanguissement la simplicité de notre jeunesse qui reste dans nos cœurs sans comparaison avec rien d’aujourd’hui.
Bon, ne croyez pas que je pleure sur le lait renverse comme on dit en anglais et que BH j’ai tout aujourd’hui pour être heureuse mais « Ka même » comme dirait pépé Ange avec son accent méditerranéen il y faisait bon vivre…
Corynne Rina Kramer
Commentaires
Madame,
Nous avons partager les mêmes émois et sommes toujours en Tunisie dans ce décore que vous "Tun" avaient connu. Il n'a plus le même éclat car vous n'êtes plus ici avec nous les "musulmans"comme vous dites..., vous avez laisser un grand vide et vous nous manquez.
Sidi Mansour ya baba me rappelle aussi cela!
j'essuies mes larmes avec cette espérance de vous revoir
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