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Significations de Hanoucca

 

Significations de Hanoucca

 

J’ai toujours été intrigué par le passage du Talmud qui s’interroge sur la signification de Hanoucca.

Une réponse nous est donnée dans la célèbre histoire de la fiole d’huile miraculeuse (Shabbat 21b). A l’époque où ce récit prit forme, des siècles après les évènements opposant les Maccabées aux Grecs, il était évident que la révolte et la victoire des Hasmonéens contre les Assyriens étaient alors des faits historiques connus de tous.

Ils étaient en effet inscrits dans le Livre des Maccabées, qui, bien que ne faisant pas partie du canon juif, était certainement lu et préservé. Plus important encore, la prière Al HaNissim « pour les miracles », récitée durant les huit jours de Hanoucca, faisait partie de la liturgie et relatait le déroulement des évènements : la victoire des Maccabées et la purification du Temple de Jérusalem.

Quelle est donc la réponse apportée par les Sages du Talmud ?

Certains suggèrent que la dynastie des Hasmonéens étant devenue corrompue et de ce fait peu estimée des Sages , ces derniers cherchèrent alors à diminuer l’importance du rôle des Hasmonéens en mettant l’accent non pas sur leur victoire mais sur un évènement surnaturel, un miracle causé par Dieu, à travers le récit jusqu’alors inconnu de la fiole d’huile.

D’autres, parmi lesquels Rachi , soulignent que les Sages demandent également : « A quel miracle fait-on référence lorsque l’on emploie l’expression Al HaNissim » ? Si le mot « miracle » signifie quelque chose de surnaturel, il ne semble pas y en avoir, à part les évènements normaux de l’histoire. La réponse est donc que le miracle ne fait pas référence à la victoire en elle-même, mais bien à l’huile qui dura de manière surnaturelle pendant huit jours.

Deuxième Soukot

Une autre réponse apportée est liée à la durée de la fête. Pourquoi, s’interrogent les Sages , célèbre-t-on Hanoucca pendant huit jours ?

Historiquement, nous en connaissons la raison : le peuple juif célébrait en fait une sorte de Soukkot étant donné qu’il s’agissait de la dernière fête du calendrier avant la restauration du Temple et que Soukkot durait exactement huit jours (en comptant Sh’mini Atzeret).

A l’origine, Hanoucca était considérée comme le Soukkot du mois de Kislev. Cette explication a problablement était oubliée et remplacée par l’histoire de la fiole d’huile qui brûla pendant huit jours, pour expliquer pourquoi nous célébrons Hanoucca en allumant des lumières pendant cette durée précise de huit jours.

Oublier le politique

En outre, d’autres suggèrent encore que l’intention des Sages était de relativiser l’importance de la victoire militaire, qui est le sujet principal de la prière d’Al HaNissim. Après deux grandes défaites désastreuses – la Grande Révolte qui avait conduit à la destruction du Temple en 70 après notre ère et la rebellion de Bar Kokhba en 135 qui signifiait l’effondrement de l’identité nationale juive - les Sages ne souhaitaient pas encourager de nouvelles campagnes militaires.

D’ailleurs, cette peur fut conservée dans la loi et la tradition juives et est à l’origine du principe selon lequel, jamais plus, nous ne devons utiliser des moyens humains pour restaurer l’indépendance juive, mais qu’il faut au contraire accepter la loi des nations et attendre patiemment le messie. Le sionisme politique permit de dépasser cette idée : celle-ci fut utilisée à la naissance du mouvement par les penseurs orthodoxes pour le combattre. Elle est toujours prônée par les Neturei Karta, les Hassidim Satmar et d’autres groupes haredim .

L’accent mis dans un deuxième temps sur la signification religieuse, plutôt que sur la victoire militaire, est assez évident lorsque l’on compare la prière d’Al HaNissim avec le récit talmudique. Dans la première, la bataille victorieuse nous est racontée dans les moindres détails, tout comme le fait de « livrer les forts aux faibles, les plus nombreux aux moins nombreux ».

A la fin de la prière est mentionné l’allumage des « Lumières dans les parvis » du « Sanctuaire », sans spécifier qu’il s’agit du réallumage de la ménorah. Il se peut très bien que ces lumières aient fait partie des célébrations de Soukkot. Selon des descriptions dans la Mishna , une grande importance était accordée aux lumières durant cette fête. Dans le récit talmudique au contraire, la bataille est brièvement mentionnée tandis que le problème de l’insuffisance de la quantité d’huile pure nécessaire à l’allumage de la ménorah est longuement évoqué.

Afin d’insister encore davantage sur cette idée, est choisi, comme lecture prophétique, un passage de Zacharie décrivant la ménorah et contenant ces mots : « Ni par la force, ni par la puissance mais par mon esprit, dit l’Eternel » (4 :6).

Les messages de Hanoucca

Finalement, quel est le message, ou plutôt, quels sont les messages que l’on doit retenir de Hanoucca ?

Premièrement, le fait qu’il y a des moments où nous devons nous battre pour notre indépendance et le droit à vivre librement en tant que Juifs.

Deuxièmement, que nous ne devons pas permettre à la puissance militaire de devenir le but de notre existence. Troisièmement, que nos victoires ne dépendent pas uniquement de la force mais aussi du Droit et de la pureté de la cause que nous défendons.

Et enfin, que quelles que soient nos actions, c’est l’esprit et la lumière de Dieu qui prévalent dans ce monde et que nous sommes son partenaire pour nous en rapprocher.

Ceci constitue déjà en soi un miracle aussi important que celui de la fiole d’huile.

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