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Tel Aviv, ville à vivre

 

 

 

 

Tel Aviv, ville à vivre

 

 

ELÉONOR KLAR 

 

 

Entre dolce vita, clubs électro et autres gargotes, la ville israélienne offre aux visiteurs une qualité de vie inattendue. Découverte d’une drôle de bulle.

Ce qui saute aux yeux en arrivant à Tel Aviv, c’est le délabrement de ses façades, en contrepoint du caractère tempétueux de ses habitants, surnommés affectueusement « Sabra », du nom d’un fruit de cactus à la peau épaisse et piquante, mais au cœur sucré et doux. Une âpreté de surface, balayée après quelques heures passées dans celle qu’on surnomme – à juste titre – « la bulle ».

Du paisible quartier Bauhaus de Dizengoff, à l’agité marché du Carmel (Shouk HaCarmel), en passant par le quartier bohème-chic de Neve Tzedek, celui en devenir de Florentine, ou la plus traditionnelle ville de Jaffa, il est difficile d’imaginer que les derniers attentats et tirs de roquettes remontent à quelques mois. Certes, on est parfois retenus par une opération de déminage, et la norme est d’avoir une chambre-bunker dans son appartement. Mais les nouvelles du matin sont chassées par un après-midi à la plage, et les (rares) alarmes se diluent dans les décibels des clubs. Le réalisateur Nadav Lapid, remarqué en 2012 pour son long métrage Le Policier, explique : « Tel Aviv est conçue pour. Cette ville est fondée sur le détachement et le refoulement. » 

Et les Tel-Aviviens ne se privent pas de faire des étincelles. Si le repos du Shabbat est respecté par tous, c’est la seule sieste des fêtards. à Jérusalem, les femmes reçoivent des regards réprobateurs au moindre centimètre carré de peau dévoilé, mais ici, le port du bikini en ville est banal. Et la gay pride annuelle est désormais l’une des plus courues au monde. Dans la rue, les couples de garçons ou de filles ne se cachent pas pour se tenir la main ou pour monter des business, comme l’ultra-cool restaurant lesbien Joz Ve Loz. C’est la dolce vita en version hébraïque sous-titrée. On y parle toutes les langues puisque des Juifs du monde entier y font leur aliyah – un terme signifiant « élévation spirituelle », et qui désigne l’immigration en Terre sainte.

Nombreux également sont les non-Juifs qui s’installent à Tel Aviv par amour de la qualité de vie (ou d’un Israélien rencontré en vacances). Musées et monuments majeurs, comme la fontaine du pionnier de l’art cinétique Yaacov Agam, restaurants, boutiques ou bars, tout est à quelques pas, que l’on fait avec entrain après un jus de fruit frais attrapé dans l’un des nombreux kiosques en plein air. Le soir, après un dîner à rallonge sous les figuiers au centre de danse contemporaine, ou dans la vieille ville de Jaffa, on pousse la porte de service d’une sandwicherie branchée pour entrer dans un club électro, ou celle d’une quincaillerie pour découvrir un bar alternatif.

Dans un pays où l’on vous demande votre religion plus souvent que l’heure, et où tout est politique, les nouveaux Tel-Aviviens choisissent de dépasser les conflits. Ainsi les créateurs de mode Muslin Brothers présentent leurs silhouettes colorées et sportives sur des mannequins masqués. « Nous voulions éviter que les gens sachent qu’il s’agissait de femmes ou d’hommes, de Juifs ou d’Arabes », expliquent Tamar Levit et Yaen Levi. Au propre comme au figuré, le climat est lourd, mais il souffle toujours une brise de fraîcheur. La cité, centenaire depuis quelques années, semble plus en forme que jamais. Le plus ardu à Tel Aviv, c’est de quitter la bulle… puisque les procédures de sécurités de l’aéroport Ben Gourion prennent environ trois heures.

ADRESSES

Abu Hassan. Pas de menu, mais une spécialité, le houmous, avec ou sans œuf, pimenté ou nature, qui se déguste tiède sur une pita fraîche ou un oignon blanc.Shivtei Israel 18

Suzana. Le coq perché sur le gigantesque figuier, les kubbe burgul (petits chaussons frits à la viande enrobés de boulgour), les boissons aux amandes, les feuilletés aubergine-fromage de chèvre, la gentillesse du personnel, on aime tout.Shabazi 9

Port Said. Ici, la musique se joue sur des platines vinyles et la cuisine égyptienneest préparée en live. S’asseoir au bar pour trinquer à l’arak avec les cuistots et les serveurs. Har Sinai 2

Joz Ve Loz. Pas d’écriteau ni de devanture pour repérer la cour arborée dans laquelle se niche ce petit bijou à la déco simple mais raffinée. Les vins y sont délicieux et la cuisine du marché réinvente les classiques méditerranéens comme les feuilles de vigne (géantes).    Yehuda Halevy 51

Puaa. C’est l’institution de Jaffa, autant pour sa terrasse ombragée que pour ses assiettes (chinées) et bien remplies. On y trouve la meilleure salade de tomates au monde et des schnitzels (escalopes panées), parmi les plus réputés de la ville. Rabi Yohanan 3

Deli. À l’avant, une petite sandwicherie succulente et, derrière une discrète porte,un club qui invite des DJs prometteurs, locaux ou internationaux. Allenby 47 The Block. Situé dans un recoin sulfureux de la nouvelle gare, ce club fait jouer le meilleur de l’électro underground. Salame 157

I Heart Tel Aviv est en kiosques et sur www.iheart-magazine.com

Eléonor Klar

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