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Tunisie: entre barbe, voile et modernisme, par Claude Sitbon

Tunisie: entre barbe, voile et modernisme, par Claude Sitbon

 

 

 

Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, Mohammed Bouazizi s'immolait par le feu. Cet acte qui aurait pu être un simple fait divers, va déclencher un vent de révolte qui amènera la chute du président Ben Ali et s'étendra à tout le monde arabe. Ce fut ce que l'on a impunément appelé "le printemps arabe".

Il faut rappeler le rôle important que la femme tunisienne a joué dans ces évènements, héritière en cela des enseignements du président Bourguiba. Les élections qui eurent lieu en Tunisie menèrent contre toute attente à la victoire du parti islamiste Enahda. Un comité de Sages avait été constitué pour préparer la Constitution (Destour en arabe).

La Constitution fut une réussite parce qu'elle imposa l'Etat de droit, unique dans le monde arabe, avec des règles destinées à éviter une dictature autocratique. Un autre point important – l'Etat s'engage à protéger les droits acquis des femmes. Enfin, la nouvelle constitution a réduit les prérogatives du président de la République, élu au suffrage universel direct. Son rôle se réduira à "inaugurer les chrysantèmes".

Ce furent trois ans de cheminement démocratique cahoteux; ils furent surtout marqués par deux assassinats politiques: Chokri Belaid et Mohammed Brahimi, autour desquels les forces démocratiques organisèrent de grandes manifestations.

Ce 26 octobre auront lieu les élections législatives qui mèneront aux urnes 5,2 millions de Tunisiens, pour élire 217 députes. Le 23 novembre auront lieu les élections présidentielles. En fait, lors de ces élections vont s'opposer deux grandes tendances – le parti Nidda Touness, que l'on qualifierait de bourguibiste, et le parti Enhada, le parti islamiste. A la tête du parti Nidda Touness, on trouve un homme nouveau et vieux à la fois, Beji Caid Esebsi. Nouveau car il a réuni autour de lui beau coup de tendances et vieux car cet avocat a déjà été ministre de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et Premier ministre. Sa riche expérience est un avantage et son âge avance est un inconvénient.

La situation économique de la Tunisie est telle aujourd'hui qu'aux yeux de très nombreux économistes, elle est "le tigre de la Méditerranée". Les observateurs sont d'accord pour reconnaitre que le slogan des démocrates pourrait être une réalité "Nos martyrs ne sont pas morts pour une nouvelle dictature".

Qui gagnera ces élections – le voile, la barbe et la charia ou les modernistes auront-ils le dernier mot. Ce qui est sur c'est que ces élections ont une signification particulière pour tout le monde arabe.

Claude Sitbon, sociologue et spécialiste du judaïsme tunisien.

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