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Tunisie: HRW s'inquiète de l'impunité des "extrémistes religieux"

 

Tunisie: HRW s'inquiète de l'impunité des "extrémistes religieux"

 

Mus par un sentiment d'impunité, les islamistes radicaux tunisiens ont choisi l'action pour imposer leur ordre moral. Le politologue Ahmed Manaï, ancien proche du mouvement Ennahda, le parti au pouvoir, et de son leader, Rached Ghannouchi, estime que «Les rapports d'Ennahda avec les chefs salafistes sont au beau fixe, dit-il. Quand il arrive qu'Ennahda condamne une action des salafistes, elle condamne rarement, sinon jamais, les auteurs et cherche même à leur trouver une justification. En fait, Ennahda a toujours cherché à avoir un mouvement plus extrémiste qu'elle pour prouver sa modération et son pacifisme aux yeux de l'opinion.». L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé lundi l'impunité de ces "extrémistes religieux" responsables d'attaques ces derniers mois en Tunisie, estimant que l'absence de poursuites judiciaires risque de "les encourager à être plus violents".

"Les autorités tunisiennes devraient enquêter sur une série d'agressions commises par des extrémistes religieux dans les dix derniers mois et traduire les responsables en justice", estime l'ONG dans un communiqué. 

"L'échec des autorités tunisiennes à enquêter sur ces attaques renforce l'impunité des extrémistes religieux et peut les encourager à être plus violents", met-elle en garde. 

L'organisation rappelle avoir demandé en juillet dans un courrier aux ministères de l'Intérieur et de la Justice d'enquêter sur six attaques contre des militants politiques, des intellectuels et des artistes. 

La lettre concernait notamment des agressions dont ont été victimes un professeur d'art dramatique, Rajab Magri, attaqué en octobre 2011 et à nouveau le 25 mai 2012, un militant de la société civile, Jaouhar Ben Mbarek, frappé le 21 avril, ou encore une journaliste, Zeineb Rezgui, molestée le 30 mai à Tunis. 

Aucune avancée sur ces affaires n'a été annoncée, si bien que HRW relève que "l'absence apparente d'enquêtes judiciaires, sans parler de poursuites, ne peut qu'accroître le sentiment de vulnérabilité de ceux qui attirent la haine de ces gangs".

Par ailleurs, l'ONG rappelle que d'autres actes de violences ont eu lieu depuis, visant notamment des festivals, à l'instar de l'attaque le 16 août à Bizerte (nord) d'une manifestation culturelle par quelque 200 militants salafistes, qui a fait cinq blessés. 

L'opposition tunisienne accuse régulièrement le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda de faire preuve de complaisance à l'égard de groupes religieux violents, la plupart des incidents n'ayant donné lieu à aucune arrestation. 

Les autorités ont néanmoins placé en détention près d'une centaine de militants islamistes accusés d'avoir participé à l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis qui avait fait quatre morts le 14 septembre.

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