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Tunisie : La recette de René Trabelsi pour relancer le tourisme

Tunisie : La recette de René Trabelsi pour relancer le tourisme 

 

 

René Trabelsi, Directeur général de Royal First Travel (RFT), Tour Opérator français spécialisé dans la destination Tunisie, et particulièrement, du pèlerinage d’Al Ghriba, brosse le bilan de l’activité touristique, deux ans après la révolution. D’après lui, une politique d’ouverture est une obligation pour que la destination Tunisie trouve sa place qu’elle a perdue sur le marché européen. Interview

 

Comment évaluez-vous la situation actuelle de la Tunisie ?

Au début, il est important de souligner que les Européens sont encore réticents à l'égard de la Tunisie, sachant que, pendant la première année, ils ont donné un capital de sympathie pour des citoyens demandant la liberté, la démocratie et débarrassé du système dictatorial. Cependant, ce capital a été malheureusement perdu, vu que la situation en Tunisie n’a pas évolué positivement de même que son image surtout au niveau sécuritaire. L’image de la Tunisie a pris un coup terrible surtout du fait des médias européens en raison d’événements qu’a connus la Tunisie. On cite également l’attaque contre l’ambassade américaine et les événements violents de Siliana.

 

Qu’en est-il du secteur touristique alors ?

Tous ces événements ont fortement touché l’image de la Tunisie et surtout notre secteur touristique. Aujourd’hui, on n’arrive pas à avancer.

Malgré les prémices de la relance annoncée à maintes reprises par le ministère du tourisme…

A chaque fois qu’il y a une petite reprise sur la destination, il y a toujours un événement qui bloque cette reprise. Et c’est très grave, puisque que les touristes cherchent toujours la stabilité et la sécurité et non plus le statut politique du pays.

On cite comme exemple le cas de la Chine, visitée par des millions des touristes qui ne cherchent pas à comprendre le statut politique, mais ils cherchent à visiter le pays et passer des vacances.

Aujourd’hui et au niveau tourisme, l’image du pays doit évoluer immédiatement.

Que faut-il faire alors ?

Les efforts devraient se concentrer sur la communication tunisienne. Le peuple tunisien doit comprendre que si le pays veut faire revenir les touristes, il est temps d’assurer la stabilité sociale, politique et sécuritaire, et ce avec quelques déclarations politiques positives vis-à-vis des demandes extérieures.

A cela s’ajoutent quelques ouvertures et quelques opérations qui doivent être faites par l’administration touristique, à savoir les opérations de marketing, des invitations de gens de médias, de showbiz et de la communication ainsi que des agences de voyage et des tour-opérateurs importants de différents pays de l’Europe, particulièrement le marché français qui a beaucoup régressé.

Il y a une saison qui va commencer en avril prochain, et c’est le temps de travailler pour relever ce challenge. Et c’est le temps de réunir toutes les conditions. Il faudrait que, d’ici le mois de mars, il n’y aitaucun événement de perturbation qui pourrait bloquer le retour du tourisme.

 

Quel sera le rôle des professionnels dans ce processus ?

Leur rôle est d’accompagner l’administration. Aujourd’hui, il n’y a pas des contacts entre cette dernière et les professionnels du métier.

Malheureusement, aujourd’hui, les actions sont très minoritaires. Ceci explique déjà les récents événements qui ont bloqué la communication sur le secteur touristique.

Les professionnels doivent entreprendre des opérations de communication et d’invitation et organiser des rencontres spécialisées pour que l’image de la Tunisie commence à circuler positivement parmi les Occidentaux.

 

Quelle est la date exacte de la relance touristique ?

Je pense qu’on est à trois mois des grandes vacances de mois d’avril. Il s’agit du bac européen. Il faudrait, dès le début de ce mois, que l’on commence à travailler pour préparer ladite saison. Je suis optimiste quant à la période à venir et je pense que 2013 sera une année importante pour la Tunisie.

 

Pourquoi ?

La Tunisie ne pourra pas se permettre de perdre une troisième année négative au niveau touristique. Ca sera très difficile pour les professionnels du métier, en butte à une situation très délicate. Et quand on dit un hôtelier en difficulté, la qualité de service sera donc, énormément baissée. Chose qui nuira sans doute à la prestation vis-à-vis des touristes, à un moment où tout le monde cherche à relever la qualité de service.

Il faut, dès maintenant, travailler pour préparer la prochaine saison, jugée difficile surtout avec la crise que vit actuellement l’Europe, pour que la Tunisie retrouve la place qu’elle a perdue sur le marché européen.

Des bruits ont circulé ces derniers temps, selon lesquels, le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali avait proposé de vous nommer au ministère du Tourisme et que cette proposition a été rejetée par les extrémistes du mouvement Ennahdha. Votre réaction ?

Honnêtement, ils ne m’ont rien demandé. Cependant, le soutien de la Tunisie n’est pas uniquement tributaire du fait d’être nommé ministre. En tant que professionnel, mon objectif réel via Royal First Travel (RFT), est de promouvoir la destination.

 

Deux ans après la Révolution, comment appréhendez-vous la place des tunisiens juifs ?

La position d’un tunisien juif est la même qu’un autre tunisien musulman. C’est tout simplement l’inquiétude, l’incertitude malgré les atouts de la révolution comme l’ouverture vers la liberté.

 

Les préoccupations de la communauté juive en Tunisie ?

C’est la même préoccupation de tous les Tunisiens. Les Tunisiens juifs, dans leur majorité, opèrent dans le secteur de la bijouterie et dans d’autres métiers au moment où le commerce n’est pas très florissant. C’est donc, une inquiétude sociale.

Des moments sont difficiles certes, mais l’avenir sera meilleur. Les juifs tunisiens ont un intérêt important pour que le pays puisse trouver sa place et avance très rapidement.

 

Votre rôle alors pour relancer l’activité et promouvoir le climat d’affaires ?

En tant que tour-opérateur, notre souci est de soutenir la Tunisie dans ces moments difficiles. Je pense que le rôle essentiel de chaque investisseur tunisien opérant à partir de l’étranger, est d’aider un pays en transition et de trouver des solutions appropriées pour les différents problèmes.

Notre rôle est d’avoir le soutien du gouvernement au pouvoir pour participer à la relance de notre économie.

 

Quelle différence y a-t-il entre la Tunisie de Ben Ali et celle de la révolution ?

La différence entre le passé et ce que nous vivons aujourd’hui est bien évidement l’instabilité sécuritaire.

Pour ce faire, il est temps de fixer la date des élections pour calmer le peuple et convaincre nos partenaires.

Je pense que la Tunisie aura des beaux jours devant elle. Personnellement, je crois beaucoup aux Tunisiens qui veulent que la Tunisie soit moderne, tolérante et libre.

 

Revenons au secteur du tourisme, comment vous voyez son avenir ?

Pour relancer l’activité touristique, il y a beaucoup de travail. Il est temps de miser sur la formation des jeunes dans divers métiers et essayer aussi d’opter pour la qualité de service dans le secteur hôtelier, aérien etc.

Il est important de promouvoir le produit saharien en mettant en place des gens capables de trouver les meilleures solutions.

Je suis sûr que la Tunisie est capable de retrouver sa place dans les pays les plus touristiques.

 

Votre message au gouvernement pour relever ce défi et réussir à attirer des nouveaux marchés ?

Il faut avoir une politique d’ouverture. Le pays ne doit pas s’enfermer. Au contraire, il doit avoir une ouverture vers l’Occident en essayant de toucher tous types du tourisme que ce soit européen, asiatique ou maghrébin.

Il faut créer des antennes plus puissantes pour augmenter le nombre des visiteurs vers la Tunisie. Ceci ne se fera qu’à travers la promotion de l’image de la Tunisie.

 

Selon les prévisions, 10 millions des touristes sont attendus en Tunisie à l’horizon 2016. Qu’en pensez-vous ?

On n’est pas obligé d’attendre 2016 pour réaliser cet objectif. Si on a une bonne politique extérieure, on est capable de faire beaucoup plus.

Wiem Thebti

AfricanManager

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