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Tunisie : Les dindons de la chakchouka politique, par Dr Samir Saidi

 

Tunisie : Les dindons de la chakchouka politique

 

 

Notre chakchouka politique aux légumes pourris et à la viande avariée est bonne à jeter. Il ne nous reste plus qu’à faire appel à la fraicheur des jeunes pour bâtir un vrai nouveau modèle politique et social tunisien, ni à l’occidentale ni à la wahhabite, pour répondre aux vraies aspirations populaires. Dr Samir Saidi

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La fresque politique en Tunisie après la chute du dictateur, et je dis bien la chute du dictateur et non de la dictature, me fait curieusement penser à un célèbre plat tunisien appelé chakchouka. Pour comprendre ce parallèle, rappelons brièvement ce qu’est la chakchouka. C’est un plat coloré et épicé qui réunit tous les Tunisiens, les riches comme les pauvres. Ce plat est programmé dans le menu du jour, si généralement l’envie ou le temps nous manquent pour préparer un bon plat traditionnel comme une mloukhia ou un couscous qui demandent beaucoup d’efforts et de temps à mijoter. On pense à faire une chakchouka aussi si les réserves de la maison sont épuisées et qu’il nous reste que quelques oignons, quelques tomates et quelques poivrons ratatinés au fond du couffin. Tout ça est généralement balancé sur une poêle ou une plaque bien huilée et en quelques minutes on est servi et tout le monde est satisfait.

Le chef cuisinier Ben Ali s’est enfui, il faisait le menu politique du jour à son goût dans la marmite Tunisie et dressait la table royale dans un service en or à sa famille et à sa cour, tout en épuisant toutes les réserves militantes et intellectuelles du pays.

La grande famille du peuple tunisien avait faim et soif de politique après un réveil difficile qui a succédé à des années d’hibernation et d’endormissement par le foot et le Mornag.  Devant ce vide et cette urgence, les nouveaux maitres de maison se trouvaient dans l’obligation de préparer le premier plat politique au peuple. Ainsi toutes les conditions étaient satisfaites pour n’avoir qu’un seul choix : la chakchouka. 

Dès lors on a commencé à sortir les vieux légumes du fond du couffin, quelques vieux poivrons ratatinés soit disant « dustouristes » comme M. Ghannouchi, F. Mbazaa et Beji Caid Essebsi pour assurer une certaine transition, quelques vieillies tomates rouges gauchistes progressistes comme Hamma Hammami, Néjib Chebbi pour former une opposition, et de vieux oignons larmoyants de la ligue des droits de l’homme comme M. Marzouki et M. Ben Jaafar qui ont vendu leurs âmes au diable et se sont avérés plus blets que tous les autres. Tout ça a été mis sur un pays à plat et épicé, huilé et cuit sur la flamme révolutionnaire. Mais comme l’attente était grande et le mets populaire pas assez consistant, les nouveaux chefs cuisiniers ont rajouté a cette chakchouka, un ingrédient qui ne manque pas de consistance et de goût pour enchanter les papilles : Les Boulahya.

Ce gros dindon qu’on a engraissé et bien gardé entre Londres et Bouchoucha, malgré son glougloutement désagréable,  est prêt enfin à être sacrifié pour les intérêts des nouveaux chefs.

Ces soldats de Ibliss de bas de gamme, qui ont dévié le message d’Allah et souillé l’étendard de l’Islam sous leurs pieds et leurs djellabas, ont toujours été dans l’histoire contemporaine les dindons de la farce des occidentaux pour servir leurs intérêts géostratégiques et idéologiques.

Engraissés par la bonne cause et sacrifiés pour en faire un ennemi idéal qui permet a l’occident de vendre sa sauce a tout le monde, briser tout élan de progrès dans les pays musulmans et salir l’image de l’islam, sérieux concurrent de leur héritage judéo-chrétien.

C’était le cas en Iran quand l’ayatollah Khomeiny, engraissé à Paris par la bonne cause de la lutte contre la dictature du Shah, a été sacrifié en 1979 en bâtissant la première république satanique.  Ce dessin a brisé toute vision d’un vrai état islamique à l’image de la khilafa de Omar ibn al-Khattâb, qui en mangeant du pain et de l’huile et en dormant parterre, a bâti un vrai état progressiste, social et juste basé sur les préceptes de l’islam et qui a fait chuter deux des plus grands empires de l’époque, le romain et le perse.  

C’était le cas également en Afghanistan quand les djihadistes, engraissés par la lutte contre l’ennemie athée communiste, ont été sacrifiés le 11 septembre 2011 pour frapper définitivement l’image de l’islam, en l’associant à la violence et à la barbarie, et donner un bon prétexte pour établir le nouvel ordre mondiale porté par la lutte antiterroriste. Ainsi l’occident a fabriqué un ennemi à son image pour peut être faire oublier sa propre barbarie sur laquelle a bâtit sa civilisation, en commençant par l’esclavage et la traite négrière en passant par la colonisation et le génocide des autochtones d’Amérique du nord et du sud.

En revenant à notre chakchouka tunisienne, on constate que le même schéma se reproduit et que le dindon engraissé entre les geôles de Ben Ali et l’exil londonien et parisien par la lutte contre la dictature, a été sortie pour le sacrifice après le 14 Janvier 2011 et pour jouer son rôle habituel: briser l’élan du peuple tunisien et ses aspirations à la liberté, le progrès, la dignité, la justice et la solidarité et briser encore une fois l’image de l’islam porteur de toutes ces valeurs.  

Mais a présent le refrain de la chanson est connu et la dinde a dépassé sa date de péremption et sa viande est à présent non valide à la consommation. Ainsi notre chakchouka politique aux légumes pourris et à la viande avariée est bonne à jeter à la poubelle de l’histoire et laissera certainement  la famille tunisienne sur sa faim.

La seul issue reste alors que tous les membres de la famille se retroussent les manches, travaillent leurs terre, ramassent  les récoltes fraiches de leurs dur labeur et fassent appel au génie de tous ces jeunes créatifs pour faire une cuisine au goût du peuple.  Autrement dit jeter toute cette classe politique avec ces représentants et ces idéologies périmées et faire appel à la fraicheur et à la créativité des jeunes pour bâtir un vrai nouveau modèle politique et social tunisien, ni à l’occidentale ni à la wahhabite, et qui puisse répondre aux vraies aspirations populaires.

                                                                                                                                   Samir Saidi  

 

Tunisie : Les dindons de la chakchouka politiqu

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