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Tunisie : les islamistes d’Ennahda en tête

 

Tunisie : les islamistes d'Ennahda en tête

 

Par Europe1.fr avec agences

 

Le parti revendique près de 40% des voix et les premières tendances confirment son avance sur les autres partis.

Les résultats définitifs et officiels ne devaient pas être annoncés avant mardi par la Commission électorale (Isie) mais les premières tendances et déclarations confirment la percée d'Ennada. Samir Dilou, membre du bureau politique du parti islamiste Ennahda, a assuré lundi à l'AFP qu'il s'attendait à ce que sa formation obtienne "environ 40% des voix" à l'Assemblée constituante. "On n'est pas très loin des 40%, ça peut être un peu plus un peu moins, mais on est sûr de l'emporter dans 24 (des 27) circonscriptions" du pays, a assuré Samir Dilou, citant "les propres sources" de son parti.

Un autre dirigeant du mouvement, sous couvert de l'anonymat, a indiqué à l'AFP que son parti obtiendrait "entre 60 et 65 sièges" sur les 217 que comptera la future Assemblée constituante. Celle-ci aura pour mission de désigner un gouvernement provisoire et de fixer la date d'élections législatives et présidentielle.

Victoire chez les Tunisiens de l'étranger

Quelques heures plus tôt, la radio nationale tunisienne avait annoncé qu'Ennahda sortirait largement vainqueur des élections à l'Assemblée constituante, rapporte Le Figaro. A Sfax, deuxième ville du pays, il obtiendrait 40% des voix, d'après un échantillon représentatif. Dans la circonscription de Ben Guerdane (sud), frontalière avec la Libye, il réaliserait un score de 56%.

Ennahda serait aussi plébiscité par les Tunisiens de l'étranger. Selon des sources proches du Pôle démocratique moderniste (PDM) et du politologue Hamadi Redissi, sur les 18 sièges de l'Assemblée constituante dévolus aux Tunisiens de l'étranger, les islamistes en obtiendraient 8. Ennahda serait suivi par le parti Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés) et le parti du Congrès pour la République (CPR), qui obtiendraient chacun quatre sièges. Les deux restants reviendraient au PDM.

Bataille pour la deuxième place

Derrière Ennahda, deux partis semblent se disputer la deuxième place : le mouvement Ettakatol (gauche) de Mustapha Ben Jaafar et le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) de Moncef Marzouki. "Nous aurons autour de 15% des suffrages, ce qui se traduirait par un minimum de 30 sièges selon des statistiques à l'échelle nationale", a déclaré à l'AFP Khalil Zaouia, numéro 2 d'Ettakatol. La surprise est venue en revanche de la défaite du Parti démocrate progressiste (PDP, centre gauche), formation historique tunisienne qui s'est posée pendant toute la campagne comme principale force alternative à Ennahda.

Même son de cloche du côté du CPR. "On espère être les seconds", a indiqué à l'AFP Moncef Marzouki, dirigeant du CPR crédité de 15 à 16% des suffrages, selon des estimations concordantes. "De toute façon, ce qui compte, c'est que nous avons désormais une véritable cartographie politique. Le peuple tunisien a assigné à chacun son poids", a déclaré à l'AFP l'ancien opposant en exil à Ben Ali.

Plusieurs partis reconnaissent leur défaite

"C'est clair qu'Ennahda devance tout le monde dans la grande majorité des circonscriptions", a reconnu Adel Chaouch, membre du bureau politique d'Ettajdid (gauche). Le Parti démocrate progressiste (PDP), parti tunisien du centre-gauche donné deuxième par les sondages avant le vote, a de son côté reconnu sa défaite. "Les tendances sont très claires. Le PDP est mal positionné. C'est la décision du peuple tunisien. Je m'incline devant ce choix. Je félicite ceux qui ont obtenu l'approbation du peuple tunisien", a confié à l'AFP Maya Jribi, la secrétaire générale du PDP. Elle a par ailleurs indiqué que sa formation se rangerait dans le camp de l'opposition si les islamistes d'Ennahda conduisait la majorité.

La victoire d'Ennahda, si elle se confirmait, n'étonnerait pas non plus Radhia Nasraoui, candidate du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), opposante historique à Ben Ali. Au micro d'Europe 1, elle évoque le manque d'expérience démocratique des Tunisiens : "C'est la première fois qu'ils votent. Les gens, même devant les bureaux de vote, ne savaient pas pour qui voter. Ennahda a beaucoup utilisé la religion, et on sait que dans les milieux pauvres cela marche très bien".

Elle reproche au parti d'être allé trop loin, en menaçant, selon elle, les Tunisiens : "Dieu vous punira si vous ne votez pas Ennahda". Mais surtout, Radhia Nasraoui pointe du doigt ses "moyens financiers énormes, venant des pays du Golfe. Ils ont acheté des voix, offert de la nourriture pendant des mois".

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