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Tunisie : sousse, la belle meurtrie panse ses plaies

Tunisie : sousse, la belle meurtrie panse ses plaies

 

 

Juché sur son scooter, il zigzague à travers les voitures qui déferlent sur le littoral en ce samedi suffocant. Impossible de rater ce Soussien d'une vingtaine d'années. Il arbore fièrement un T-shirt rouge, barré d'une inscription blanche, les couleurs du drapeau tunisien. Le message se veut limpide en cette période sombre : "Sousse never dies" (Sousse ne meurt jamais).

À l'image de ce pilote intrépide, les habitants de la troisième cité du pays tentent de rester debout, de regarder vers l'avant, trois semaines seulement après l'attentat qui a coûté la vie à 38 touristes étrangers, attaqués à la kalachnikov sur la plage de leur hôtel par un étudiant se revendiquant de l'État islamique (EI). Les conversations tournent rapidement autour de ce drame que personne ne peut oublier. "On n'avait jamais vécu ça ici. On vit normalement, même si ça fait mal au coeur. Ce genre de chose ne se produit pas seulement en Tunisie, il y en a aussi en France. Inch'Allah que ça s'arrête bientôt", espère un fringant sexagénaire, croisé du côté du siège du club de football local, l'Étoile Sportive du Sahel, adversaire de l'OM hier soir

"Pas en insécurité"

Quelque chose a changé, pourtant, dans ce pays qui vient d'essuyer deux attaques terroristes en l'espace de trois mois. "Même s'il y en avait déjà beaucoup après l'attaque du Bardo (le 18 mars, 22 morts), il y a davantage de présence policière, désormais. Récemment, je suis allée chercher ma fille à Monastir. Il y avait énormément de forces de l'ordre sur les ronds points", confie Hélène. 

Originaire de Bourg-en-Bresse, cette chef d'entreprise est installée à Sousse depuis six ans. Elle continue de vivre normalement sans la moindre crainte. "Je côtoie plus de Tunisiens que de Français, et la majorité d'entre eux est contre la montée de l'intégrisme, poursuit-elle. Je ne ressens pas le moindre changement. Je ne me sens pas en insécurité. Ma fille, restée en France, vient tout le temps me voir !"

Hier, au lendemain de l'Aïd el-Fitr qui scelle la fin du ramadan, les Soussiens n'ont pas dérogé à leurs habitudes. Plage pour les familles en quête de fraîcheur, médina pour d'autres. Sur le sable fin, les locaux plongent dans une eau cristalline. "Il n'y aura personne aujourd'hui, se lamente l'employé du QG, la plage privée d'un restaurant. Les gens sont repartis ou ne viennent plus. Il n'y a que des Tunisiens." "Regardez : deux touristes !, sourit, un peu plus loin, Mohamed, installé au pied d'un bunker hérité de la Seconde Guerre mondiale. Mais c'est vrai, il y en a beaucoup moins qu'avant."

L'avant 26 juin, certains rechignent à en parler, par pudeur. Ce n'est pas le cas de Sabri, commerçant dans la médina où les ruelles escarpées sont autant ombragées que désertes.

"On n'a rien, on va bientôt mourir !"

Il entend lancer un cri d'alarme, lui qui vit du tourisme et dont les revenus fondent à vue d'oeil avec le départ des vacanciers. Rien que sur Sousse, les conséquences de cet exode se révèlent terribles : 4 000 personnes seraient aujourd'hui au chômage. "On n'a rien, on va bientôt mourir, assène-t-il avec vigueur. Pas de tourisme, pas de business. Les touristes sont nos amis. Mais ils nous oublient vite dès qu'il y a un accident. Ce n'est pas de notre faute ! On n'est pas des Arabes, on est à moitié européens. La Tunisie, ce n'est pas l'Irak. Il faut venir !"

 

Certains Tunisiens installés sur le Vieux continent hésitent à l'heure de prendre leur billet pour le retour au bled. "Ma soeur, qui vit à Londres, a peur de rentrer", témoigne Foued. "L'impact sur l'économie locale est très important, insiste Hélène. Sur ma page Facebook, je fais donc de la pub pour tous les hôtels !" À l'image de cette dynamique Burgienne, beaucoup se démènent pour que Sousse ne rime plus avec frousse, que l'avenir redevienne radieux. Le chemin s'annonce extrêmement long.

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Les touristes sont nos Amis et ils nous oublies vite , des qu il y a un accident , monsieur Sabri , 38 morts et vous appeler ca un accident ? et vous n etes pas des arabes ? ca c est tout nouveau . Et Helene qui fait de la pub sur sa page facebook pour les hotels . Helene qui ne frequente que des tunisiens et pas d europeens , vous etes bien francaise helene .

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