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Tunisie : Victoire posthume de Bourguiba ? Par Andre Nahum

Tunisie : Victoire posthume de Bourguiba ?

 

Alors que le monde arabe est dans une situation particulièrement difficile, les électeurs tunisiens ont voté sage et utile. En mettant en tête le parti laïque Nida Tounès de Beji Caid Essebsi devant Ennahda, ils ont voulu montrer leur maturité politique,  tourner le dos à l’aventure et renouer avec l’héritage  de Bourguiba.

Trois ans  après s’être débarrassés  de la dictature de Ben Ali,  ils  ont donné un coup d’arrêt à l’islamisme dit « modéré » et ont su trouver le chemin de la démocratie.

Malgré la présence sur son sol d’une mouvance djihadiste agissante, liée à ses congénères du Moyen-Orient et de l’Afrique sub-saharienne, la Tunisie a évité de tomber dans l’anarchie et le désordre.

Ceci, elle le doit, non seulement à son degré de maturité, mais aussi, on doit le reconnaitre,  à l’habileté politique  de M. Ghanouchi, patron de EnNahda, qui, instruit par l’exemple déplorable de l’Egypte de l’après-Moubarak a tout de suite compris qu’il fallait  jouer  le jeu de la démocratie et durant ses trois années de pouvoir n’a pas commis l’erreur d’instaurer un régime ouvertement islamiste comme avait tenté de le faire au Caire, le président Morsi et a pris le risque d’accepter l’alternance.

Largement désavoué par le corps électoral, ce fin manoeuvrier a eu l’élégance de téléphoner le soir même à son rival Caid Essbsi pour le féliciter de sa victoire.

Mais ne disposant pas de la majorité absolue ; 83 sièges sur 217, contre 68 à Ennahda, Nida Tounès ne pourra pas gouverner tout seul. Il lui faudra trouver des alliés. Ira-t-il les chercher chez les deux autres partis laïques, ou préfèrera-t-il, étant donné la gravité de la situation économique et sociale , faire un front commun avec Ghanouchi . L’avenir proche nous le dira, mais on a bien l’impression que la majorité du peuple tunisien ne souhaite pas voir Ennahda revenir au pouvoir de quelque façon que ce soit.

Mais, il ne faut pas croire que les Islamistes et les salafistes vont brusquement disparaitre. Bien structurés, disposant d’une assise populaire certaine,  riches de l’argent qui se déverse sur eux à flots, ils pèseront encore longtemps sur la société et la vie politiques tunisiennes et attendront patiemment leur revanche

Autre problème, M. Caid Essabsi est agé de 87 ans. Sera-t-il lui-même le prochain premier ministre  ou cèdera-t-il la place à un homme plus jeune ?

L’œuvre à accomplir est immense : Renflouer l’économie, ranimer le tourisme qui est la principale richesse du pays, lutter contre le chômage, tenir compte du fait que le Tunisiens ont pris gout à la liberté et  que rien ne les fera revenir en arrière.

Le futur gouvernement devra aussi continuer à lutter contre le terrorisme, le djihadisme et l’obscurantisme avec encore plus de vigueur, redonner  au pays, le charme et l’attrait que nous lui avions toujours connu. Un pays de la douceur de vivre, « à nul autre semblable » chantait notre grand  Raoul Journo. 

Je vais vous faire une confidence. Au lendemain de l’Indépendance, dans l’euphorie de la société nouvelle que l’on nous promettait et dans laquelle nous, juifs, aurions notre place pleine et entière, je faisais  un rêve fou. J’avais  imaginé que la Tunisie serait  un jour un pont entre le monde arabe et Israél.

C’était hier !...

 

André Nahum

Radio Judaiques FM

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