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Tunisie : Voyage dans un pays en état d’urgence

Tunisie : Voyage dans un pays en état d’urgence

 

 

On croyait que cet acte criminel allait compromettre sérieusement la saison touristique dans le pays.

Il n’en a rien été, puisque la défection des touristes occidentaux a pu être comblée par les vacanciers algériens, venus en masse, et ce, malgré l’imposition d’une taxe à l’entrée de 15 euros pour chaque véhicule et la hausse des prix des services et des produits de consommation.

A première vue, rien n’indique que la Tunisie est sous état d’urgence depuis le mois de juillet.Un dispositif sécuritaire a été discrètement déployé pour sécuriser la capitale Tunis et toutes les zones touristiques.

Seuls des policiers armés de fusils automatiques sont postés au niveau des grands carrefours routiers et à l’entrée des hôtels et des sites touristiques.

Durant tout le trajet menant du poste-frontière d’Oum Teboul jusqu’à Tunis et Hammamet, nous n’avons rencontré aucun militaire ni barrage fixe de contrôle.

Les autorités tunisiennes entendent ainsi démontrer que l’état d’urgence instauré au début du mois de juillet dernier et prolongé jusqu’au 3 octobre ne vise pas à restreindre la liberté de mouvement et de rencontre des personnes. Dans les faits, rien n’a vraiment changé, les villes touristiques, y compris Sousse, sont particulièrement animées la nuit et les commerces et salles de spectacle demeurent ouverts jusqu’au petit matin.

Les plages autrefois réservées aux touristes étrangers sont également prises d’assaut à longueur de journée par les Tunisiens et leurs hôtes algériens.

Par ailleurs, des femmes se baladent en short sans être inquiétées ou importunées par qui que ce soit, d’autres accompagnées de leur progéniture se promènent tranquillement dans les rues.  Une fois de plus, les Algériens sont les plus en vue dans les villes touristiques de Hammamet, Nabeul, Sousse, pour ne citer que celles-là.

Ils sont visibles un peu partout et créent de l’ambiance chaque soir sur l’esplanade de Hammamet Yasmine au rythme de la musique raï. Au poste-frontière d’Oum Teboul, nous remarquons un afflux plus important de véhicules immatriculés en Algérie s’apprêtant à franchir ce passage en direction de la Tunisie.

On nous informe que le flux de nos compatriotes a connu un fort accroissement depuis le début de ce mois, atteignant plus de 8000 passagers par jour.

Certains louent des appartements individuels, d’autres s’établissent dans des hôtels haut standing, profitant des réductions consenties par les patrons de ces établissements habituellement occupés par des touristes étrangers. En revanche, les commerçants et certains prestataires de service semblent s’être donné le mot pour appliquer en même temps des prix plutôt prohibitifs.

A titre indicatif, le kilo de viande ovine est cédé à plus de 25 dinars tunisiens, l’équivalent de 1400 dinars algériens, alors que les raisins de table de moindre qualité se vendent à 180 DA le kilo ! Idem pour les parcs d’attractions et autres lieux de loisir dont les tarifs d’accès ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

Le billet d’entrée à l’Aquaparc de Nabeul, par exemple, coûte l’équivalent de 1500 DA par personne. L’autre point noir est l’apparition de comportements négatifs, comme la conduite anarchique des automobilistes tunisiens et la prolifération des vols à la tire.

En fait, l’image rassurante qu’offre le pays en ce moment cache mal les défis auxquels il fait face dans les domaines prioritaires. Une situation qui inquiète fortement les Tunisiens avec une réelle préoccupation pour l’avenir du tourisme international, compte tenu de la menace terroriste qui pèse sur le pays et des mutations que connaît la société tunisienne.
 

Ahmed Yechkour

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