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Un auteur jordanien : Les Arabes sont à la traîne dans tous les domaines, alors que le monde avance

Un auteur jordanien : Les Arabes sont à la traîne dans tous les domaines, alors que le monde avance

 

Le 6 janvier, le journaliste, écrivain et analyste politique jordanien Jihad Al-Mansi écrit dans le quotidien jordanien Al-Ghad, sous le titre « Attention, la voiture roule en marche arrière ! », que la société arabe se trouve au bas du classement mondial en sciences, culture, dans le domaine des droits de l’homme et de la femme et de la lutte contre la corruption. Il ajoute que le monde arabe traîne derrière le reste du monde qui avance rapidement et « nous a devancés de siècles, peut-être de millénaires ».

Appelant les Arabes à se réveiller, à endosser la responsabilité de leur situation et à arrêter de la faire porter aux autres, il affirme qu’ ils devraient investir leurs ressources financières et humaines dans le progrès des générations futures, car il n’est plus possible de rectifier le tir pour la génération actuelle. 

Extraits : [1]

Le monde se développe, au sens philosophique, scientifique, social, créatif, éducatif et culturel du terme ; il est sur le point de s’affranchir d’une mentalité arriérée basée sur le genre. C’est ce qui arrive dans les pays éloignés de notre région arabe. Là-bas, ils se développent sur le plan scientifique et culturel, se disputant la première position sur tous les plans. Dans le même temps, nous, dans cette région du monde, nous maintenons tout en bas, et certains de nos pays ne figurent même pas dans les classements. Les lauréats du prix Nobel de la paix, de médecine, chimie, physique, d’économie et de littérature incluent des gens de tous [les pays], mais nous, Arabes, en faisons rarement partie, et sommes la plupart du temps assis dans le public ou à regarder [les cérémonies de récompenses] à la télévision…

Notre seule façon de nous consoler est de nous remémorer et de nous rappeler [les chercheurs et philosophes musulmans tels que] Al-Razi, [2] Al-Farabi, [3] Ibn Sina, [4] Al-Kindi, [5] Ibn Rushd, [6] Ibn Khaldun, [7] et d’autres. Ce faisant, nous occultons le fait que la plupart de ces individus, dont nous nous enorgueillissons pour des raisons humaines et culturelles, n’étaient pas arabes, que la plupart d’entre eux ont été lapidés ou emprisonnés, et que certains ont vu leurs livres brûlés ou ont été accusés d’hérésie…

Notre problème ne se limite pas à [notre incapacité de gagner] un prix Nobel. Il se manifeste plus encore dans le fait que nous n’occupons de position respectable selon aucun indice ou indexe relatif à la liberté de pensée, aux droits de l’Homme, aux médias, au genre, à l’environnement, à l’eau ou à la guerre contre la corruption ; nos pays arrivent souvent derniers dans tous les domaines. Lorsque nous participons aux Jeux olympiques, nos pays défendent la devise « l’important est de participer ». Quand nous nous essayons à une médaille olympique, notre solution est d’accorder la citoyenneté aux athlètes [étrangers] pour ce faire. Nous ne sommes pas sur le podium des vainqueurs, et le cas échéant, notre représentation est minime. Nous célébrons chaque médaille d’or remportée par un insulaire des Comores comme s’il avait libéré Jérusalem. Le Kenya, la Guinée, la Sierra Leone ont remporté une médaille 10 fois et visent plus, alors que nous et nos 22 pays nous réjouissons [de n’en avoir gagné] qu’une seule. Ceci en dépit du fait que le revenu de certains de nos pays, et peut-être de tous, dépasse celui du Kenya, de la Sierra Leone et d’autres. Mais nos milliards sont gaspillés à l’achat de clubs [sportifs], tandis que nous nous abstenons d’investir dans [nos propres] ressources humaines, idéologiques et athlétiques. Nous régressons, au lieu de progresser, dans tous les domaines : nous échouons en sport, nous n’avons aucune présence dans les arts ; sur le plan politique, nous exécutons les ordres du jour des superpuissances et des grandes entreprises, tels des pions qui se déplacent ou se taisent conformément aux ordres reçus.

Sur le plan économique, nous ne sommes pas des États-providence ; sur le plan idéologique, nous sommes influencés, et non influents ; sur le plan humaniste, nous rejetons autrui au lieu de l’accepter. Nous accusons quiconque est en désaccord avec nous d’être un infidèle, et pensons que nous avons toujours raison et que le monde complote contre nous, sans jamais nous poser la question logique : Pourquoi le monde le ferait-il, vu que notre impact est nul dans l’entreprise mondiale, culturelle et humaine ?

Nous éludons la vraie réponse, et ne sommes pas capables de reconnaître que c’est nous qui complotons contre nous-mêmes, qui nous entre-tuons et versons le sang d’autrui au prétexte d’un héritage vieux de plus ou moins 1 500 ans, [prétexte] destiné à semer des conflits ethniques et religieux entre les courants et communautés… Messieurs, notre voiture avance en marche arrière, et ne se déplace pas vers l’avant ; le monde nous a devancés de siècles, peut-être de millénaires. Nous avons manqué le bateau de cette génération, et c’est irréversible. Nous réveillerons-nous et investirons-nous nos ressources financières et humaines à aider les générations à venir ? Le ferons-nous ?

Lien vers le texte en anglais

Notes :
[1] Al-Ghad (Jordanie), 6 janvier 2016.
[2] Abu Bakr Al-Razi (865-92) – philosophe persan qui écrivait en arabe et faisait partie des éminents médecins du monde musulman. [3] Abu Nasr Al-Farabi (872-950) – mathématicien, scientifique, médecin et philosophe musulman ayant également fait progresser la psychologie, la sociologie, la cosmologie, la logique et la musique. Il était connu comme le Second Maître, soit le deuxième dans le domaine des connaissances derrière Aristote.
[4] Abu Ali Hussein Ibn Al-Sina alias Avicenne (980-1035) – médecin, philosophe et scientifique persan, qualifié de « l’un des plus grands penseurs et chercheurs médicaux de l’histoire » par l’historien George Sarton.
[5] Abu Yousuf Al-Kindi (801-873) – philosophe arabo-musulman, mathématicien, musicien et médecin qui était appelé « le Philosophe des Arabes » et est considéré comme le père de la philosophie arabe et islamique.
[6] Abu Al-Walid Ibn Rushd, alias Averroes (1126-1198) – médecin et philosophe musulman. Né et ayant travaillé à Cordoue, Espagne, il était très influent dans la philosophie médiévale européenne.
[7] Abd Al-Rahman Ibn Khaldun (1332-1406) – éminent historien arabe et historiographe. Considéré comme l’un des pères de l’historiographie et de la recherche sociologique et économique.

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