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Un sondage américain : Ennahdha suscite la méfiance de 3 Tunisiens sur 4

Un sondage américain : Ennahdha suscite la méfiance de 3 Tunisiens sur 4

 

Le parti islamiste Ennahdha divise les Tunisiens et suscite leur mécontentement, indique un récent sondage réalisé par le cabinet américain Zogby Research Services, dont les résultats ont été présentés, le 8 octobre à Washington.

Par Imed Bahri

Zogby Research Services, un cabinet de sondage dépendant de l'Arab American Institute, a interrogé, entre le 4 et le 31 août dernier, 3.031 tunisiens âgés de 18 ans et plus afin de déterminer leurs attitudes vis-à-vis des développements en Tunisie depuis la révolution d'il y a deux ans et demi.

Electorat insatisfait, société polarisée

Les sondeurs n'ont pas été surpris de constater un électorat profondément insatisfait et une société extrêmement polarisée. Car, à certains égards, les divisions en Tunisie leur ont rappelé celles déjà observées en Egypte, lors d'un sondage similaire effectué par le même institut en mai 2013, juste avant le déclenchement des manifestations de Tamarrod, le 30 juin, qui ont abouti à la destitution, le 3 juillet, du gouvernement du président élu Mohamed Morsi

Comme en Egypte, une majorité de Tunisiens ont perdu l'espoir qu'ils avaient nourris il y a deux ans et demi.

Comme pour le gouvernement dirigé par les Frères musulmans en Egypte, celui conduit actuellement par Ennahdha en Tunisie a vu le soutien de la population à son égard diminuer considérablement et il suscite même aujourd'hui la méfiance de près des trois quarts de l'électorat.

Tout comme les Egyptiens, qui étaient mécontents du fait que le parti Liberté et Justice (affilié au mouvement des Frères musulmans) ait monopolisé le pouvoir, les Tunisiens craignent également qu'Ennahdha (affilié lui aussi au mouvement des Frères musulmans) monopolise le pouvoir dans leur pays.

Et comme ce fut le cas en Egypte pour le parti Liberté et Justice, Ennahdha a maintenant la confiance de seulement 28% des Tunisiens, et ce 28% est composé presque exclusivement de ses partisans. Alors que plus de 90% des sympathisants d'Ennahdha montrent un certain degré de soutien au gouvernement, plus de 95% du reste des Tunisiens (soit 72% de la population) ne le supportent plus.

Comme ce fut également le cas en Egypte avant la chute des Frères musulmans, 72% de l'électorat non islamiste en Tunisie est divisé entre un certain nombre de partis relativement faibles, aucun de ces partis n'étant capable d'avoir la confiance de plus d'un quart de la population adulte.

Le sondage Zogby Research Services relève, cependant, quelques différences réelles entre l'Egypte et la Tunisie. Car, contrairement aux Egyptiens, les Tunisiens n'attendent pas de l'armée qu'elle assure le changement qu'ils espèrent. En fait, la majorité des Tunisiens (53%) pensent que l'action de l'armée égyptienne était «incorrecte».

L'opposition tunisienne est composée d'une coalition de partis laïques auquel s'ajoute le mouvement syndical, très puissant dans le pays.

Tandis que les Tunisiens sont profondément préoccupé par le fait qu'Ennahdha ait toléré, pendant trop longtemps, les activités des groupes salafistes extrémistes – auxquels ils attribuent les assassinats des deux dirigeants politiques populaires de gauche –, il ressort du sondage que la peur de «l'islamisation» du pays n'est pas un facteur important dans le mécontentement du public à l'égard du gouvernement. En fait, le sondage indique clairement que la majorité des Tunisiens sont plutôt gênés par l'inefficacité du gouvernement et son incapacité à tenir les promesses politiques et économiques de la révolution.

 

Le pays va dans la mauvaise direction

Le sondage de Zogby Research Services montre également que :

- les deux tiers des Tunisiens estiment que leur pays va dans la mauvaise direction;

- moins d'un tiers des Tunisiens disent que le gouvernement a réussi à répondre à leurs préoccupations prioritaires comme l'élargissement des opportunités d'emploi, la maîtrise de la cherté de la vie et la protection des droits individuels et civiques;

- aucune des 11 préoccupations politiques identifiées dans le sondage n'a réussi à avoir l'accord d'une majorité de Tunisiens pour dire que le gouvernement a été efficace;

- près des trois quarts des Tunisiens disent que le gouvernement actuel est «dominé par Ennahdha» et n'est pas «une coalition équilibrée qui assure la modération» ;

last but not least, près des trois quarts pensent qu'Ennahdha n'est pas engagé dans «la réalisation des objectifs de la révolution».

Source : Arab American Institute. 

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