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Une carrière de rabbin ? Chômage à l’horizon

Une carrière de rabbin ? Chômage à l’horizon

 

 

Vous souhaitez embrasser une carrière de rabbin ? Avec la multiplication des écoles rabbiniques, peu de chances de décrocher un emploi dans le secteur

 

 

 

URIEL HEILMAN 

 

Trouver un séminaire ne devrait pas s’avérer bien compliqué. Entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000, quatre nouvelles écoles rabbiniques ont ouvert leurs portes aux Etats-Unis : la yeshiva libérale orthodoxe Chovevei Torah à Riverdale, New York; l’école d’études rabbiniques Ziegler (mouvement conservateur), à Los Angeles, et deux séminaires laïques, le Collège hébraïque, près de Boston et l’Académie pour la religion juive à Los Angeles.

Ironie du sort, ces écoles se placent désormais en concurrence pour réduire le recrutement du nombre d’élèves.

Entre le Collège hébraïque et les six écoles non-orthodoxes, le nombre d’étudiants admis a chuté de 28 % au cours de la dernière décennie, selon le rabbin Amber Powers, vice -président adjoint pour les inscriptions au Collège rabbinique reconstructionniste. En 2004, ces écoles admettaient 118 nouveaux étudiants en études rabbiniques. En 2013, on en compte seulement 84.

Si vous n’avez pas intégré l’un de ces établissements cette année, ne vous inquiétez pas : le personnel des admissions vous aidera à trouver des programmes pour améliorer votre culture hébraïque ou juive, de sorte que vous puissiez décrocher une admission à la prochaine tentative.

« Je souhaiterais proposer au mouvement réformiste d’intégrer davantage de rabbins – afin de répondre aux besoins des congrégations mais aussi d’avoir d’autres personnes titulaires d’un diplôme et qui puissent faire d’autres choses », affirme Rabbi Aaron Panken, le nouveau président du mouvement réformateur du Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, qui dispose de trois campus et admet environ 60 % des candidats au programme rabbinique.

Vous vous inquiétez de ne pas trouver d’école près de chez vous ? Effectivement, les seules villes américaines avec des écoles rabbiniques accréditées sont New York, Los Angeles, Philadelphie, Boston et Cincinnati. Mais vous pouvez désormais devenir rabbin en ligne ! En effet, Aleph, l’Alliance pour le Renouveau juif, propose un programme de formation à distance de cinq ans.

Seul le titre de « rabbin » vous intéresse ? Vous pourrez le décrocher en seulement deux semestres à l’institut en ligne Jewish Spiritual Leaders. Vous pourrez également suivre un séminaire international d’études rabbiniques dans un appartement de Manhattan.

Mais soyons sérieux. Si vous êtes à la recherche d’un établissement accrédité, vous devrez généralement prendre un engagement de quatre ou cinq années, dont une en Israël.

Vous avez de l’argent ? Le mouvement conservateur du Jewish Theological Seminary à New York, qui a assuré l’ordination de 14 rabbins cette année, vous coûtera environ 28 000 dollars par an, l’école Ziegler, à Los Angeles (17 rabbins cette année), 26 500 dollars. Le Collège hébraïque (14 rabbins), 25 000 dollars. Pour le Collège rabbinique reconstructionniste, à l’extérieur de Philadelphie (six rabbins), vous devrez débourser 21 000 dollars. HUC (35 rabbins), environ 20 000 dollars. Les aides financières et prêts étudiants sont monnaie courante.

Si vous êtes orthodoxe, vous aurez plus de chance. La Yeshiva Chovevei Torah (deux rabbins ordonnés ce printemps) n’impose aucun droit de scolarité et offre aux étudiants une « généreuse allocation » pour assurer leur frais de subsistance. Les séminaires théologiques dispensés par le rabbin Isaac Elhanan de la Yeshiva University, qui ordonne quelque 50 rabbins par an, sont également gratuits.

« Nous avons pour tradition séculaire de ne pas faire payer pour l’école rabbinique », a déclaré le rabbin Menachem Penner, doyen intérimaire de RIETS. « C’est le don de la Yeshiva University à la communauté. »

Mais fréquenter une école orthodoxe présente certains inconvénients, dont un engagement de l’étudiant à respecter les principes idéologiques de l’institution. RIETS, par exemple, a récemment explicité que l’établissement ne tolérerait pas que ses étudiants participent à des Minyans mixtes.

D’autres écoles prônent des valeurs différentes. JTC, par exemple, défend le principe d’égalité hommes-femmes. En effet, les deux sexes devront mettre les Téfilines chaque jour. Si vous êtes une femme orthodoxe, votre seule option reste la yeshiva Maharat, une école de New York fondée en 2009 et qui ordonne le clergé féminin orthodoxe.

Le séminaire du mouvement Reconstructioniste se veut moins précis quant à ses exigences.

« Nos exigences impliquent une immersion profonde dans les modalités juives », explique le rabbin Deborah Waxman, présidente du RRC. « Nous ne définissons pas ce à quoi ressembler une immersion juive ».

Avant d’aller plus loin, concentrons-nous sur le marché de l’emploi rabbinique. Les emplois les mieux rémunérés sont les chaires rabbiniques. Or ces positions restent difficiles à décrocher.

En dehors du milieu orthodoxe, le nombre de synagogues est en chute libre. En cause, les effets persistants de la récession, le désintérêt manifeste pour la religion organisée parmi la jeune génération juive et la réduction des populations juives dans les petites villes et villages. Quelques synagogues ouvrent leurs portes quand d’autres les ferment.

« Il n’y a pas d’emplois pour ces enfants », déplore le rabbin Ed Feinstein, qui enseigne à l’école rabbinique Ziegler et occupe la fonction de rabbin à la Valley Beth Shalom à Encino, en Californie. « Quand j’étais plus jeune, on nous disait que ce marché était en plein essor. Aujourd’hui, il est à l’arrêt. »

Selon Rabbi Elliot Schoenberg, directeur de placement international au Rabbinical Assembly (mouvement conservateur), quelque 100 rabbins conservateurs d’Amérique du Nord sont en recherche d’emploi en ce moment. Dans le même temps, seuls 50 à 60 emplois sont disponibles.

Par ailleurs, bon nombre de synagogue ne peuvent se permettre que d’embaucher des rabbins à temps partiel. La plupart devront ainsi postuler à un deuxième ou troisième emploi, en tant qu’instituteur ou aumônier dans un hôpital. Dans les petites congrégations réformistes, vous pourriez également devenir chantre. (J’espère que vous saurez jouer de la guitare !)

La jeunesse constitue un point positif. En effet, non seulement vous serez plus disponibles pour les missions du week-end, mais en plus, vous attirerez davantage les moins de 40 ans dans les synagogues.

« La discrimination liée à l’âge commence plus tôt que jamais », affirme Schoenberg. « Selon leur hypothèse, si j’embauche un trentenaire, tous les trentenaires du quartier viendront à la synagogue. Mais il se pourrait très bien qu’une synagogue ait besoin d’un rabbin qui est un bon éducateur, et un bon éducateur n’a généralement pas moins de 45 ans ».

Vous êtes ouverts à un emploi hors chaire ? Formidable ! Car, par choix ou par contrainte, les rabbins se tournent de plus en plus vers les écoles, les campus universitaires, les hôpitaux, les emplois d’aumôniers militaires, les centres communautaires juifs… Mais mauvaise nouvelle, la croissance de l’emploi dans ces domaines est au point mort. Vous pouvez blâmer la Grande Récession.

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