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Violente charge du consitoire juif contre « la stigmatisation » de la viande casher

Violente charge du consitoire juif contre « la stigmatisation » de la viande casher

 

 

Suite aux conclusions de la mission sénatoriale, -lancée dans la foulée du scandale de l'hiver dernier sur les lasagnes au cheval-, présentées jeudi 18 juillet par la rapporteure Sylvie Goy-Chavent (UDI), le président du consistoire central Joël Mergui s'est indigné d'une nouvelle "stigmatisation" de la filière casher. La sénatrice a par ailleurs fait l'objet de menaces et a porté plainte.

La communauté juive s'inquiète de l'une des  recommandations de ce rapport qui prévoit l'instauration d'un "étiquetage obligatoire du mode d'abattage selon des modalités non stigmatisantes", visant de fait les modes d'abattage sans étourdissement, pratiqués par les juifs et les musulmans.  "Des experts de l'Inra nous ont dit que l'agonie d'un bovin pouvait durer jusqu'à 14 minutes, d'où la nécessité d'instaurer un étiquetage précisant le mode d'abattage", a précisé la sénatrice UDI de l'Ain. Les communautés juive et musulmane contestent la souffrance de l'animal si l'égorgement est pratiqué par un sacrificateur bien formé.

"Liberté de culte", "régime nazi" et enjeux économiques

Mais au delà des craintes sur la "liberté de culte" mises en avant par M.Mergui, la communauté juive, dont "les consommateurs représentent moins de 0,8% des Français", s'inquiète surtout des effets économiques d'un étiquetage particulier. Plus d'un tiers de chaque carcasse d'animaux tués pour la filière casher terminent en effet dans la filière traditionnelle car jugés impropres à la consommation des pratiquants.

C'est l'étiquetage de cette partie qui ajouterait selon M.Mergui un effet "stigmatisant", le consommateur lambda ne souhaitant peut-être pas contribuer à ce type d'abattage. "Dans la mesure où la viande casher se distingue déjà par un marquage spécifique, étiqueter un morceau non casher en le distinguant des autres par une mention, qui précise qu’il a fait l’objet d’un rejet de la filière casher est en soi une stigmatisation qui accréditerait le préjugé que les juifs seraient les êtres cruels dénoncés par les manifestants polonais". Le parlement polonais vient de confirmer l'interdiction de l'abattage rituel dans le pays, une décision condamnée par Israël.

"Ne savent-ils pas tous ces négateurs de nos pratiques religieuses que la mauvaise foi a motivé les nazis pour interdire l’abattage religieux dès avril 1933? Qu’elle met en péril le lien social des communautés nationales ? Sans juif, cofondateurs de l’identité européenne depuis 2000 ans, l’Europe sera t-elle toujours la même?", lance M.Mergui qui s'inquiète aussi "des déclarations mensongères sur la perception d'une taxe pour alimenter la politique israélienne".

L'étiquetage pour lutter contre le "faux halal"

La problématique est différente pour la communauté musulmane qui consomme tous les morceaux de l'animal et représente un marché de plusieurs millions de consommateurs potentiels. Aussi, même si le nouveau président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a dénoncé, à l'instar de son homologue juif, "une stigmatisation", certains musulmans souhaitent au contraire un étiquetage clair du lode d'abattage afin de lutter contre le "faux-halal". Selon des chiffres officiels de 2010 portant sur l'ensemble des 255 abattoirs français, 14% du tonnage de la viande abattus en France l'est de façon rituelle. En 2011, le ministère de l'agriculture, reconnaissait toutefois que « 10 % à 12 % des bovins et 75 % des ovins étaient abattus selon cette pratique ».

Le débat sur l'abattage rituel avait éclos lors de la dernière campagne présidentielle, après les propos de Marine Le Pen estimant, à tort, que "l'ensemble de la viande distribuée en Ile-de-France était halal", puis ceux du premier ministre, François Fillon qui s'était interrogé sur le maintien de "traditions ancestrales qui ne correspondent plus à grand chose" dans "un pays moderne".

Près de 50% des abattoirs de ruminants peuvent pratiquer l'abattage rituel

Un durcissement des règles d'abattage rituel était entré en vigueur en juillet 2012 afin d'éviter les "abus". Seuls "les abattoirs qui justifient de la présence d'un matériel adapté et d'un personnel dûment formé, de procédures garantissant des cadences et un niveau d'hygiène adaptés, ainsi que d'un système d'enregistrement permettant de vérifier qu'il n'est recouru à l'abattage sans étourdissement préalable qu'à raison de commandes commerciales" peuvent désormais obtenir une autorisation. "Parmi les 231 abattoirs pratiquant l'abattage de ruminants, 104 ont obtenu une dérogation à l'obligation d'étourdissement par arrêté préfectoral", indiquait le ministère de l'agriculture, en mars 2013 en réponse à une question du Mme Goy-Chavent.

Stéphanie Le Bars

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