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Vous avez raison, M. Netanyahou (lettre au PM israélien)

 

 

Vous avez raison, M. Netanyahou (lettre au PM israélien)

 

J'ai suivi avec attention vos derniers discours, et je voudrais m'arrêter un peu sur celui qui vous avez prononcé à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance d'Israël. Le point fort de votre allocution est certainement votre affirmation établissant que le monde n'a pas retenu les leçons de la Shoah. Lors de vos interventions écoutées par le grand public, vous vous attachez essentiellement à la menace iranienne, à la course de ce régime fanatique à l'armement nucléaire, et aux menaces d'extermination proférées par le dictateur de ce pays sans provoquer le moindre remous dans un monde libre accoutumé.

Ce qui est curieux, dans tout ce discours, qui n'est certes pas que le vôtre, c'est l'assurance absolue qui vous laisse voir en des Etats comme la France et l'Angleterre les garants de la morale universelle et de la protection des faibles. Le comble, c'est que vous positionnez Israël dans une situation de faiblesse, afin d'attirer la compassion occidentale et d'arracher une larme aux consciences des dirigeants de ce continent. Les exemples fournis par la réalité ne manquent pas pour établir ce constat: interdire aux Juifs la construction ou se laisser bombarder pour que le monde entier comprenne, sans revendiquer ouvertement le droit d'Israël à vivre sur sa terre, ce qu'exige pourtant la charte de votre parti, et sans réoccuper le terrain de Gaza pour mettre fin à toute menace. Prouver à tout prix qu'Israël n'est pas belliqueux et aspire inéluctablement à la paix, quitte à ne pas réagir et à mettre en hibernation une puissance qui pourrait ne pas être réduite uniquement à une garantie contre un anéantissement total, mais qui pourrait assurer la sécurité des citoyens sans le moindre attentat, marque son sceau sur la politique israélienne depuis la guerre de Kippour: montrer qu'Israël est dans son droit, que la haine et l'intolérance sont le caractère de ses ennemis. Or, ces mêmes Etats approuvent la création d'un Etat terroriste au cœur de la terre d'Israël, appelant de leurs vœux l'expulsion de centaines de milliers de Juifs de leur foyer, et l'anéantissement de leur économie et de leurs synagogues, de la même manière qu'ils ont approuvé l'expulsion des Juifs de Gaza, voici presque six ans. Les bombardements qui risquent de s'étendre non plus à Sederoth, Béer-Cheva, et Ashdod, mais à Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa ne semblent pas les déranger, puisqu'ils sont coauteurs d'une résolution du Conseil de sécurité qui soutient les terroristes et accable Israël.

Par conséquent, s'il faut reconnaître en effet que ces pays n'ont pas retenu les leçons qui s'imposent de la seconde Guerre mondiale, il convient de reconnaître aussi que leur tendance morale à se ranger du côté du faible ou de l'opprimé n'est vraie qu'en période de tranquillité. Il ne faut pas les mettre à l'épreuve, car dès qu'une menace se profile à l'horizon, la France comme l'Angleterre commencent à fermer les yeux, avant de collaborer avec le persécuteur. La France a fermé les yeux sur les exactions du nazisme, avant de collaborer et de livrer ses Juifs aux Allemands. L'Angleterre a fermé les yeux sur les pogroms à Hébron et Jérusalem, avant de promulguer le Livre blanc pour contenter Husseini, menaçant d'embraser la région jusqu'à l'Inde. La leçon qu'Israël peut en tirer, c'est de ne pas compter sur ces pays au moment où ils sont secoués par des pans prêts à s'enflammer de la population qu'ils abritent, de l'intérieur, et par la menace d'une flambée des prix de l'essence, de l'extérieur. Ceci nous conduit donc à la question pivot pour Israël: est-ce que le peuple juif a retenu la leçon de la Shoah ou plus largement de la précarité de son existence en dehors de ses frontières? La leçon est évidente, elle a été énoncée au départ, non seulement au moment de la proclamation de l'indépendance, mais également auprès du Congrès sioniste mondial, un bon demi-siècle plus tôt: Israël ne pourra, en cas de coup dur, même si les périodes de trêve peuvent être longues, compter sur personne mais être capable de se défendre. Et ce n'est pas en se montrant conciliant qu'Israël pourra défendre sa sécurité et ses intérêts ou qu'il s'attirera la sympathie du monde occidental ; ce n'est pas en se montrant lésé et humilié qu'Israël sensibilisera ce monde-ci de sorte qu'il s'oppose à la fondation d'un Etat terroriste qui spoliera les droits d'Israël d'abord au cœur de sa terre puis dans la région côtière, lui faisant subir des assauts quotidiens, quand ce nouvel Etat, installé comme une tumeur au milieu du corps, s'attaquera aux membres restants, comme le préconisent les terroristes de Ramallah, et comme ils l'affirment par le biais de leur propagande médiatique et éducative qui engendre des égorgeurs de bébés juifs. Contrairement à ce que l'on ressent à tort, cette faiblesse n'attirera pas la compassion mais l'exaspération. A l'opposé, le déterminisme, au lieu de fâcher, conduira au respect.

Le «non» que vous avez opposé au président américain qui a exigé brutalement la reddition volontaire d'Israël jusqu'aux frontières du cessez-le-feu de 49 n'a pas provoqué la rupture escomptée par la gauche, mais a, aussi surprenant que cela puisse paraître, amadoué le patron de la Maison Blanche le plus acharné. Non seulement il n'a plus exigé ce retour suicidaire, mais il a affirmé que la proclamation unilatérale d'un Etat sur les collines de la Palestine du peuple d'Israël n'impliquerait en rien la concrétisation de cet Etat, dégonflant ainsi instantanément ce coup de bluff, qui a d'ailleurs connu un grand frère né en 1988. C'est en n'ayant pas peur de vos droits et de ceux de votre peuple que les grands reculeront et admettront qu'ils sont allés trop loin. Un autre non les fera renoncer à la fondation d'un Etat terroriste sur les ruines des Juifs de Judée, pas même en exigeant des négociations. Il ne faut pas oublier que lorsqu'Israël savait se défendre diplomatiquement, les pays sérieux n'avaient pas soutenu une démarche analogue suivie par l'Olp. Et un troisième «non», accompagné d'un renforcement de toutes les implantations juives dont les plus petites seront non plus des avant-postes mais des villes, fera comprendre que tous les usurpateurs de la terre d'Israël devront chercher un Etat ailleurs, du côté de l'Arabie, puisque la solution des deux Etats pour deux peuples, ou plus exactement des plus de vingt Etats pour deux peuples, avec un seul pour les Juifs, existe déjà.

Terminons cet exposé en considérant l'une des dernières trouvailles de l'argumentaire d'extrême-gauche: «Le peuple palestinien a peut-être été inventé, et il se peut qu'il soit constitué d'éléments provenant de pays étrangers, allant du Maroc au Koweït, en passant par la Libye, mais maintenant, c'est un peuple à part entière qu'il faut reconnaître et accepter.» Intéressant. Il ne reste plus qu'à compléter ce raisonnement: «… et comme la terre qui sert de support à sa définition est celle d'un autre peuple, il faut accepter l'idée de la caducité et de la disparition de cet autre peuple pour ne pas froisser l'avènement du nouveau». Cet argument est en fait fort ancien: ce n'est qu'une version déguisée du concept usurpateur du Verus Israël qui vient remplacer celui que l'on veut faux, et du Verus Palestine, qui vient inventer non pas une religion cette fois mais un peuple pour prendre la place de celui que l'on veut ancien, et que l'ont veut obliger à donner sa terre en héritage en couchant le Verus Palestine sur son testament. Bien sûr, on ne saurait se contenter d'une proclamation unilatérale, d'où la nécessité d'un triple-non, une «trinité» de non, en quelque sorte: non aux frontières de 49, non à la proclamation d'un Etat dans l'Etat, et non à la présence des terroristes ni de leurs supporters en terre d'Israël.

Yéochoua Sultan

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