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YVETTE SAADOUN za"l (1932/2016) - Par Dr Victor Hayoun

YVETTE SAADOUN za"l (1932/2016)

Par Dr Victor Hayoun

 

 

Suite au décès de Mme Yvette Saadoun, la mère de notre ami et collègue Prof. Haïm Saadoun, intervenu le 25.02.2016, voici la traduction en français d'un article qui est paru suite à son décès dans le quotidien Haaretz.

C'est l'histoire d'une femme, Mme Yvette Saadoun, née Berrebi à Sfax (Tunisie), qui a eu une vie remarquable jonchée d'une activité continue qui reflète en quelque sorte l'histoire d'Israël.

Elle a eu une influence certaine sur le chemin qu'ont suivi les femmes dans son entourage, dans sa famille, dans son voisinage, parmi ses amies, parmi ses connaissances et parmi ses collègues. C'était une femme qui n'a cessé d'agir pour le progrès de la femme, pour son indépendance, pour le renforcement de son statut dans la société, jusqu’à l'étranger, en Afrique.

Yvette et son époux Yaacov Coco Saadoun comptaient parmi les premiers pionniers sionistes de Tunisie en Israël. Ils étaient du premier groupe qui s'était formé [avec Aaron Uzan (de Moknine), Chlomo Ichay (de Sousse) et Chlomo Haddad (de Nabeul) pour ne citer qu'eux] qui avaient créé et habité le village agricole, le Mochav Gilath, dans le nord du Néguev. Le jeune couple Saadoun a ensuite compté parmi les pionniers qui créèrent la nouvelle bourgade Kiryath-Gat, qui est  aujourd'hui une ville, elle aussi du nord du Néguev.  

Que D… repose son âme en paix.

Avec François Mitterrand à Kiryath-Gat, alors que celui-ci était en visite en Israël, probablement dans les années 60. 

 

Voici l'article du journaliste Ofer Adérèth, Publié dans le quotidien israélien Haaretz du 11.03.2016. (Traduction en français : Dr Victor Hayoun).               

 

YVETTE SAADOUN (1932/2016)

Directrice du département des crèches pour enfants

 

Yvette Saadoun est née en 1932 dans la ville portuaire de Sfax au centre de la Tunisie, la 2ème ville du pays. Elle est la fille de Meyer Miro et Louise Berrebi. Son fils, l’historien professeur Haïm Saadoun de l’Université Ouverte, a écrit : « Avec la montée du nazisme en Allemagne, les juifs de Sfax ont participé au boycottage des produits allemands et ont manifesté contre la politique antisémite de l’Allemagne ».

 

En novembre 1942, les allemands ont occupé la Tunisie. Yvette s’est sauvée avec ses parents et ses frères et sœurs et ils se refugièrent dans le village El-Grawa près de Sfax. Elle raconta : « c’était pour moi une expérience agréable parce que nous nous cachions et on nous cherchait toujours. Par cette fuite nous avons vu des chèvres et des poules ». Les allemands avaient confisqué des biens appartenant aux juifs en Tunisie et raflèrent de nombreux hommes au travail obligatoire. Certains juifs ont même été concentrés dans des camps de travail. Pendant la guerre, les trois grandes synagogues de Sfax ont été détruites ainsi que des maisons habitées par des familles juives.

 

A la fin de la guerre, alors qu’elle avait 14 ans, Yvette s’est jointe au mouvement de jeunesse sioniste « Tséiré Ohavé Tsione » (n.d.VH : Les Jeunes Amoureux de Sion). C’est là qu’elle rencontra celui qui devint son mari, Yaacov Coco Saadoun. Ensuite Yaacov immigra illégalement en Erets-Israël, avant la création de l'état, et lui dit : « attends moi, je reviens ». Pendant la guerre d’indépendance d’Israël il combattit à Jérusalem avec la brigade Etsioni, et ensuite il retourna en Tunisie. En 1951 ils se marièrent.

 

Après le mariage, ils immigrèrent en Israël et s’installèrent au Mochav Gilath près de Nétivoth. C’était un terrain désertique. A Gilath sont nés ses deux premiers enfants, Avnèr et Haïm. La famille d’Yvette émigra en Israël au fur et à mesure. Dans les années 1954 à 1957, Yvette et ses enfants se sont joints à Yaacov qui a été envoyé en Tunisie, en mission de recrutement de volontaires à l’émigration en Israël. A leur retour, elle compta, avec son époux et ses enfants,  parmi les pionniers qui ont créé la région de Lakhich et s’installa à Kiryath-Gat. C’est là qu’est née sa fille Ronith. Yaacov travaillait à l’Agence Juive et Yvette était d’abord femme au foyer tout en s’occupant du poulailler et elle vendait les œufs au marché. De 1964 a 1967, elle fit des études, devint assistante sociale et travailla au Service des Activités Communautaires à Kiryath-Gat. C’est là qu’elle s’occupa de l’intégration des olim d’Inde et devint la Directrice de ce service.

 

Au fil des années elle progressa à des postes de direction au Ministère du Travail et des Affaires Sociales dans le district de Jérusalem, jusqu’au poste de Directrice Adjointe de ce service. En 1982, Aaron Uzan, lui-même originaire de Tunisie et l’un des pionniers du Mochav Gilath, fut nommé Ministre du Travail et des Affaires Sociales. En 1983, il nomma Yvette Saadoun au poste de Directrice du Département des Crèches pour enfants en bas âge et Responsable du statut de la femme dans son ministère. Elle occupa ce poste jusqu’en 2002.

 

Elle considérait les crèches comme un moyen de renforcer le statut de la femme et lutta pour faire diminuer le prix que les parents payaient pour ces crèches, afin de permettre aux femmes d’aller travailler. Parallèlement, elle a été envoyée à de nombreuses missions de travail en Afrique, où elle a repéré des femmes qui suivirent une formation dans le domaine du travail communautaire à l’Institut Afro-Asiatique de Haïfa, qui avait pour but de renforcer les relations entre Israël et l’Afrique.

 

Ses deux garçons ont servi dans des unités combattantes. A la veille de l’enrôlement de son fils Haïm, son fils ainé Avnèr a écrit à ses parents : «s’il y aura deux enfants combattants à la maison – vous, et nous aussi, serions plus fiers ». En septembre 1972, Avnèr fut tué lors d’une opération d’incursion des commandos Egoz au sud Liban, suite et en représailles du meurtre des sportifs israéliens aux Olympiades de Munich. Il avait 19 ans. Il avait écrit dans son journal : « se souvenir et ne rien oublier… et en particulier se souvenir parce que je suis juif, et surtout qu’être juif c’est un grand privilège, mais les devoirs sont encore plus grands ».

 

Yvette a puisé des forces pour continuer grâce à la naissance de ses petits enfants, et de l’installation en Israël de ses frères et sœurs. Dans les années 2002 à 2008, elle dirigea le Centre Yad Lébanim à Kiryath-Gat. C'est une institution très particulière à Israël qui a connu de nombreuses guerres et de nombreuses victimes. C'est un Mémorial des habitants de la ville morts au champs d'honneur ou pendant leur service militaire. Pendant ce temps, elle était membre du parti travailliste et remplit des fonctions dans les institutions du parti. Son époux Yaacov Coco Saadoun décéda en 2006.

 

Yvette Saadoun est décédée en laissant, son fils Haïm et sa fille Ronith, ainsi que ses six petits-enfants, et quatre arrière-petits-enfants.    

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