VIDÉO. Un néo-nazi renonce à son passé et se revendique désormais gay et juif
Slate.fr
Après avoir dévoué quarante ans de sa vie aux idéologies racistes et homophobes, le Britannique Kevin Wilshaw s’est repenti. Et assume désormais son homosexualité et ses origines juives.
Kevin Wilshaw a 11 ans lorsqu'il commence à s'intéresser au nazisme. Sa première source d'inspiration idéologique? Son père, un sympathisant d'extrême droite souvent absent du foyer familial. Très vite, l'élève dépasse le maître: adolescent, Kevin rejoint des groupuscules militants et débute sa lutte active aux côtés de suprémacistes blancs, explique le Washington Post.
À l'école, le jeune britannique a peu d'amis. Il trouve, dans cet engagement politique, un moyen de s'insérer dans une communauté et de développer sa vie sociale, alors quasi-inexistante. À 18 ans, Kevin rejoint officiellement le Parti national britannique, un mouvement politique ouvertement xénophobe. Et ce, bien que sa mère descende d'une famille juive. Ces orginies familiales ne l'empêcheront guère d'écrire, au moment de son adhésion à cet équivalent du FN britannique, que la guerre contre les juifs, ennemis de la race blanche, «doit être menée à l'échelle internationale afin d'être efficace».
Passage à l'acte
Dans les années 1980, le jeune homme se radicalise et se laisse séduire par le phénomène skinheads, en pleine expansion durant l'ère Thatcher. Sur fond de crise économique, ces hommes aux crâne rasés voient en l'immigration un fléau responsable de la misère sociale. Et n'hésitent pas à recourir à la force pour combattre les minorités ethniques, les juifs, ou encore les militants d'extrême gauche. Preuve de son recours croissant à la violence: dans les années 1990, Kevin Wilshaw est arrêté pour avoir vandalisé d'une mosquée.
Mais l'évolution de la situation politique du Royaume-Uni change progressivement la donne et pousse Kevin Wilshaw à l'isolement, jusqu'à devenir ce qu'il appelle un «freelance extremist». Ses convictions suprémacistes et sa haine raciale, il les déverse désormais en masse sur les réseaux sociaux. Au point d'être arrêté, en mars dernier, pour «insultes raciales en ligne».
Aujourd'hui, Kevin Wilshaw se repentit. Pour laver ses pêchés publiquement, il s'est récemment livré à Channel 4. Dans son appartement, les vestiges de son passé de néo-nazi sont encore chauds: ses drapeaux à croix gammées, ses affiches de propagande raciste, et même une sculpture d'Hitler témoignent d'un engagement qui avait tourné à l'obsession.
«Je veux rééllement leur faire mal»
La cause de sa soudaine et tardive prise de conscience? Son orientation sexuelle. Suspecté par ses compères nationalistes d'être gay, Kevin Wilshaw a subi un certain nombre «d'abus», selon ses mots. Il aura fallu un (long) processus de coming-out, pour qu'il réalise qu'il est au fond, lui aussi, la cible si injustement combattue par ces mouvances.
«C'est très égoiste mais c'est vrai, explique-t-il. Ce n'est qu'à partir du moment où cela se dirige contre toi que tu réalises que c'est mal.»
Aujourd'hui, rongé par la culpabilité, l'ex-suprémaciste a mis un terme à «l'énorme contradiction», reconnaît-il en riant,qui faisait de lui un nazi, gay et partiellement juif depuis près de quarante ans. Peut-être, espère-t-il, son témoignage permettra chez d'autres une prise de conscience similaire.
«Je veux nuire à ces gens qui propagent ce genre de conneries. Je veux leur faire mal, leur montrer ce que c'est de vivre dans le mensonge et d'être le réceptacle d'une telle propagande. Je veux réellement leur faire mal.»