Léa, Rachel et les vertus magiques de la Mandragore

Léa, Rachel et les vertus magiques de la Mandragore

 
Génèse 30 : 14 – 18
Ruben sortit au temps de la moisson des blés, et trouva des mandragores dans les champs. Il les apporta à Léa, sa mère. Alors Rachel dit à Léa: Donne moi, je te prie, des mandragores de ton fils.
Elle lui répondit: Est-ce peu que tu aies pris mon mari, pour que tu prennes aussi les mandragores de mon fils? Et Rachel dit: Eh bien! Il couchera avec toi cette nuit pour les mandragores de ton fils.
Le soir, comme Jacob revenait des champs, Léa sortit à sa rencontre, et dit: C’est vers moi que tu viendras, car je t’ai acheté pour les mandragores de mon fils. Et il coucha avec elle cette nuit.
Dieu exauça Léa, qui devint enceinte, et enfanta un cinquième fils à Jacob.
Et Léa dit « Le Seigneur m’a récompensée d’avoir donné mon esclave à mon époux. » Et elle lui donna le nom d’Issachar.

La Mandragore 

Synonymes : Mandragore, Herbe de Circé, Pomme d’Amour, Main-de-Gloire, Homonculus, Anthropomorphon
Nom scientifique : Mandragora officinarum L
 
 Description

La mandragore est une Plante vivace herbacée monoïque monocline (hermaphrodite) des régions méditerranéennes appartenant à la famille des solanacées, voisine de la belladone. Elle est vivace par un gros rhizome bifide qui rappelle la silhouette d’un homme avec ses bras, ses jambes et son sexe, d’où les noms d’Homonculus et d’Anthropomorphon donnés parfois à la plante. On en dénombre six espèces. La plante est vivace et sans tige.

Cette racine, brune à l’extérieur, blanche à l’intérieur, est du type pivotant, souvent lignifiée et peut atteindre après plusieurs années des dimensions impressionnantes (jusqu’à 60 à 80 centimètres et plusieurs kilogrammes). La partie aérienne est une tige très courte avec une rosette de feuilles ovales (elle ressemble à une laitue). Les fleurs sont solitaires, avec un pédoncule court, de couleur blanc-verdâtre ou violet pâle. Elles disposent de 5 gamopétales (pétales unis entre eux) et sont tetracycliques (présentant quatre verticilles de pièces florales : calice, corolle, androcée et gynécée). Ces fleurs sont superovariées (l’ovaire est supère, c’est à dire placée au-dessus de l’insertion des pétales et sépales) et monoclines (c’est-à-dire munie à la fois d’un androcée et d’un gynécée, par opposition aux fleurs unisexuées)

Le fruit est une baie jaune orangé de quelques centimètres.
On parlait autrefois de racines « mâles » et « femelles » mais cela n’a aucun sens sur le plan botanique, les pieds étant tous monoïques et produisant tous des fruits.
La mandragore a une composition en principes actifs comparable à celle des solanacées officinales (Belladone, Datura, Jusquiame) : elle renferme environ 0,4 % d’alcaloïdes totaux, dont les principaux sont la scopolamine (premier sérum de vérité), l’hyociamine et l’atropine. En théorie, ces molécules peuvent être à l’origine d’une intoxication mortelle.
La Mandragore Officinale est devenue, au fil des années, tellement mystérieuse dans le folklore, qu’elle a été par la suite considérée non seulement comme la plus puissante mais également comme la plus dangereuse de toutes les herbes magiques. Elle représente tout ce qui est mystérieux et attirant dans le monde étrange des plantes.
Les espèces de Mandragore qui contiennent des alcaloïdes scopolamine et hyociamine, étaient à l’origine indigènes et se trouvaient également autour de la méditerranée orientale. Elle est toujours très commune dans les terres en friche non cultivées ainsi que dans les endroits rocheux et inhabités.
Les mandragores répandent leur parfum, Et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits, nouveaux et anciens
 
La racine de la mandragore
Tubérisée, bifurquée et fourchue, est la cause de beaucoup de légendes. Elle peut avoir la forme d’une grande carotte ou être anthropomorphe (racine divisée ayant une ressemblance avec un corps humain). Selon la légende, il était dangereux de déterrer la racine de la mandragore parce qu’elle poussait un cri si puissant qu’elle pouvait tuer la personne qui tentait de la déterrer. C’était alors un chien attaché à la plante qui se chargeait de la déterrer. D’ailleurs selon les croyances, il en mourrait la plupart du temps. On utilisait les racines de la mandragore principalement en sorcellerie pour des prédictions, des guérisons… On l’utilisait d’ailleurs pour guérir de la folie. La racine est une rave impressionnante, brune á l’extérieur, blanche á l’intérieur. D’une taille pouvant atteindre 60 á 80 cm, elle peut peser plusieurs kilos.

Les feuilles de la mandragore
Sans tiges et à feuilles grandes et ovales qui dégagent une odeur forte.

Les fleurs de la mandragore
Les fleurs d’automne sont blanches ou mauves, violacées. Les fleurs en grappe sont d’un blanc verdâtre, bleutées ou pourpres suivant les espèces.

Les fruits
Parfumés, baies jaunes ou rouges de 3 à 4 cm de diamètre qui réémettent la lumière blanche…. Appelés ‘’Pommes d’amour, » ils étaient les pommes dorées d’Aphrodite. Les fruits peuvent être consommés séchés Vertus: sédative, antispasmodique, anti-inflammatoire (en cataplasme), hypnotique et hallucinogène.
 
Vertus magiques
Autrefois, on attribuait une valeur magique à la mandragore (vertu prolifique) et on l’utilisait en sorcellerie. La mandragore était utilisée pour ses vertus magiques. On s’en servait, entre autres, pour la conception des philtres d’amour. Elle présenterait également des propriétés aphrodisiaques qui lui confèrent une vertu fertilisante. Son absorption provoque une narcose suivie d’hallucinations. On comprend pourquoi les sorcières pensaient s’envoler sur leur balai et voir des créatures diaboliques le jour du sabbat! Mais ses vertus soporifiques, analgésiques et sédatives sont reconnues. La mandragore, comme la belladone ou la jusquiame est une plante de « sorcière. » Les puissants effets narcotiques de la mandragore et sa racine ayant parfois la forme d’un être humain, lui confère ses propriétés magiques. Cette plante est devenue très rare, même dans son pays d’origine. De nos jours, cette plante est peu courante, un mythe pour beaucoup. Mais de l’antiquité jusqu’à la renaissance, la Mandragore était crainte et respectée. Les Grecs la nommèrent « plante de Circée la magicienne. » Symbole de fécondité, Mais pour se procurer la racine de Mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Celui qui arrache la Mandragore sans précaution, s’il ne devient pas fou en entendant les hurlements de la plante, sera poursuivi par sa malédiction. Les vieilles plantes  de la mandragore s’enfoncent profondément dans la terre (plus d’un mètre) d’où la difficulté de les arracher.
 
Usages traditionnels :
Les baies de la mandragore étaient appelées « Pomme du diable, » ou pomme d’amour, en raison des rêves érotiques qu’elle provoquait. En effet, la scopolamine contenue dans la plante est un narcotique qui provoque un sommeil plein de rêves précédé d’une phase d’excitation.
Dans la traduction du Bestiaire d’Oxford (manuscrit du Moyen Age) la Mandragore serait « l’arbre de la connaissance » dont Adam et Eve mangèrent le fruit…

Propriétés pharmacologiques:
Mises en garde:
La mandragore est une plante toxique, et il en faut peu pour ressentir ses puissants effets narcotiques pouvant être très éprouvants. La plante est riche en alcaloïdes (délirogènes). Ces substances parasympathologiques entraînent notamment une mydriase et une narcose. Il s’agit d’atropine, de scopolamine et surtout d’hyociamine. Longtemps controversée pour sa spécificité, la mandragorine semble être en réalité une association des substances précédentes. En théorie, ces molécules peuvent être á l’origine d’une intoxication mortelle.

 
Histoire et légendes
La forme caractéristique de sa racine qui rappelle celle d’un homme lui a valu une réputation d’herbe magique et fait l’objet, essentiellement au Moyen Âge (de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance), d’un culte macabre, d’ailleurs interdit par l’Église. On la nomme alors demi-homme ou homme-planté et on prétend qu’elle pousse un cri d’agonie quand on la déterre pour la cueillir.
Les précautions lors de la cueillette sont classiquement énoncées dans les écrits de Paracelse (1493-1541) dont il existe diverses variantes décrites, mais figurent dans des manuscrits plus anciens, tels que ceux de Josèphe (37 à 90) ou Théophraste. Pour se procurer la racine de mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Celui qui arrache la mandragore sans précaution,
s’il ne devient pas fou en entendant les hurlements de la plante, sera poursuivi par sa malédiction…

Selon les divers écrits décrivant les rituels, on sait qu’ils se déroulaient les nuits de pleine lune. Les mandragores qui poussaient au pied des gibets étaient très prisées car on les disait fécondées par le sperme des pendus, leur apportant vitalité, mais celles des places de supplice ou de crémation faisaient aussi parfaitement l’affaire. Des « prêtres » traçaient avec un poignard rituel trois cercles autour de la mandragore et creusaient ensuite pour dégager la racine, le cérémonial étant accompagné de prières et litanies. Une jeune fille était placée à côté de la plante pour lui tenir compagnie. On passait également une corde autour de la racine et on attachait l’autre extrémité au cou d’un chien noir affamé que l’on excitait au son du cor. Les prêtres appelaient alors au loin le chien pour qu’en tirant sur la corde il arrache la plante. La plante émettait lors de l’arrachage un cri d’agonie insoutenable, tuant l’animal et l’homme non éloigné aux
oreilles non bouchées de cire. La racine devenait magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représentait l’ébauche de l’homme, « petit homme planté » ou Homonculus. Ainsi choyée, elle restait éternellement fidèle à son maître et procurait à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité. Elle était vendue très chère en raison du risque à la cueillette, et ce d’autant plus que la forme était humaine, de préférence sexuée par la présence de touffes judicieusement disposées.
 
La mandragore est connue depuis fort longtemps, originaire de Syrie on la retrouve dans les pays du bassin méditerranéen, mais aussi en Egypte.
Elle est connue des Anciens et elle est signalée dans de nombreux écrits, les Hébreux et les Chaldéens l’utilisaient à des fins criminelles. On prétend que Hannibal pendant la guerre avec les Africains fit semblant d’abandonner son campement en laissant sur place des amphores pleines de vin où macéraient des racines de mandragore. Hannibal revint ensuite pour achever les soldats ennemis intoxiqués par le vin à la mandragore dans l’incapacité de se défendre.
Ses propriétés hallucinogènes et narcotiques furent largement utilisées en médecine antique et en sorcellerie, soit comme anesthésiant pour pratiquer des interventions, soit comme ingrédient pour la confection de philtres magiques.
 
Source : Bibliothèque Nationale de Naples – Italie

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