Pourquoi les séries israéliennes triomphent à travers le monde
Depuis « Homeland » et « En analyse », les séries venues d’Israël, sous leur format original ou en remakes, s’exportent de plus en plus. Elles ont créé l’événement au festival de Lille.
En moins de dix ans, Israël s’est hissé dans le peloton de tête des exportateurs de séries TV vers les États-Unis. La création made in Tel-Aviv, primée lors du dernier festival Séries Mania, voyage beaucoup via des remakes américains (« In Treatment » ou « Homeland »), mais aussi en VO (« Fauda »). S’inspirant de thématiques locales (guerre, espionnage…), elle aborde aussi avec humour des sujets dérangeants.
Pour la seconde année consécutive, le festival Séries Mania a décerné début mai son Grand prix international, à une création israélienne : « On the spectrum ». Cette fiction qui suit l’histoire de trois colocataires atteints d’autisme, a été encensée pour avoir su traiter d’un sujet grave avec humour…
L’an dernier, la manifestation lilloise avait couronné « Your Honour », qui raconte le dilemme d’un juge intègre et respecté, dont le fils est impliqué dans un accident de voiture suivi d’un délit de fuite, et qui aurait tué un membre de la mafia.
Et ce n’est pas tout… Le nouveau festival CanneSéries vient de récompenser deux autres créations israéliennes : « Miguel », nom d’un bambin guatémaltèque qu’un jeune gay vient d’adopter, a reçu le prix spécial d’interprétation. « When Heroes Fly », qui narre les retrouvailles en Colombie de quatre vétérans de guerre de Tsahal a, pour sa part, décroché le prix de la meilleure série.
Signe fort : cette fiction a été mise sur orbite par Keshet International, le producteur israélien de « Prisonniers de guerre », diffusée dans 65 pays et qui a inspiré « Homeland », primé aux Emmys. « Grâce à When Heroes fly, nous pensons faire encore mieux », nous confie Atar Dekel, la patronne de la fiction chez Keshet.
« Ils touchent tout le monde »
Comment les Israéliens ont-ils fait pour conquérir les États-Unis, rêve que caressent depuis peu les créateurs de séries françaises ? « Dans ce pays petit en taille et en capacité budgétaire, les créateurs ont déployé un savoir-faire croissant pour produire des séries qui s’exportent partout et souvent via des remakes américains », pointe le directeur artistique de Séries Mania, Frédéric Lavigne.
Ce professionnel cite le cas de « En Analyse » devenue en 2008 « In Treatment », ou de « Your honour » en passe d’être adaptés outre-Atlantique par les créateurs de « The Good Wife ». Bien sûr, les feuilletons nés dans l’État hébreu utilisent beaucoup la singularité de leur situation locale, conflits, armée, espionnage, religion, une dimension au centre d’une autre série présentée à Séries Mania, « Autonomies ». « Mais ils touchent tout le monde en parlant des relations hommes-femmes ou du social », ajoute Frédéric Lavigne.
Des séries écrites avec un vécu ?
Autre élément favorable : l’essor mondial des séries TV consommées en VO. Un cas d’école est celui de « Fauda », qui revisite le conflit israélo-palestinien, tournée à 80 % en arabe et 20 % en hébreu ! La justesse d’écriture de ce feuilleton haletant a convaincu le géant mondial Netflix d’en racheter les droits pour l’étranger…
« Fauda a été conçu par deux anciens membres des forces spéciales de l’armée israélienne. On the spectrum est co-créée par Dana Idisis, dont le propre frère est atteint d’autisme », égraine Danna Stern, la directrice de YesStudio qui a produit ces deux formats. « C’est peut-être cela, la recette gagnante des séries israéliennes : nos histoires sont souvent écrites à partir du vécu de leurs créateurs, avec cœur. »
Trois séries déjà classiques à ne pas manquer
« Fauda », au coeur du conflit israélo-arabe. « Fauda » (« chaos » en arabe) suit les membres d’une unité d’élite de l’armée israélienne, composée de soldats déguisés en Arabes pour infiltrer les territoires palestiniens et déjouer des attentats terroristes. Aussi populaire parmi les Juifs Israéliens qu’auprès des Arabes palestiniens. La saison 2 est diffusée sur Ciné + Club depuis le 23 mai, saison 1 sur Netflix.
« False Flag », espions malgré eux. Cinq citoyens israéliens ordinaires découvrent un matin dans les médias qu’ils sont les principaux suspects de l’enlèvement d’un politicien iranien à Moscou. Inspirée par l’assassinat du leader du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh, à Dubaï en 2010, « False Flag » a été co-créée par Maria Feldman, à l’origine de « Hatufim, prisonniers de Guerre », d’où naîtra son remake « Homeland ». La Saison 1 est disponible en DVD.
« En Analyse », chez le psy. Centrée sur un thérapeute et ses séances avec ses patients, « En Analyse » (« BeTipul » en hébreu) a été créée en 2005 par Hagai Levi (qui a signé plus tard « The Affair »). La série a été adaptée dans pas moins de seize pays. Elle a fait l’objet d’une version américaine, « In Treatment ». « In treatment » en DVD.