ITINERAIRE D'UN FRANCAIS JUIF DE TUNISIE

LES JUIFS DE TUNISIE - HIER,AUJOURD'HUI ET DEMAIN

Je vais essayer de vous narrer mon itinéraire depuis mon départ de tunisie au début des années 1960.

Je ne sais si cela interessera beaucoup d'entre vous les HARISSIENS mais je pense que cela interessera au moins les juifs tunisiens qui on fait un mariage mixte et qui ne semblent pas beaucoup s'ètre exprimés sur ce site.

D'abord , je tiens a rendre hommage à nous tous juifs tunisiens pour notre faculté d'adaptation dans tous les pays ou nous nous sommes dispersés, ainsi qu'a notre capacité à nous intégrer dans tous les milieux ou nous nous sommes trouvés.

Lors de mes déplacements professionnels a l'étranger en particulier ( j'ai eu à visiter plus de 30 pays de par le monde ) , j'ai rencontré des juifs tunisiens partout , dont un qui tenait un petit super marché au fin fond du canada qui avait un saCré accent québecquois et de plus il portait le meme nom que moi !!

Me voila donc comme je vous le disais en France au debut des années 1960
accompagné de ma mère et de ma soeur cadette.

A cette époque, il y avait du travail partout , ma soeur trouva un poste de comptable -informaticienne. Quant a moi ,tout en poursuivant mes étude d'ingénieur en genie civil, je trouvais des petits boulots ca et la .

Peu de temps après notre arrivée ma mère , sa soeur et ses cousines trouvèrent un fiancé pour ma soeur , celui ci était plus agé qu'elle de 17 ans ! Les fiancailles durèrent plus d'un an , mais pour un problème de dot ils se séparèrent, il était question ,parait -il, ( je n'avais pas voulu m'occuper de ce genre de tractations ) d'un différent sur la question de qui prendrais le crédit de l'ameublement de leur futur appartement : ma soeur ou son futur mari. !!!!

Durant ce temps , je rencontrais ma future épouse, une française et catholique de surcroit, elle était étudiante en médecine,style vieille france comme l'on dit.De plus elle portait un nom à particule et ses parents étaient de grands propiétaires terriens en Normandie !

C'était du sérieux , comme l' a dit Sarko au sujet de Carla !

Sur le coup je n'avais pas compris ce qui lui plaisait en moi, avec mon accent tunisois, ma manière de trouver des kifs partout, mon insistance à lui dire que j'étais juif et qu'il y aurait surement des problèmes avec ma famille. De plus j'étais totalement désargenté , je n'étais même pas en mesure de lui offrir une place de cinéma, chacun payait sa place, elle insistait souvent pour m'offrir le restaurant , mais je n'avais jamais mangé de porc, et je n'osais pas l'emmener au restaurant cacher trop cher pour moi. Mes maigres revenus comme stagiaires ne me permettaient pas le luxe du restaurant.

Un jour , elle souhaita rencontrer ma mère ,( je lui avais tellement dit qu'il y aurait des problèmes !! )

Nous montames un stratagème : se faisant passer pour une livreuse de patisserie, elle livra un magnifique gateau a ma mère de ma part.

celle -ci la receva très bien, la faisant asseoir, la remerciant, lui offrant un petit verre de liqueur et lui donna meme un pourboire.

au retour de cette expédition, elle avait la mine réjouie, et me dit :

- Chéri ta maman est magnifique elle est d'une gentillesse extréme , tu verras cela se passera très bien !! Tu peux lui proposer une rencontre.

Il n'était question ni de fiancailles ni de mariage entre deux étudiants sans situation bien sur!

Ce qui fut dit fut fait .

deux joursa après, avec mille précautions devant ma mère et ma soeur cadette , je leur expliquais la situation, que ce n'était pour l'instant qu'une copine etc..

elles étaient blèmes toutes les deux, et calmes, puis les questions fusèrent : la dot , puis pas question de se marier un jour avant ma soeur cadette,; elles ne posèrent pas la question quand a la religion de celle qui devint mon épouse par la suite, mais quand je leur dit : elle n'est pas juive, ce fut la catastrophe !!

Ma mère se dirigea vers la fenetre , nous étions au 4eme étage, elle menacat de s'y jeter, ma soeur était en pleurs comme je ne l'avais jamais vu.

Dès lors ma soeur en quète d'un nouveau fiancé juif, migra avec ma mère en ISRAEL .

fin de la première partie,
si j'aurais le temps, demain la deuxieme partie.

Surtout n'oubliez pas, j'attends avec impatience la seconde partie.

jaquot ,tres interessant.ma mere aussi faisait le coup de la fenetre (ou du balcon).

La mienne s'est jetèe...Par le lit... lorsque je lui ai dis que j'étais amoureux d'une demi-juive. Il y a de celà 45 ans.
Elle s'en est remise depuis.

Quand a la mienne, elle pleurait avec de chaudes larmes lorsque a vingt ans,je lui ai dit que je partais seul,pour Israel,mon amour(chacun le sien) .

Ce qui lui a permis en fin de compte de venir dans ses vieux jours, 92 ans, vivre heureuse, chez moi a Nes Tsiona, entoure de ces enfants, petits et arrieres petits enfants.Elle nous a quite juste avant la bar-mitsva des jumeaux, ses arrieres petits enfants.

Elle a sûrement été très fière de son fils et de la famille qu'il a su créer, mon cher Henri.

Girelle,
Ce que je n'ai pas raconte, c'est qu'arrive a Marseille, en fin de compte ma destination initiale fut detournee et je finis par atterrir a Paris, pour qq annees.
Mais, mon amour pour Israel a quand meme fini par l'emporter.
Dans le fond chacun sa destine, ou sa chance, comme on le voudra.

Bonjour amis harissiens,

voici la seconde partie de mon récit :

Ainsi ma mère et soeur migrèrent en Israel dans un petit village de Haute Galilée.

Je me trouvais donc seul en France, étudiant, j'eu le sentiment d'un grand vide, comme pour Perrette et le pot au lait, adieu mloukhia, couscous boulettes, tfina etc, adieu ya omri, n'oublis pas de prendre ton pill over, tu risques d'attraper froid, tu es amaigri manges!etc..etc...

Mais ma plus grande consolation était là ! celle qui sera un jour mon épouse. Nous attendions avec impatience la fin de nos études qui ne devait pas tarder, nous vivions chacun de son coté, elle dans un bel appartement mis a sa disposition par ses parents et moi dans ma chambre de bonne , nous passions nos week end ensemble , ainsi que quelques soirées en semaine, mais il ne fallait pas perdre de vue l'objectif numéro 1 , la fin des études et nos diplomes.

Un jour, elle vint me chercher , elle semblait très épanouie et heureuse, je lui dit : toi tu as quelque chose d'important à me dire !

Elle sourit et d'emblée me dit : ce week end je te présente à mes parents !

J'étais pétrifié de peur, moi, voir ses parents ,j'avais peur que se réédite l'épisode de ma mère

Que leur dire ,quel sujet aborder, mon accent, je suis juif,etc..

De suite me voyant un peu inquiet, elle me dit , t'inquiètes ,, pas mon chéri, père et mère ( c'est comme celà qu'elle les appelait ! ) savent très bien ce qu'est un juif, il connaissent vos us et coutumes, mon, père à plusieurs amis juifs , il a vu ta photo.

Quoi ? il savait tout !!.

Et ta maman ? lui dis -je

C'est pareil, elle a hate de te voir.

Nous devions partir le lendemain Samedi, avec sa voiture , en Normandie.

Je n'avais jamais mis les pied dans cette Région, et ma connaissance du territoire francais était très très limitée.

Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, changeant maintes fois de tenue vestimentaire pour voir celle qui m'allait le mieux.

J'étais comme un gamin qui allait devant le BABAOU !!

La nuit fut courte, elle vint me chercher de très bonne heure et nous voilà partis vers la Normandie, au passage nous nous arrétames devant un fleuriste pour acheter un petit bouquet de fleur pour sa maman.
Celà pourrait être du meilleur effet.

Au fur et a mesure du trajet, je n'arretais pas de lui demander : il reste combien de kilomètres ? j'ai du lui poser cette question 100 fois, et a chaque fois elle souriait et me répondait : t'inquiète pas mon amour , ils ne vont pas te manger, ils doivent être aussi stresses que toi.

Je les comprenais : leur fille unique avec un juif , et tunisien de surcroit ou la la !!!

Une question me lancinait l'esprit : comment leur expliquer : juif, tunisien, israelite, israelien, arabe, c'était très long à expliquer et je risquais de commettre une maladresse dans mes explications emberlificotées.

J'étais plongé dans mes pensées quand elle me dit : Tu vois a gauche et a droite ceux sont les terres de mes parents !

Encore 3 ou quatre kilomètres et nous serons a destination me dit-elle.

Elle pris un allée majestueuse bordée d'arbres centenaires, et me dit : voilà la grille d'entrée!

Tu parles d'une grille ! elle devait peser des tonnes , une ferronnerie de classe avec des initiales dorées.

A partir de là , les roues de la voiture crissèrent sur le gravillon blanc immaculé, et au détour d'un bosquet : la féérie : moi qui n'avait jamais vu de chateau de ma vie, j'étais devant une demeure magnifique,un chateau mignature , qui grossisait au fur et a mesure que nous nous en approchions.

Deux quinquagénaires, un homme et une dame, habillés en tenu décontractée, nous attendaient en bas des marches d'escaliers qui menaient me semblait- il a l'entrée de la demeure.

L'homme était le père de ma dulcinée, et la dame était sa maman, elle leur ressemblait tellement !

Je serrais la main de sa maman, puis celle de son papa.

Il garda sa main serrée contre la mienne et me pris par les épaules et droit dans les yeux :

Vous etes notre invité aujourd'hui et j'espère qu'un jour vous serez ici chez vous !

Ma fille vous aime tant me dit-il , elle nous téléphone tous les jours pour nous donner de vos nouvelles !

J'étais assis sur le cul !!

Ils me firent entrer dans un salon magnifique, je n'y connaissais absolument rien en décoration , mais c'était d'un confort inégalé , les fauteuils étaient moelleux et doux , il y avait des peintures de personnages pleins les murs !

Je n'osais pas ouvrir la bouche, attendant les questions comme a l'oral du bac.

Il était chaleureux , et de but en blanc il me dit : je sais tout de vous, que vous êtes juif, que vos parents sont en israel, que vous manger cacher, que vous etes né en tunisie et enchaina qu'il connaissait très bien la tunisie,qu'il avait été en israel en vacances avec son épouse et qu'il adorait le couscous !!
FIN DU DEUXIEME EPISODE A DEMAIN SI VOUS LE VOULEZ BIEN ! JACQUOT

Merci Jacquot de nous raconter si bien ce que je sais si profondément quant à "l'antisémitisme" des vieilles familles de France.

c'est trop beau cette histoire , on ca pourrait presque ete ecrit par breitou.