Bazooka (Bazooka) le jeudi 29 mars 2007 - 09h15:
Pour Girelle et Cacouboulou qui m'en ont fait la demande:
Ci-dessous, la lettre circulaire de Francois Bayrou adressee par courrier electronique aux Expatries et Francais de l'etranger.
Comme precedemment indique, en tant que Francaise de l'etranger, je ne sais pas d'ou son comite a obtenu mon adresse email, je leur en ai donc fait la demande, et a cette heure, je n'ai pas encore de reponse.
En outre pour etre complet sur la question de l'enseignement, au jour d'aujourd'hui, ne subsiste en Israel qu'un seul etablissement francophone laique reconnu par le gouvernement francais, pour l'enseignement maternel, le primaire et le college, dont les frais de scolarite sont tellement eleves, que son acces en est proscrit a la vaste majorite des foyers francais et francophones.
Pour memoire, la population francophone d'Israel s'eleve a environ 100 000 ames (le Consulat se refuse toujours a donner un chiffre officiel, pretextant que seule une partie des Francais d'Israel sont enregistres au Consulat, et que le nombre des francophones, pas forcement de nationalite francaise, n'a jamais ete determine avec exactitude).
Pour ceux qui souhaitent verifier le montant des frais de scolarisation dans ledit etablisssement, aller sur le lien:
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fr.ambafrance-il.org]
Bonne lecture.
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Lettre a mes compatriotes expatries
Chere Madame, cher Monsieur,
Dans quelques jours maintenant, les Francais vont devoir elire le prochain president de la Republique, et, par leur vote, engager l’avenir de notre pays, a un moment ou il doit faire face, tout le monde en convient, a des enjeux essentiels. Des solutions qui leur seront apportees depend, plus que jamais, le futur de notre societe et donc celui de nos enfants.
Notre pays est un grand pays. Le rayonnement de la France dans le monde est grand, et il est surtout porteur d’espoir pour de nombreux peuples en proie a tellement de difficultes. Or, pour l’immense majorite d’entre eux, le seul contact qu’ils auront jamais avec la France sera l’image que les Francais de l’Etranger leur apportent.
Je suis tres conscient de cette responsabilite qui est la votre, comme je suis tres conscient des problemes specifiques qui sont ceux des communautes d’expatries. La presence francaise a l’etranger est un element capital de la politique de notre pays, politique economique et culturelle, et j’estime qu’elle doit etre encouragee, soutenue et renforcee.
Elu president de la Republique, je veillerai tout d’abord a ce que le reseau de nos etablissements d’enseignement a l’etranger, deja le premier au monde, soit non seulement maintenu, mais developpe. C’est en effet l’une des preoccupations majeures, et bien naturelle, des parents amenes a s’expatrier pour des raisons professionnelles que de pouvoir assurer la ou ils se trouvent la meilleure education possible pour leurs enfants. De plus, le systeme d’education francais est sans aucun doute l’un des plus performants au monde, et partout ou il existe une ecole francaise, on sait bien que tres nombreux sont les enfants etrangers qui la frequentent. Nous avons ainsi, grace a ce reseau d’etablissements, un moyen extraordinaire de developpement de notre langue, de notre culture, de notre conception de la societe, de notre influence dans le monde, que nous devons mieux et davantage utiliser. Et la ou le nombre d’enfants francais ou francophones ne serait pas suffisant pour ouvrir une ecole, une negociation sera entreprise avec les gouvernements des pays concernes pour la presence d’enseignants francais au sein des ecoles locales.
Les conditions d’acces des enfants de Francais expatries au service public scolaire doivent etre les memes que celles des enfants de metropole, cela va pour moi de soi, car il s’agit du principe de l’egalite des citoyens devant la loi. Il n’est pas acceptable que certaines familles francaises soient obligees d’inscrire leurs enfants dans des ecoles etrangeres faute de pouvoir payer les droits d’ecolage dans les etablissements francais. Le developpement du reseau scolaire permettra egalement a un certain nombre d’enseignants residant a l’etranger, et je pense essentiellement aux conjoints, de trouver un emploi leur permettant de poursuivre leur carriere administrative, avec un recrutement prioritaire.
Il me parait, d’autre part, juste et legitime que les Francais de l’Etranger puissent beneficier d’une protection sociale identique, avec des modalites d’adaptation a definir, a celle dont beneficient non seulement leurs compatriotes habitant la metropole, mais aussi les Etrangers residant en France. A cette question est reliee celle du retour et de la reinsertion sociale, a la fin de la periode d’expatriation, et, indirectement, celle de la valorisation professionnelle de l’experience acquise. Trop souvent, en effet, je le sais, l’expatrie rentrant au pays est plutot penalise dans sa carriere, ce qui n’est pas acceptable.
Ces mesures, qui sont des mesures de simple justice sociale, et que je m’attacherai a mettre en oeuvre sans delai si je suis elu, peuvent etre financees de differentes facons, en faisant par exemple appel au systeme mutualiste et au partenariat socio-professionnel, et elles feront l’objet d’une etude specifique dans le cadre de la reforme globale des systemes de retraites qui sera l’un des grands chantiers du prochain quinquennat.
Je souhaite d’autre part que le reseau consulaire francais, longtemps le premier du monde, soit maintenu, tout en s’adaptant aux mouvements du monde, et que ses effectifs, au lieu d’etre sans cesse reduits, soient au contraire renforces, par un redeploiement des personnels du Quai d’Orsay.
Enfin, je m’engage a ce que les Francais de l’Etranger puissent, avant la fin du mandat qui me sera confie par les electeurs, elire au suffrage direct et parmi eux, leurs representants a l’Assemblee nationale. Cela pose, j’en suis conscient, d’importants problemes d’organisation, notamment lies a la souverainete des Etats, mais difficile ne veut pas dire impossible. Et il me parait sain que la voix de nos compatriotes expatries puisse se faire entendre directement au sein de la Representation nationale, aux cotes de leurs senateurs.
Pour etre respectee, pour asseoir et developper son influence politique, economique, culturelle, commerciale, la France doit imperativement s’attacher a retablir une image de grande puissance qui s’est peu a peu, il faut savoir le reconnaitre, affadie au fil du temps. L’amelioration des conditions de vie des Francais de l’Etranger et les incitations a renforcer leur presence dans le monde, aupres des entreprises notamment, y contribueront grandement, et c’est pourquoi j’y suis particulierement sensible.
Si je suis elu, un delegue interministeriel sera nomme, qui sera charge, en etroite cooperation avec les administrations, institutions, organismes et associations plus specialement concernes par la communaute francaise expatriee, de recenser leurs problemes specifiques, outre ceux que je viens d’evoquer, de proposer puis de mettre en oeuvre dans les meilleurs delais possibles des solutions adaptees, et je m’engage a y veiller personnellement.
Je vous prie de croire, chers Compatriotes de l’Etranger, a l’assurance de mes sentiments les plus cordiaux.
Francois BAYROU