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GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.

Envoyé par ladouda 
GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
04 novembre 2015, 22:45
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Tozeur est aussi une ville religieuse et culturelle où l’on pratique le soufisme qui est une quête spirituelle mystique et ascétique de l’islam. Le mot arabe ‘safa’ signifie clarté, limpidité, pureté cristalline.

Auparavant la ville a connu l’influence chrétienne sous l’impulsion de St Augustin d’Hippone lui-même né en Afrique d’un père romano-africain et d’une mère berbère, c’est semble-t-il sur les ruines d’une basilique chrétienne que fut construite la mosquée El Kasr. Encore aujourd’hui on a conservé de cette période un rite étonnant on baptise les enfants avant la circoncision (ce rite s’appelle le Sidi Yuba)

Si les caravaniers faisaient halte à Tozeur c’est aussi pour bénéficier de sa bienveillante et accueillante oasis. Dès l’antiquité fut mis en place un système de répartition équitable de l’eau mesurée par le ‘gadous’ (mesure hydraulique, le terme est encore employé aujourd’hui) qui vient du latin ‘cadus’ (clepsydre).

La culture d’oasis est savamment articulée autour de principes simples entre les plantes qui vont chercher l’eau profondément dans la terre et celles dont les racines sont progressivement moins profondes, celles dont la lumière maximale est nécessaire et celles qui ont besoin de moins de lumière. Cette recherche conduit à une végétation à plusieurs niveaux.

Très haut et au dessus de tous les végétaux on trouve les palmiers dattiers, ils prennent le soleil et filtrent ses rayons, en même temps peu gourmands en eau leurs racines vont chercher en profondeur leur substance nourricière ; ensuite on trouve les arbustes méditerranéens : orangers, citronniers, pêchers, pommiers, abricotiers, grenadiers, à l’ombre des arbres fruitiers on cultive les céréales et les cultures maraîchères.

Ce dont les habitants de ces territoires doivent se méfier c’est de la surexploitation de l’eau ; aujourd’hui il faut aller la chercher de plus en plus profond et avec des moyens mécaniques de plus en plus puissants.

Tozeur est la ville du Chott El Djérid , cette étendue salée est quelquefois mouillée par les rares pluies d’hiver, cette manne du ciel est propice à la cueillette du sel. C’est aussi sur les Chotts tunisiens que l’on peut découvrir le phénomène des mirages, lorsque le ciel est limpide et que le soleil inonde l’étendue salée les visiteurs peuvent voir au loin se dessiner des villes qui n’existent pas.

Au sud-est du chott El Djérid se trouve la petite ville de Douz, son oasis a constitué pendant des décennies une halte bienfaisante et réparatrice pour les caravaniers qui se rendaient dans la grande ville de Tozeur, s’agissant de la dernière ville avant les dunes du Grand Erg Oriental (l’Erg de l’arabe Irq qui veut dire désert de dunes fixes) la ville est appelée ‘La Porte du Désert’ ; c’est à Douz que vit le jeune Youssef.

Youssef est le second fils d’une famille de bédouins berbères de six enfants. Pendant très longtemps la famille de Youssef a vécu au gré des parcours empruntés par le troupeau de dromadaires qu’elle élevait dans les plaines arides autour du Chott El Djérid. La sècheresse conduisait parfois hommes et bêtes jusqu’aux si lointaines villes de Chébica, Tamerza ou Midès.

A cette époque la famille était condamnée au nomadisme et vivait sous la tente. Aujourd’hui les parents de Youssef vivent dans une petite maison non loin de la palmeraie. Et c’est à travers les récits du grand-père qui habite avec eux, que Youssef a appris les rudiments du métier de chamelier.

Enfant, Youssef suivait son père sur les pistes qui conduisaient au troupeau, celui-ci était quelque peu sédentarisé car outre les rares touffes d’herbe sèches et les feuilles d’acacia, les dromadaires de Youssef se nourrissaient, des cladodes (rameau aplati en forme de raquette) des figuiers de barbarie et de sorgho que son père faisait pousser dans l’oasis.

Adolescent, Youssef aidait beaucoup son père, ils en étaient arrivés à un partage des tâches : lui s’occupait des dromadaires son père pourvoyait à leur alimentation et à celle du foyer familial sur le petit lopin de terre qu’il possédait.

Les dromadaires paissaient à quelques kilomètres de la maison, tous les jours Youssef chargeait les paniers des cladodes de figuiers, du fourrage de sorgho préparé par le père, parfois il remplissait deux sacs de graines de sorgho et partait avec les trois dromadaires, le premier lui servant de monture et les deux autres portant le chargement de nourriture pour leurs congénères.

Le troupeau était composé de deux mâles, d’une quarantaine de chamelles et d’une vingtaine de chamelons, outre le fait de nourrir son bétail Youssef devait vérifier les pieds des bêtes, les dromadaires sont des digitigrades à ce titre ils ne portent pas de sabots et bien que la peau soit épaisse, une épine peut toujours se planter sous le pied.

Puis il fallait traire les chamelles, bien nourries les chamelles de Youssef donnait beaucoup de lait qui suffisait largement aux besoins des nourrissons et permettait une collecte suffisamment importante pour pouvoir le vendre au souk de Douz.

Son travail ne s’arrêtait pas là, il fallait vérifier le sevrage des chamelons qui seraient vendus au marché aux bestiaux de Douz, car seuls les petits étaient utilisés pour leur viande et leur cuir. Une fois par semaine Youssef conduisait le troupeau jusqu’à Douz pour emmener ses bêtes à l’abreuvoir, c’était aussi pour lui l’occasion d’offrir à ses dromadaires leur met favori : une pâte faite de farine de sorgho et de dattes ; c’était un très bon moment pour Youssef de voir avec quel plaisir ils dégustaient leur friandise.

Ces rares moments de communion parfaite entre la bête et l’homme, lui laissaient penser qu’il exerçait le plus beau métier du monde.


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04 novembre 2015, 22:51
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Un matin alors qu’il se rendait sur le lieu de pâture, Youssef ne vit pas ses bêtes, il connaissait bien chacune d’entre elle, et il pouvait les identifier de loin à la couleur de leur robe ; il eut un très mauvais pressentiment : « et si quelqu’un lui avait volé ses dromadaires ! ». 

Il poursuivit encore quelques centaines de mètres, pas de troupeau, alors son cœur se mit à battre très fort. Pourtant tout le monde se connaissait à Douz, jamais personne n’avait eu à se plaindre d’un quelconque vol, et les chameliers avaient tous leur territoire ; tout au plus y-avait-il eu une confusion sur telle ou telle bête mais les litiges se réglaient rapidement et sans éclats.

Youssef revint à la maison, la mort dans l’âme annoncer la mauvaise nouvelle ; personne ne voulait croire à ce désastre. Mais au bout de quelques minutes la décision fut prise d’aller à la recherche du troupeau. Le père de Youssef alla chercher la vieille tente qui avait été gardée et soigneusement pliée et conservée comme on préserve une relique, les quelques ustensiles furent également placés dans le panier ; on chargea des vivres et des vêtements chauds, les nuits dans le désert sont froides, et les deux hommes harnachèrent les deux dromadaires de selle qui leur servaient de monture, et en chargèrent un troisième des paniers qu’ils avaient préparé.

Le père de Youssef se trouva rajeuni de quelques années lui qui avait connu enfant les transhumances des bêtes et le nomadisme de la famille, pour Youssef c’était une nouvelle aventure, partagé par le souhait pressant de retrouver son troupeau et l’excitation de l’aventure qui se présentait.

Pour aller plus vite on traversa le petit Chott Sahlia, d’habitude Youssef le contournait pour préserver du sel, les pieds de ses dromadaires, et on emprunta la piste du nord qui menait à Jemnah, distante de 27 kilomètres, alors commença le parcours habituel des grandes étendues désertiques ocres balayées par le vent à la recherche du troupeau perdu.

Toute l’après-midi fut consacrée à la découverte d’indices, on inspecta les buissons pour vérifier si les rares touffes d’herbes avaient été consommées, on inspecta le sol pour tenter d’apercevoir des traces d’excréments. Le soleil déclinait et pas la moindre trace.

Il fallut se résoudre à monter la tente, la tente montée le climat pesant n’incitait pas à allumer le feu et préparer le repas ou même le thé, tout juste Youssef se saisit d’un morceau de ‘khobz’ (pain) très vite avalé, il s’enroula dans sa couverture et essaya de dormir le cœur lourd. Après avoir tourné et retourné dans sa tête toutes les possibilités il finit par succomber au sommeil, d’un sommeil si léger que dès l’aube, alors que le soleil n’avait pas encore fait son apparition, il était débout. Son père était déjà levé, ils se tournèrent vers l’est, vers la Mecque et ils commencèrent leur prière invoquant et appelant dieu à les aider à retrouver leurs bêtes.

Ils versèrent ensuite, dans un bol en fer blanc un peu de lait de chamelle contenue dans une gourde en peau et y trempèrent leur pain.

Ce maigre repas terminé on s’activa à lever le camp et on reprit la piste vers le nord, des dromadaires qui paissaient tranquillement furent aperçus, les chameliers interrogés ne purent donner d’indications on traversa l’oued El Mellaf qui était à sec en remontant en direction de la ville de Kebili, au bord de la route ils virent un jeune dans son burnous, accroupi, qui avait devant lui des bidons en plastique rouge. Youssef connaissait bien ce type d’activité ; ce jeune revendait sans doute de l’essence de contrebande qui provenait de Libye aux rares automobilistes qui prenaient la direction du nord.

Ce trafic était connu de tous et même des autorités qui fermaient les yeux. Ils demandèrent au jeune homme s’il n’avait pas vu ou entendu parler d’un troupeau de dromadaires égarés dans le secteur.

Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils apprirent qu’un troupeau de dromadaires était passé au galop dans la direction de Tembib à l’ouest de Kebili, il avait même constaté que l’un deux était blessé au cou et perdait du sang.

Ils s’empressèrent de reprendre leur route en bifurquant en direction du Djerid. Soudain après une bonne heure de marche ils aperçurent à quelques trois cent mètres de la piste un troupeau à l’arrêt ; certains dromadaires avait pris la position baraquée, (accroupie), Youssef reconnut tout de suite le grand mâle qui menait en général le troupeau, ils s’approchèrent et reconnurent un bon nombre de chamelles, certaines laissaient téter leur chamelon.

A première vue le troupeau lui parut plus important, il en fit part à son père qui parvint au même constat. Quelque peu éloigné du troupeau ils virent un mâle qui semblait profondément entaillé, du sang séchait sur son cou, Youssef et son père ne le connaissait pas.

Tout à la joie d’avoir récupéré leur bien, ils entreprirent de revenir sur leurs pas en prenant soin de ramener tout le troupeau, y compris le mâle blessé. Le parcours du retour fut plus léger mais ils ne purent éviter une nouvelle nuit dans le désert.

Cette fois les herbes sèches et le petit bois ramassés quelque temps auparavant éclairèrent la nuit de leurs flammes, comme au bon vieux temps on versa un peu d’eau dans la marmite on découpa les légumes qui vinrent rejoindre la semoule, une petite cuillère d’harissa vint parfumer et agrémenter la soupe. Jamais soupe ne parut aussi délicieuse, le père et le fils sans avoir besoin de parler communiquaient du regard, on prépara même le thé.

Fatigués par les longues heures de selle, après la prière, ils s’endormirent profondément. Le lendemain la dernière étape fut une simple formalité. Arrivés à la maison ils s’enquirent à Douz auprès des éleveurs si quelqu’un n’avait pas perdu une partie de son bétail ; ils apprirent ainsi qu’un marchand de bétail venu de la région de Tataouine au marché du jeudi avait perdu, un mâle et six chamelles.

Alors tout paru plus limpide, en effet chaque mâle dominant dirige le groupe familial composé de plusieurs chamelles et leurs chamelons. A la saison des amours la bataille entre mâles peut être extrêmement violente, pouvant entraîner la mort du vaincu, si on ne parvient pas à les séparer.

Sans doute en passant près du champ où pâturait le troupeau de Youssef un mâle avait du percevoir les chaleurs d’une femelle et s’était approché entraînant avec lui quelques femelles ; il avait ainsi échappé à la vigilance de son propriétaire. Le reste est à mettre au crédit de la nature et sur le compte d’une histoire d’animaux qui voulaient ressembler à des hommes.

Youssef qui n’avait jamais connu le frisson de la nuit passée en plein désert sous la tente, put ainsi le lendemain partager avec son grand-père l’histoire familiale que des années de modernité avaient fini par effacer sauf dans la mémoire collective des peuples.


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06 novembre 2015, 00:14
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Le ‘Roba Vecchia’ de la rue des Belges

Le marché central de Tunis est l’un des plus grands et plus beaux marchés d’Afrique du Nord. Construit en 1891, de forme carrée, il possède des galeries en dur, couvertes qui en délimitent le pourtour, et un immense espace central en plein air, il ressemble ainsi à un immense caravansérail où tous les espaces seraient livrés au commerce.

Sur le plan architectural il présente une double particularité, il est à la fois de style mauresque et colonial. Les galeries sont disposées à l’image des souks par catégorie de marchandise. La plus belle et la plus fréquentée est la halle aux poissonniers ; il faut préciser que Tunis est situé au fond d’un golfe extrêmement poissonneux qui reçoit chaque jour en abondance une très grande variété des meilleurs poissons de méditerranée.

Tous les étalages sont un véritable spectacle car bien souvent les poissons sont encore vivants. Autres galeries, autres curiosités la halle aux volaillers, volailles et lapins sont vivants dans leur cage, l’abatage et le plumage se fait sur place, de même pour les lapins, ils sont dépouillés de leur peau et vidés de leurs viscères sur place.

La galerie des bouchers est tout autant spectaculaire, seuls le mouton et le bœuf sont vendus pour respecter le coran mais les quartiers de bœuf sont pendus à l’extérieur, de part et d’autre de la devanture et entamés au fur et à mesure de la commande, de même les agneaux et les moutons pendus au dessus de la porte forment un alignement régulier.

Les épiciers ont aussi leur propre originalité, toutes les épices, et elles sont nombreuses en Tunisie sont présentées dans des sacs côte à côte formant ainsi une symphonie de couleurs chaudes rouge, ocre, jaune et brun. Les légumes secs sont aussi présentés dans des grands sacs posés à même le sol, car elles sont vendues au poids et non empaquetées comme dans nos grands magasins.

Les fromagers, les pâtissiers, les boulangers avaient aussi leur négoce dans les galeries, mais ce qui attirait le regard c’étaient les marchands d’olives et de salaisons en effet la Tunisie est l’un des tous premiers producteurs d’olives et d’huile d’olive. L’espace central était réservé aux légumes et aux fruits.

Il serait sans doute fastidieux d’énumérer toutes les richesses des produits cueillis ou ramassés du matin, les variétés propres à l’Afrique du nord, mais ce qui frappait mon esprit d’enfant c’était les montagnes de melons et de pastèques sur lesquelles était juché un vendeur qui donnait le prix et ensuite lançait le fruit à son collègue en bas qui le réceptionnait, ces melons pesaient parfois dix kilos, j’étais aussi attiré par les marchands de figues de barbarie que l’on mangeait sur place car le vendeur les découpaient à la demande du client, certains marchands avaient devan eux, un énorme tas de fleurs d’oranger ou de pétales de roses, les tunisiens font eux même leur eau de fleur d’oranger et leur eau de rose car ils s’en servent pour leur caractère médicinal.

Parfois on rencontrait un marchand d’escargots ou de champignons ; les plus âgés ou les femmes vendaient les herbes aromatiques. A une époque où personne n’utilisait les engrais chimiques, les pesticides ou les herbicides tous ces produits issus de l’agriculture étaient particulièrement odorants et goûteux.

Le fondouk El Ghalla c’est ainsi qu’on désignait en arabe le marché central, avait plusieurs portes, une par section du carré. Le fondouk se rapproche du caravansérail par le fait qu’il permet d’accueillir les caravaniers, il permet de loger hommes et bêtes et de vendre les marchandises, en général les écuries et les magasins sont situés dans les galeries du bas, les chambres pour le repos des hommes est à l’étage. Si on avait donné le nom de fondouk au marché central c’est parce qu’il en avait la forme et également la fonction de la vente.

De part et d’autre de l’entrée principale qui s’ouvrait par une porte monumentale de style mauresque se trouvaient des locaux, certains les avaient transformés en commerces c’est là qu’Ali le marchand d’huile et de savon avait sa boutique d’énormes réservoirs cylindriques contenaient les différentes huiles d’olive, l’huile uniquement d’olives se vendait au litre avec la mesure en fer blanc, le savon était découpé dans un énorme pain et vendu au poids.

D’autres locaux servaient à stocker des marchandises. Chedli conservait ses marchandises dans un petit réduit qui lui servait d’entrepôt. Il exerçait une profession particulière dont le nom n’existe dans aucun dictionnaire, mais que tout le monde à Tunis connaissait bien : il était ‘roba vecchia’

Cette appellation exige des explications, il s’agit avant tout de la langue italienne, la traduction mot pour mot est ‘linge ancien’ une traduction plus précise serait ‘vielles fripes’ et pourtant je suis tenté de traduire par ‘vieilles nippes’ car le ‘roba vecchia’ achetait tout ce dont les gens voulaient se débarrasser : vieux vêtements, bouteilles consignées, vieux outils, vieux meubles, il reprenait tout.

Mais son travail était aussi de tout recycler et de revendre un bon prix.

Aujourd’hui on a des brocantes ou des vides greniers, nous, nous avions le ‘roba vecchia’ car c’était aussi le nom du personnage, c’est ainsi qu’il se faisait appeler. Chedli avait su s’implanter dans les quartiers de la ville européenne, où la classe sociale moyenne ou intermédiaire, avait tendance à revendre ; il désertait les très beaux quartiers du Belvédère où on préférait jeter plutôt que de revendre. Puis il se rendait à la ‘Petite Sicile’ le quartier fréquenté par les Italiens très peu fortunés ou à la Médina où il trouvait ses clients.

L’originalité du ‘roba vecchia’ était de se faire reconnaître par le son de sa voix, chacun avait sa tonalité, son cri ou son chant et on se demande si certains n’émettaient des sons perceptibles, par-dessus les bruits de la rue, des véhicules à moteur, des cris des vendeurs de rues,

Mais le ‘roba vecchia’ cumulait d’autres fonctions, il était aussi un peu déménageur, les après-midi alors que la rue s’apaisait, que l’activité du marché s’était éteinte, que les ménagères étaient libérées de leur tâches culinaires (il faut préciser que l’on s’approvisionnait en produits frais chaque jour, et que l’on cuisinait sur l’instant, car les grandes surfaces, les réfrigérateurs ou les congélateurs n’existaient pas.

Chedli suivi d’une cohorte de portefaix, ceux-là mêmes qui tout le matin au marché avaient patiemment suivi une dame ou une petite mémé, en portant leurs lourds paniers qui s’alourdissaient au fur et à mesure des achats, déménageaient des meubles, des cuisinières et toutes sortes de lourdes charges.

Il n’était plus question d’achat ou de vente mais d’une activité de service exercée de gré à gré et dans le cadre de négociations et palabres interminables.

J’ai voulu mettre à l’honneur ces petits métiers qui facilitaient la vie du quotidien et qui rendaient la rue vivante et utile car elle s’articulait autour des besoins, des nécessités et des moyens de chacun.

Aucune nostalgie dans ces propos, aucun jugement de valeur, aucune hiérarchisation par rapport au monde d’aujourd’hui, une simple description de la réalité.

Nous sommes au terme de ce petit voyage, certainement incomplet, au sein de l’histoire et de l’âme du petit peuple, toutes nationalités, toutes religions, toutes couches sociales confondues de la Tunisie coloniale de ces années 50, pas question de démontrer, de prendre partie, de juger, de rétablir, de revisiter, seulement le goût et le plaisir de faire revivre.


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09 novembre 2015, 00:34


La Piccola Sicilia sur Youtube





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11 novembre 2015, 15:18


Lézard rouge

Train à l'arrêt devant l'une des parois des gorges de Selja
Le Lézard rouge est le nom donné à un train touristique de Tunisie parcourant les gorges de Selja, un canyon aux parois abruptes au centre duquel coule l'oued Selja. Le départ se fait à la gare de Métlaoui (ville située entre Tozeur et Gafsa) dans le centre-ouest du pays, le train parcourant ensuite 43 kilomètres sur une portion empruntée par les trains miniers évacuant les phosphates.

Construit aux ateliers de Rouvain en 1910, par la société Dyle et Bacalon (France), ce train est à l'origine réservé au transport du bey de Tunis et de sa cour. Il est alors composé d'une voiture pour le bey, d'une voiture pour la cour, d'une voiture-restaurant et de deux fourgons accueillant les bagages. La voiture beylicale est transformée dans les ateliers de la Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens à Sidi Fathallah, en 1922, en vue de son adaptation au réseau tunisien à voie métrique.


Carte du tracé entre Métlaoui et Redeyef avec les gorges de Selja marquées en rouge
Ainsi qu'il sied à un véhicule royal, son aménagement et sa décoration sont d'une richesse, d'un confort et d'un raffinement extrêmes : boiseries, velours grenat, marqueterie, revêtements de sol et cuivre l'inscrivent dans la ligne des grands trains du début du xxe siècle tels que l'Orient-Express, le Train bleu ou l'Étoile du nord.

Durant son illustre carrière, le train sert aux trois derniers souverains husseinites (Ali Ier Pacha, Moncef Bey et Lamine Bey) ainsi qu'à de nombreuses personnalités étrangères hôtes de la Tunisie. Symbole d'une époque révolue et supplanté par la voiture individuelle, d'un usage plus discret, le train beylical se trouve remisé sur une voie de garage pendant de longues années.

Ce n'est qu'en avril 1974 que, sous l'appellation de Lézard rouge, il reprend du service à la suite d'une convention conclue entre la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) et la société Transtours qui l'affecte, pendant une courte période, à la desserte d'un circuit touristique entre Tunis et Tozeur avec une halte à El Jem pour permettre aux passagers la visite de son amphithéâtre. Après une révision technique et un réaménagement, le Lézard rouge est à nouveau remis en circulation en 1984 et exploité de manière intensive mais, cette fois, sur le tronçon du réseau reliant Métlaoui à Redeyef (construit entre 1906 et 1907), un circuit traversant les gorges de Selja.

Une locomotive diesel tracte une rame composée de six voitures peintes en un rouge royal, munies d'un bandeau jaune or souligné de noir qui court le long de ses flancs où les noms de Lézard rouge et de train touristique sont inscrits en arabe et en français de chaque côté, tandis que le sigle de la SNCFT est gravé dans une plaque de bronze.

Le train touristique se compose d'une voiture-salon, d'une voiture-bar et de quatre voitures confortables dont deux de première classe.

Le train, d'une capacité de 116 places, accueille les passagers en gare de Métlaoui. Il les conduit à la découverte des gorges de Selja (canyon inaccessible en temps normal) en 1 h 45 environ. L'adjonction de wagons supplémentaires ainsi que l'organisation d'un simulacre d'attaque du train, à la façon de Lawrence d'Arabie, peuvent être proposées aux groupes de touristes.

Il reprend son service le 21 décembre 2011 après une interruption de presque une année en raison de la baisse de l'activité touristique1.







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13 novembre 2015, 09:44
L’INVASION VENUE DE LA MER.

Par notre Ami du Lycée de Carthage : Umberto Gurreri.

Invasion

Dans le vagabondage de mes lectures j’ai trouvé une pépite que je vais essayer de relater. Les changements climatiques survenus entre le dixième millénaire et le deuxième avant JC ont provoqué une grande sécheresse et la remontée du Sahara.

Au fil du temps et en lisière du désert, des peuples très divers se sont installés, côte à côte ou ensemble: berbères, noirs remontés de l’Afrique subsaharienne, arabes, hébreux venus de l’Asie. Très voisins par leur mode de vie, Leur territoire est sans doute l’un des plus extraordinaires du monde, puisqu'il s’agit de la région des grands chotts (chott en arabe veut dire la rive, et il définit de grandes étendues lagunaires sèches la plus grande partie de l’année).

Djerid

Cette zone entre les derniers contreforts de l’Atlas et le grand désert de sable s’appelait du nom ancien de bileduldjérid qui veut dire pays des dattes et comme il s’agit d’une sorte de goulet, les arabes l’ont appelé ‘El foum’, la bouche du désert.

Le grand historien et géographe de l’antiquité Hérodote au Vème siècle av JC, dans sa quête des sept merveilles du monde, et au cours de ses voyages décrit la zone des chotts tunisiens et lui donne le nom de Lac Triton. Quelques quatre cents ans plus tard le chroniqueur et historien grec né en Sicile et installé à Rome, Diodore de Sicile lui aussi lancé dans la recherche des sept merveilles fait référence au ‘Lac Tritonis’ (nom latin du lac Triton) qui selon sa description serait le Chott El Djerid , alimenté par un fleuve Triton qu’on a un peu de mal à situer.

Triton

En effet il existe un deuxième fleuve Triton en Grèce et on ne sait s’il faut mettre ces imprécisions sur le compte de géographes peu sûrs à cette époque, des erreurs de leurs relevés ou sur les légendes qui se propageaient.

L’une d’entre elles est passionnante puisqu’elle fait naître la déesse Athéna sur les bords du lac Triton, c'est-à-dire vers le Chott El Djérid, d’où son surnom de Tritogénie très couramment répandu. Mais s’agissant d’une légende elle est démentie par une autre légende qui fait naître Athéna sur les rives du fleuve Triton en Béotie (Grèce), d’un événement que seuls les dieux de l’Olympe peuvent vivre.

Le Dieu Zeus décide d’avoir un enfant avec Métis (une océanide : gardienne des lacs et des rivières) mais on lui rapporte que Métis va enfanter d’un guerrier qui n’aspirera qu’à lui prendra son trône alors il décide d’avaler Métis dont l’aspect visible est sous la forme d’une goutte d’eau et c’est lui qui va donner naissance à une Athéna casquée et portant le glaive.

Athena

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15 novembre 2015, 00:53


Autre référence au Lac Triton identifié comme l’actuel Chott El Djérid, celle contenue dans l’épopée rapportée par Appollonios au IIIème siècle.

Apollonios de Rhodes (en grec ancien Ἀπολλώνιος / Apollốnios, Alexandrie ou Naucratis, v. 295 – v. 215 av. J.-C.) est un poète épique grec du iiie siècle av. J.-C., disciple de Callimaque et successeur de Zénodote au rang de directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie.

Apolonios

Sa vie nous est connue grâce à deux types de documents, les textes alexandrins et les textes de l’époque romaine ou byzantine. Ces derniers documents procurent des informations plus amples sur la biographie d’Apollonios que les textes alexandrins, ils comportent deux Vies anonymes, des passages de Suidas et un papyrus renfermant une liste des bibliothécaires d’Alexandrie.

L’œuvre d’Apollonios se compose principalement des Argonautiques, en quatre livres, qui est l’unique poème épique demeurant entre Homère et Nonnos, et de fragments de compositions en hexamètres sur la fondation des cités d’Alexandrie, Naucratis, Cnide, Rhodes et Caunos.

Argonaute

L’auteur décrit dans ses chants, le voyage de Jason à la recherche de la Toison d’or sur le bateau Argo. L’épopée s’appelle les Argonautiques, une tempête les fait dériver pendant douze jours, ils accostent enfin sur une rive qui pourrait être le golfe de Gabès appelé par les anciens la petite Syrte d’où la confusion avec la Syrte de Tripolitaine, c’est au cours de cet accostage que les Argonautiques ont du transporter leur navire Argo à dos d’homme pour satisfaire aux volontés des dieux, jusqu’au lac Triton.

Les chotts El Fejaj le plus à l’est, le chott El Djérid le plus vaste et le chott El Gharsa à l’ouest auraient pu se contenter de la richesse de cette histoire puisée dans des récits de voyage et dans les abondantes légendes de la mythologie grecque, mais il a fallu composer avec la folie imaginative d’hommes que ces légendes ont pu inspirer.

chotts El Fejaj

Au XIXème siècle alors que l’impératrice Eugénie inaugure le canal de Suez, mariant les mers d’Orient et d’Occident, les projets les plus fous naissent dont la plupart vont se réaliser percement des Alpes, tunnel sous la manche, liaison entre l’océan Atlantique et Pacifique (canal de Panama).

impératrice Eugénie

Un inventeur plus fou que les autres faisant siennes les légendes qui affirmaient l’existence d’une mer intérieure en Afrique s’était mis à rêver de redonner au paysage des chotts l’aspect verdoyant qu’il connaissait avant que le désert n’assèche la région. Puisque la mer avait fui les terres naturellement, des hommes la feraient revenir par leur seule volonté.

Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
18 novembre 2015, 14:46


Quelques jours après l’inauguration du canal de Suez, dans la ‘Revue Moderne’ Georges Lavigne signe un article intitulé : ‘percement de l’isthme de Gabès’. La France est installée en Algérie mais rien ne laisse encore supposer qu’elle fera de la Tunisie un protectorat français douze ans plus tard, donc il faut mettre l’intérêt que porte Lavigne sur la région au seul compte de la passion scientifique. L’auteur de cet article ne se propose pas moins que de percer un canal (dix fois plus court que le canal de Suez) dans le but d’inonder le grand désert.

Suez

Il explique qu’il existe à l’est de l’Algérie et au sud de la Tunisie une zone désertique comprenant des zones lagunaires que les arabes appellent chotts qui signifient rivages (en fait il existe aussi des zones lagunaires autour de Tunis et elles portent le nom de sebkhas) A la commissure occidentale se love l’oasis de Biskra (en Algérie) et à l’autre extrémité la ville de Gabès au bord de la mer que les anciens appellent la petite Syrte. Un chapelet de chotts s’égrène jusqu’à la mer. A sa simple vue l’imagination s’embrase ; victime des mirages l’œil y voit la mer à l’infini.

Il était aussi autrefois appelé en latin Syrtis Minor ou « Petite Syrte », appelé ainsi pour le différencier du Syrtis Maior c'est-à-dire la « Grande Syrte », désignant le golfe de Syrte.

Le nom de Syrtis est un emprunt au grec ancien où Surtis (génitif Surtidos), mentionné par Hérodote, désigne un « amas de sable et de rochers » constitués le long des côtes par les courants et autres mouvements d'eau. Ce mot est à rapprocher du terme Suro signifiant « traîner », « charrier », « balayer », Surma pour « balayure », Surmos pour « rafale », Surtos pour « entrainé », « charrié ».

Petite Syrte

Le golfe occupe une place privilégiée au centre de la Méditerranée, à la jonction entre les bassins oriental et occidental. L'une de ses caractéristiques principales est l'amplitude des marées, la plus forte de Tunisie (moyenne de deux mètres), due à la très grande largeur et à la très faible déclivité du plateau continental. Le marnage y est, avec la haute Adriatique, le plus fort de Méditerranée.

La salinité du golfe varie entre 38 et 39 pour mille et sa température entre 14 et 29 °C.

Il présente des caractéristiques topographiques et biologiques particulières qui lui confèrent l'aspect d'une zone d'élevage favorisant la reproduction et le développement de nombreuses espèces marines. Ben Othman[Qui ?]2 a décrit en 1971 l'existence de 208 espèces marines entre 0 et 300 mètres de profondeur. En effet, le golfe dispose d'un large plateau continental sans présence de relief et avec une pente très douce qui fait que l'isobathe des 200 mètres n'est atteinte qu'à 250 kilomètres de la côte.

Sebkha

Lavigne est un de ces esprits féconds, disciple des idées de Saint Simon et de Fourier et de toutes ces idées nées avec les philosophies et les philosophes du XVIIIème siècle qui souhaitent le bien de tous les peuples pour peu qu’on conjugue industrie et sociabilité dans une réelle volonté communautaire ; il pense lever une armée industrielle (à prendre dans le sens d’industrieuse) et agricole de quatre millions d’hommes qui vont pouvoir en quarante ans reboiser le grand désert. Mais tous les érudits qui entourent Lavigne fouillent plus volontiers les bibliothèques et font davantage confiance à Hérodote et aux historiens de l’antiquité qu’aux savants, aux géographes et aux voyageurs de leur époque. Pour parler de cette contrée des chotts ils usent et abusent de métaphores marines (sel, coquillage, silice, caravanes, corsaires) qui toutes rappellent inéluctablement la mer. Un seul objectif : retrouver ces temps anciens où grecs et romains fréquentaient ces lieux et en avaient fait le grenier de Rome.

La thèse défendue est que la mer recouvrait une partie du Sahara ne laissant émerger qu’une île l’Atlantide (que certains situent plutôt au niveau du Hoggar), qu’elle a fui peu à peu pour ne laisser que quelques dépressions dont le lac Triton (le chott El Djérid). Le sable emporté dans l’écoulement aurait fini par obstruer le passage et l’eau résiduelle se serait évaporée sous l’effet de la chaleur. L’idée était donc de rétablir ce chenal en creusant un sillon jusqu’à la mer pour ramener l’eau au fond des chotts et recréer ainsi les conditions de la prospérité. Mais on en reste longtemps au niveau des projets, des discussions et très loin de la réalisation.


Hérodote
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Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
20 novembre 2015, 00:25


Lorsqu’ un personnage inconnu de la communauté des savants reprend l’idée, il s’agit d’Elie Roudaire. Roudaire est un officier de l’armée, il sort sous-lieutenant de Saint-Cyr ; il s’oriente très vite vers une carrière scientifique au sein de l’armée. Il est affecté au Dépôt de la Guerre en tant qu’officier géodésien, à ce titre il est envoyé en Algérie en 1868 pour cartographier la colonie par les moyens de la géodésie et de la topographie ; affecté au sud de Biskra il découvre la région des chotts.

Roudaire

François Élie Roudaire, né le 6 août 1836 à Guéret et décédé le 14 janvier 1885 à Guéret, est un officier et géographe français. Il est le promoteur du projet de mer intérieure (africaine ou saharienne) auquel Ferdinand de Lesseps a attaché son renom.

Issu d'une famille de la bourgeoisie provinciale portée aux idées nouvelles et aux sciences (son père François Joseph a dirigé le musée d'histoire naturelle de Guéret), Roudaire, après des études classiques dans sa ville natale, sort sous-lieutenant de Saint-Cyr (1er octobre 1855) puis lieutenant de l'École d'application (13 janvier 1858). Il s'oriente ensuite vers une carrière scientifique au sein de l'armée. Affecté au Dépôt de la guerre en qualité d'officier géodésien, le 28 mars 1862, il est envoyé en Algérie, où il arrive le 10 avril 1864, pour cartographier la colonie par les moyens de la géodésie et de la topographie. Opérant au sud de Biskra, dans la province de Constantine, l'officier découvre la région des chotts dont il mesure le premier avec précision la profondeur.

Fort de résultats nettement au-dessous du niveau zéro (jusqu'à – 40 m), et sans connaître la partie tunisienne, Roudaire acquiert la conviction que la vaste dépression salée qui se prolonge jusqu'au golfe de Gabès correspond au lit d'une mer asséchée connue au temps d'Hérodote sous le nom de baie de Triton. Dans un article écrit pour la Revue des Deux Mondes du 15 mai 1874, « Une mer intérieure en Algérie », l'officier consolide son hypothèse et propose de ramener la mer par un canal creusé dans le seuil de Gabès. Entre autres bienfaits, la masse d'eau introduite modifierait notablement le climat local et permettrait de refaire de la région un « grenier à blé ». Ferdinand de Lesseps, qui vient de triompher à Suez, adopte l'idée. Plusieurs écrivains, savants et hommes politiques s'engagent à ses côtés.Dans l'enthousiasme général, le gouvernement charge Roudaire d'une série de missions de reconnaissance et de nivellement. Le 1er décembre 1874, il effectue une première mission, au départ de Biskra, au Chott Melhrir (Algérie). Le 1er mars 1876 et le 27 novembre 1878, il quitte Gabès pour les chotts el-Gharsa et el-Jérid (Tunisie) dont il ressort que la dépression est discontinue, coupée en plusieurs endroits de « seuils », et, plus grave, que le Chott el-Jérid est entièrement au-dessus du niveau de la mer (+ 15 m). La réduction de la surface inondable (entre 6 et 8000 km²) et le coût d'un canal long de 240 kilomètres découragent le gouvernement qui a pris les conseils d'une commission supérieure dite de la mer intérieure (réunie à Paris du 5 mai au 7 juillet 1882).

Mer

Relevé effectué par le commandant Roudaire dans le cadre du projet
Le 28 juillet, le ministre des Travaux publics se déclare défavorable au projet de mer intérieure. Se rabattant sur l'initiative privée, Roudaire et Ferdinand de Lesseps fondent, en décembre 1882, la Société d'études de la mer intérieure africaine. Sur le budget de la société, mais détaché par le ministère, l'officier dirige une quatrième mission au départ de Tozeur dès le 22 janvier 1883. Au retour, gravement mis en cause par le milieu scientifique et contesté par sa hiérarchie, Roudaire meurt d'épuisement le 14 janvier 1885 avec le grade de lieutenant-colonel. Son engagement républicain et fouriériste lui avait attiré de tenaces inimitiés. Quant à la Société d'études de la mer intérieure africaine, après s'être reconvertie dans l'exploitation d'une colonie agricole près de Gabès, elle disparaît en 1892.

Il mesure avec précision la profondeur du Chott Melghir en Algérie qui se trouve à quarante mètres de profondeur par rapport au niveau de la mer, sans connaître la partie tunisienne, Roudaire acquiert la conviction que la vaste dépression correspond bien à cette mer intérieure connue au temps d’Hérodote.

En 1874 il publie un article scientifique dans la ‘Revue des Deux Mondes’ dans lequel il se propose de ramener la mer par l’intermédiaire d’un canal creusé depuis Gabès. Roudaire pense que 20 millions de francs suffiraient pour créer une mer intérieure de 16 000 km2 qui fera barrage aux fléaux que constituent le dessèchement des terres par le vent sirocco et les invasions de sauterelles pour les cultures. L’humidité recouvrée permettra de créer d’immenses oasis et permettra non seulement de donner travail et nourriture aux indigènes mais également de développer un fructueux commerce avec l’Europe.

Roudaire rencontre de très nombreux partisans en France, écrivains, savants, hommes politiques s’engagent à ses côtés ; Le gouvernement charge Roudaire d’établir des sondages, des relevés et une reconnaissance plus précise. Très vite des obstacles surgissent et les déconvenues s’accumulent : contrairement aux hypothèses formulées le Djerid et le Fedjaj se révèlent être à une altitude de quinze mètres et non au dessous du niveau de la mer ; la distance qui les sépare est encore plus élevée et rompt la continuité de la dépression, enfin le seuil qui les sépare de la mer n’est pas constitué d’une accumulation de sable mais de roches dures infirmant la thèse de l’écoulement, enfin lors de sondages près de la palmeraie de Nefta, l’équipe de Roudaire est prise à partie par les villageois et doit faire face à leur hostilité.

chotts

Face à ses difficultés le gouvernement réunit une commission nationale qui regroupe les plus grands savants, des hommes d’affaires et des responsables politiques celle-ci conclut irrémédiablement à l’infaisabilité du projet. Alors Elie Roudaire joue son va-tout, il fait appel à l’homme le plus connu en France pour son génie créateur, le héros du canal de Suez, Ferdinand de Lesseps ; celui-ci avait apporté son soutien au projet de mer intérieure, il reprend à son compte les recherches réalisées par ses prédécesseurs mais entre-temps les budgets s’envolent une nouvelle estimation porte à plusieurs centaines de millions le montant de l’opération.

Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
21 novembre 2015, 10:59


Finalement il est obligé de mettre un terme au projet ; si la mer intérieure sombre, engloutie dans l’implacable réalité de la nature, elle reste cependant, prête à déborder dans l’imaginaire des hommes, car on dit qu’une utopie ne meurt jamais. Le grand Jules Verne l’homme de toutes les aventures prophétiques s’empare du sujet.

Jules Verne prophet

Ce roman, parfois présenté comme le dernier roman de Jules Verne, est en fait, le dernier dont l'écrivain a pu corriger les épreuves imprimées. Verne l'avait baptisé "La Mer saharienne". Son titre définitif est sans doute du cru de l'éditeur, Hetzel fils. Ce n'est ni la première ni la seule incursion de l'éditeur dans l'œuvre. Jules Verne rend le manuscrit le 15 octobre 1904, puis les épreuves corrigées le 12 décembre. Le roman commence à paraître en feuilleton en janvier 1905 dans le Magasin d'éducation et de récréation. Le feuilleton se termine le 1er août de la même année. La première édition en volume date de fin 19051.

Verne-Sahara-1926

M. de Schaller, un ingénieur, est chargé, par une société "française de la mer Saharienne", de relancer le projet de l'irrigation du Sahara.

Les autochtones, à la tête desquels se sont portés des Touaregs expatriés, lui sont farouchement opposés. Leur chef, Hadjar, vient d'être fait prisonnier et doit être jugé à Tunis mais, grâce à la complicité de sa tribu, de sa mère, de ses frères, il s'évade à temps et rejoint le désert.

C'est donc sous protection que M. de Schaller, suivi de son domestique M. François, inspecte les rives de la future mer pour en vérifier la solidité et prévoir l'implantation des ports. Dans l'escorte, pour commander les spahis, se trouvent le capitaine Hardigan, le lieutenant Villette, le maréchal des logis-chef Nicol lui-même accompagné de son cheval Va-d'l'avant et de son chien Coupe-à-cœur.

Tozeur_AQChebbi

On dit qu’il s’agit de son dernier roman, l’auteur l’avait baptisé ‘la Mer Saharienne’, mais c’est sans doute l’éditeur qui lui donne le nom plus dynamique de ‘L’Invasion de la Mer’, il paraît en feuilleton dans une revue en 1905.’L’invasion de la Mer’ se passe en Tunisie, un ingénieur est chargé par une société : ‘la Française de la Mer Saharienne’ de reprendre le projet. Les habitants autochtones aidés des touaregs s’opposent au projet ; l’ingénieur aidé par une escorte de l’armée et d’un détachement de spahis se met au travail ; alors commence une longue confrontation entre l’ingénieur, le monde de la science et de la technique et la vie saharienne des touaregs.

Oasis

Ceux-ci réussissent à mettre en échec les scientifiques l’ingénieur est fait prisonnier, il est sauvé par un tremblement de terre providentiel qui permet l’invasion de la terre par les mers. Ainsi Jules Verne rend à la nature ses lettres de noblesse, ce que la nature avait pris soin d’empêcher, c’est elle et elle seule qui va le réaliser. Tout esprit frondeur pourrait reprocher à Jules Verne de contredire dans ce livre testament, l’hommage qu’il a rendu toute sa vie à la science des hommes, mais qui peut dire cela lorsque l’on mesure combien toutes ses prophéties scientifiques sont devenues réalités.

Chebika

Doit-on pour autant penser que ces lieux mythiques sont condamnés à rester otages du désert, non si on prend en compte la vie qui se poursuit dans la région des chotts ; de l’oasis de Tozeur en passant par la corbeille de Nefta et jusqu’à l’oasis de montagne de Chébika, les caravanes de chameliers poursuivent inlassablement leurs pérégrinations, les oasis sont toujours plus belles, le pays des dattes conserve toute sa magie.

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