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GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.

Envoyé par ladouda 
Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
24 novembre 2015, 06:11


LES BARBARESQUES
Lorsque l’aile de l’avion s’incline et que celui-ci amorce son dernier virage pour se placer face à la piste d’atterrissage de l’aéroport de Tunis-Carthage à El Aouina, on aperçoit à travers le hublot le lac Bahira et en son milieu l’île de Chikli.

Chikly

Dans la partie ouest du lac de Tunis qui s’étend sur plus de 2 500 ha, émerge sur 3 ha la petite île Chikly qui doit son nom à Santiago de Chikly, ancien gouverneur espagnol de La Goulette. Au beau milieu de l’île, se dresse un fort édifié au XVe siècle,

Au début du XXe siècle, l’île Chikly était utilisée comme chambre sanitaire, ou lieu de mise en quarantaine pour les navires revenant d’Extrême-Orient par le Canal de Suez.

La jonction entre Tunis et Carthage est déjà très importante pour les Romains car elle leur permettait le contrôle de l'arrière-pays. Les Romains ont donc construit un barrage à travers le lac. Ce barrage est utilisé aujourd'hui comme voie rapide pour relier Tunis à La Goulette

Jamais les Romains n'ont construit de barrage en travers du lac Bahira. A partir de 1888, on a creusé,du port de Tunis à l’entrée de La Goulette, un chenal de 6m50 de profondeur. 4.800.000 m3 de matériaux ont été dragués, et ont, soit constitué la digue de chaque côté du canal, soit remblayé les bords du chott Bahira à Tunis. La première route établie sur la digue en parallèle avec la voie du TGM est postérieure à l'indépendance.

En raison du comblement continu du lac par les alluvions pendant le XIXe siècle,

Ce ne sont pas les alluvions (aucune rivière ne se jette dans le lac) mais les égoûts (khandak) qui se jetaient dans le lac et ça a duré depuis la création de Tunis.

les troupes coloniales françaises aménagent un canal d'une longueur de 6 milles, de 150 pieds de largeur et de 20 pieds de profondeur.

C'est La Société des Batignolles qui a effectué les travaux de dragage. A l'origine, 10 km de long, 6m50 de profondeur, 30 mètres de largeur au plafond.

L’île est rattachée au continent par une digue de 11 km, parallèle à la route Tunis-La Goulette, dite TGM, qui débouche sur la localité de Kheireddine. Par cet ouvrage, l’île constitue le point de retour de l’eau de mer au lac de Tunis qui se renouvelle grâce à un système hydraulique ingénieux qui exploite les marées hautes et les marées basses par le canal de Kheireddine reliant le lac à la mer.

Ce paysage nous est familier car enfant nous avons franchi des dizaines de fois, dans le TGM, la distance qui séparait Tunis Marine de La Goulette, des dizaines de fois notre regard allait du canal que nous longions sur la droite au lac qui se trouvait sur notre gauche et puis il fallait passer devant l’îlot de Chikli et des ruines de ce qui de loin ressemblait à un château.

Le lac exhalait au cœur de l’été, une très mauvaise odeur, on apercevait à la surface des poissons morts et puis les ruines de Chikli qui nous faisait si peur car on racontait à son propos les légendes les plus folles, on disait qu’il était hanté. Il ne venait à l’idée de personne de vouloir le visiter et pour rien au monde, nous n’aurions débarqué sur l’îlot.

bahira

Bien des années après, alors que mes peurs avaient disparues, j’ai voulu en savoir davantage et mon esprit vagabond s’est égaré dans les méandres du réel et de l’imaginaire. Sur le plan géographique il faut savoir que la mer venait baigner les berges de ces collines sur lesquels s’est érigée la ville de Tunis, autre particularité de part et d’autre de ces collines se trouvaient les embouchures de l’oued Medjerda au nord et de l’oued Miliane au sud. Ces fleuves à fortes charges alluviales déposèrent des sédiments qui finirent par former un double tombolo qui emprisonna la baie et forma ainsi une zone lagunaire peu profonde qui resta néanmoins reliée à la mer par un goulet, non loin de ce passage une ville vit le jour et se développa ; quoi de plus normal que de l’appeler ‘La Goulette’.I. Lac de Tunis (El-Bahira). — Il est appelé ??µ?? par Polybe et Appien ; stagnum, par Tite-Live ; mare stagnum, par Orose (Tissot, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique, t. I, p. 567). A l'époque antique, le stagnum s'étendait au nord probablement jusqu'auprès du village de Douar-Chott, dont le nom signifie le village de la lagune (Delattre, dans le Cosmos du 20 janvier 1894, p. 248). Sur le lac de Tunis, consulter surtout V. Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis.

II. Le Catadas. — Ptolémée place entre Carthage et Maxula l'embouchure du Catadas que les uns ont identifié avec l'oued Miliane, d'autres avec l'ancien chenal naturel de La Goulette. Du moment qu'il est établi que Hadès est l'ancienne Maxula, le Catadas ne peut être, semble-t-il, que l'estuaire de La Goulette. Le lac de Tunis a toujours communiqué, dans les temps anciens comme de nos jours, avec la haute mer, par ce canal naturel, très étroit, plus ou moins creusé et élargi par des travaux d'art ; il était navigable au temps des guerres puniques comme à l'époque byzantine, et il est abandonné seulement depuis quelques années, par suite du percement du chenal du port de Tunis .

III. La Goulette (Halk el-Oued), Galabras. —Sur l'identification de Galabras avec La Goulette, voyez Tissot, Géogr. comp., t. I, pp. 170-171. Les murs du fortin turc contiennent, dit-on, des inscriptions qui proviennent de Carthage (E. de Sainte-Marie, Mission à Carthage, p. 147). Les inscriptions qu'on a trouvées, en petit nombre, à La Goulette, paraissent également avoir été enlevées aux ruines de Carthage .

Goulette

Dans les temps anciens, des historiens de l’antiquité ont identifié ce paysage et l’ont très bien décrit, Polybe le plus grand géographe et historien de son temps décrit fort bien les lieux. Polybe était un général grec qui fut emprisonné à Rome, Scipion Emilien fils adoptif de Scipion l’Africain appelé le Second Africain appelle Polybe à ses côtés pour se rendre dans la province de Carthage désormais sous la domination romaine. Voici comment Polybe décrit la bande de terre d’environ un demi stade (chez les romains un stade valant environ 150 mètres) et s’étendant vers le couchant entre le lac et la mer, il précise qu’il existe une forteresse sur une colline qui s’appelle Thynes et que celle-ci descend jusqu’aux berges du lac.

carthage

Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
26 novembre 2015, 00:59
Bien plus tard vers l’an 100 de notre ère un autre historien Antonin (il ne s’agit pas de l’empereur Antonin le Pieux qui fit construire les thermes de Carthage à partir de l’an 145) décrit le tombolo comme situé entre Carthage et Maxula Prates (Rades), il a une longueur de dix mille (le mille romain : millia passum) et longeant le lac ; il lui donne le nom de Maxulanum litus. C’est précisément à Maxula que Genderic le roi vandale qui chasse les byzantins de Carthage, installe son château et sa capitale.

Maxula

Radès tire son nom de l'expression latine Maxula per rates (Maxula par les bacs), Maxula étant le nom d'origine libyco-berbère du village à proximité duquel se trouve, dans l'Antiquité, une station de bateaux ayant pour fonction de raccorder, par voie de mer, le terminus de la route littorale avec Carthage. Les Arabes n'ont gardé de cette désignation toponymique que rates qu'ils ont transformé en Radès[réf. nécessaire].

Dès le début de la conquête musulmane du Maghreb, la colline de Radès est pourvue d'un ribat en hauteur. C'est autour de ce ribat, depuis longtemps disparu, que s'est constitué le village dont il est parlé au xie siècle et qui semble avoir été pourvu d'un port dès cette époque.

Sous les Hafsides, les vignes s'étalaient sur les coteaux.

Sous le règne des beys husseinites, Radès est habitée par des agriculteurs et recherchée par les notables citadins tunisois3. La localité connaît alors un essor rapide et s'étend vers la plage et sur les collines environnantes durant le xixe siècle.

Des hauts dignitaires s'y font construire des résidences, telles que des maisons de style hispano-arabe agrémentées de jardins comme celles du caïd-gouverneur Mokhtar Ben Zid et du général de brigade Allala Ben Frija, qui s'y fait construire une maison très vaste en 18624.

Entre la fin du XIXe et le début du xxe siècle, des membres de la famille Djellouli se font construire de belles demeures de style hispano-arabe, notamment les ministres M'hammed Djellouli4 et Taïeb Djellouli, ainsi que le caïd-gouverneur Sadok Djellouli5.

Des résidents français s'y font aussi construire des villas bourgeoises à l'européenne. On peut citer la villa coloniale construite en 1905 et racheté par le grand vizir M'hamed Chenik, qui lui donne des styles hispano-mauresque et italien ; son frère Hassen, un notable propriétaire terrien, habite la villa Vacherot, devenue sa résidence au milieu du XXe siècle.


Cette zone géographique qui fut le théâtre de l’une des plus intenses batailles que la Tunisie ait connues ; celle qui opposa entre le 14 mai et le 21 juillet 1535 l’empereur Charles Quint à l’amiral ottoman chef des Barbaresques Khayr-ad-Din Barberousse. On prétend même que Charles Quint utilisa le fort de Chikli reconstruit par les espagnols à des fins militaires avant de faire construire la forteresse de La Goulette où il laissa à Tunis après son départ une garnison de 1200 hommes et une escadre d’une dizaine de galères sous les ordres de l’amiral génois Andréa Doria.

Kayr

Avant de revenir sur la bataille de Tunis il convient de préciser que le terme barbaresque s’applique aux habitants du sud de la Méditerranée, on appelle cette partie de la côte qui comprend le Maghreb et la Lybie la ‘Côte des Barbaresques’, mais le terme désigne également les pirates pour la plupart ottomans qui se livrent aux razzias sur les côtes italiennes et françaises.

La conquête arabe en méditerranée s’est étendue non seulement sur la terre d’Afrique mais aussi sur le territoire de l’Europe ainsi l’Espagne est presqu’ entièrement conquise par les troupes musulmanes qui fondent le royaume ‘d’Al Andalus’ (ne demeurent hors de la sphère d’influence musulmane que le Royaume de Léon, à partir duquel se fera au 15ème siècle la reconquête, le royaume de Navarre et le comté de Barcelone).

Andalus

Les arabes passent même les Pyrénées et la conquête se poursuit en Septimanie c'est-à-dire tout le sud ouest de la France ; la ville de Narbonne devenant le principal centre de commandement. D’autres régions sont occupées : le sud de l’Italie et la Sicile (les arabes y resteront deux siècles), l’île de Malte (les arabes y séjournent quatre siècles). Cette conquête s’accompagne de razzias qui précipitent des milliers de malheureux enlevés dans certains ports, dans l’esclavage.

esclave

Les Barbaresques, et ce terme est péjoratif, sont assimilés aux Maures qui désignent aussi les peuples berbères venus aussi bien de l’Afrique du Nord blanche que de l’Afrique subsaharienne dont les sujets ont plutôt la peau brune ou noire (c’est la raison pour laquelle on représente la tête de Maure corse de couleur noire).

Filmographie de l'esclavage barbaresque :


















Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
29 novembre 2015, 14:35


La course est assimilée dans le monde musulman à un ‘Djihad maritime’ en effet toutes les conquêtes arabes ont transformé le bassin méditerranéen en un ‘lac musulman’.

course

Le ‘corso’ qui n’était pas qu’une spécialité arabe, consistait à attaquer des navires de commerce et à capturer des villageois, les musulmans opéraient sur le territoire européen, alors que Français, Italiens ou Anglais venaient chercher leur butin d’esclaves sur les côtes de l’Afrique du Nord. La course fut un véritable cauchemar pour les populations des deux rives de la méditerranée pendant trois siècles.

Côté musulman les principaux ports de départ se situaient sur la Régence d’Alger et celle de Tunisie avec deux points essentiels Tunis et Djerba. On rapporte que la France de 1628 à 1634 perdit 80 navires et du racheter ou renier 1830 malheureux captifs sans compter les victimes de razzias sur son propre territoire.

razzia

Revenons à l’histoire de la ville de Tunis ; voici comment le grand historien et géographe arabe du moyen âge rapporte en 1068 ce qu’il voit : « a l’est de la ville de Tunis est un grand lac qui a vingt quatre milles de circuit ; au milieu se trouve une île nommée Chekla (en réalité Chikli) qui produit du fenouil et qui renferme les restes d’un vieux château, cette île a deux milles de circuit. Au fond du lac il y a un port et non loin du port se trouve un arsenal ».

galere

C’est précisément dans cet arsenal que se fabriquaient les galères barbaresques, avant que ne soient construits le fort et l’arsenal de La Goulette. La galère barbaresque est assez différente des galères chrétiennes par son extrême légèreté, en effet elle est destinée à être plus rapide que les galions de commerce qui sillonnent la Méditerranée ; longue d’une quarantaine de mètres elle est équipée de vingt quatre paire de rames pour une chiourme (équipage de rameurs) d’environ 130 hommes. Pour alléger le bateau il n’y a pas de château avant, un château arrière de faible capacité est destiné au commandant, au timonier et parfois à une personnalité, la coque de la proue est équipée d’un rostre métallique (éperon d’abordage à la manière des trirèmes romaines).

arsenal

Le propriétaire de la galère et responsable du commerce d’esclaves et des marchandises piratées est appelé raïs (par extension le mot veut dire chef ou président), mais il doit partager son butin avec le Bey, celui-ci devenant propriétaire du navire chrétien piraté et de la moitié de la cargaison de marchandises ou des prises humaines en cas de razzia.

Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
01 décembre 2015, 23:43


Les captures humaines donnent lieu à un commerce d’esclaves bien règlementé, à Tunis le marché aux esclaves se trouvait au Souk El Barka, non loin du Souk El Attarine qui abritait la plus grande bibliothèque de Tunis, ainsi la barbarie du commerce d’esclaves côtoyait la finesse de manuscrits anciens sensés propager la civilisation. Les esclaves étaient acheminés du port de La Goulette vers Tunis où ils étaient vendus.

Barka

Certains peu nombreux rejoignaient la maison du nouveau propriétaire, les autres étaient gardés dans des bagnes situés à proximité des portes de la ville notamment Bab Carthajenna, Bab Souika et Bab Bnet, Bab Saadoun (porte à triple arcade) et enfin Bab Bahr (la Porte de France). Il ne faut pas prendre le mot bagne dans le sens d’un lieu de sévices ou de travail, mais comme une sorte d’hôtel prison ou une fois revenus de leur travail chez leur propriétaire, les esclaves étaient enchaînés et prenaient le statut de prisonniers. Une mission religieuse chrétienne avait été dépêchée pour venir en aide aux prisonniers ainsi dans chaque bagne il y avait un prêtre et également une chapelle, le bagne avait fini par prendre le nom de la chapelle : Notre Dame du Rosaire, Sainte Croix, Saint Joseph, Sainte Rosalie (patronne de la ville de Palerme) etc.

Janissaire

Tunis a compté jusqu’à treize bagnes. Le mot bagne est dérivé du mot italien ‘bagno’ qui veut dire bain en souvenir d’une prise d’esclaves musulmans logés en Italie dans un ancien établissement de bains, le mot est resté même si les bagnes de Tunis ont été construits de toute pièce. Certains esclaves libres de leurs mouvements se livraient à la vente de vin dans des tavernes qui se trouvaient à l’intérieur du bagne. Ces tavernes étaient alimentées par un système simple : lorsqu’une galère effectuait une prise d’alcool, le capitaine ne la laissait pas perdre et la revendait en secret aux esclaves chrétiens qui avaient réussi à gagner quelque argent. Profitant d’une libéralité de la théologie en vigueur qui permettait de boire de l’alcool mais interdisait d’en vendre, les soldats turcs étaient nombreux à fréquenter les tavernes.

Au cours des XVIIème et XVIIIème siècles la course a fait l’objet d’une règlementation très stricte en Méditerranée, mais le Bey de Tunis qui voyait ses gains diminuer respectait assez peu les règles qu’il avait acceptées auparavant; c’est sans doute l’une des raisons qui conduisit la France en 1881 à envoyer un corps expéditionnaire. De très nombreux esclaves chrétiens renonçaient à leur religion ; il y avait de nombreuses causes à l’apostasie, soit tenter l’affranchissement, soit éviter une sanction très rude due à une faute, soit par intérêt, essayer de gagner une place sociale importante ; tel que l’a décrit Jean Bressot dans ‘l’intendant du Bey’ où un esclave chrétien originaire de la région de Toulon, devint un très haut personnage de la cour beylicale. On évalue à environ un million le nombre d’esclaves chrétiens victimes des courses barbaresques.

Après les disputes incessantes entre corsaires et janissaires pour influencer le gouvernement de la régence ottomane au cours du xviie siècle, Ben Ali s'impose en 1705 en tant que bey de Tunis et fonde la dynastie des Husseinites sous le nom d'Hussein Ier Bey.

cour

Grâce à la stabilité politique engendrée et aux compétences des immigrants morisques d'Andalousie, la Tunisie connaît une nouvelle relance économique. Les corsaires ne se voient plus accorder la même estime et l'agriculture et le commerce avec les Européens sont à nouveau encouragés.

En 1735, Ali Ier Pacha prend le pouvoir en détrônant son oncle Hussein Bey qui sera tué par son petit-neveu Younès le 13 mai 17402. En 1756, Ali Bey est renversé par les deux fils de son prédécesseur qui s'emparent de Tunis avec l'aide du bey de Constantine : Mohamed Rachid Bey (1756-1759) et Ali II Bey (1759-1782)3.

La dominance algérienne ne prend fin qu'en 1807 par une victoire des Tunisiens conduits par Hammouda Pacha (1782-1814)4. Après l'élimination des janissaires, l'influence ottomane diminue encore en Tunisie si bien qu'en pratique les Husseinites gouvernent eux-mêmes le pays. Néanmoins, l'économie de la Tunisie est considérablement affaiblie par plusieurs épidémies de peste et de choléra ainsi que la destruction de la flotte corsaire par la France en 1827. Viennent ensuite les règnes de Mahmoud Bey (1814-1824), Hussein II Bey (1824-1835), Moustapha Bey (1835-1837) et Ahmed Ier Bey (1837-1855), fils de Moustapha, qui est l'un des beys les plus énergiques de la dynastie. Sous Mohammed Bey (1855-1859) et Sadok Bey (1859-1882), des réformes sont lancées afin de moderniser le pays mais celles-ci provoquent un fort endettement et une faillite de l'État tunisien.

En 1869, le Royaume-Uni, la France et l'Italie prennent le contrôle financier de la Tunisie par l'intermédiaire d'une commission financière internationale supervisant le remboursement de la dette publique du pays5. Avec le Pacte fondamental, tous les privilèges sont abolis et tous les Tunisiens se voient conférer des droits civiques. Cependant, bien que cette loi soit confirmée en 1861 dans la première constitution du monde arabe, elle n'entre jamais en vigueur après les révoltes des tribus. Après que la France a accepté l'occupation de Chypre par le Royaume-Uni, elle se retrouve les mains libres en Tunisie, occupe le pays et impose à Sadok Bey, par le traité du Bardo signé le 12 mai 1881, la reconnaissance du protectorat français de Tunisie6. Dès lors, le pouvoir des souverains devient symbolique. Après la déclaration d'indépendance de la Tunisie en 1956, le dernier souverain, Lamine Bey, dirige provisoirement le Royaume de Tunisie sans toutefois changer officiellement de titre. Il est déposé le 25 juillet 1957 sous la pression du Premier ministre Habib Bourguiba. Les Husseinites sont également dépossédés de leurs biens avec la proclamation de la République7.

Porte

À la mort de Lamine Bey, le 30 septembre 1962, le prince héritier Hassine Bey (né en 1893 et décédé en 1969), troisième fils de Naceur Bey et frère cadet de Moncef Bey, prend la tête de la maison royale de Tunisie. Une fois ce dernier disparu, aucun des princes de la famille royale ne prétend plus au titre d'héritier mais les aînés continuent à se succéder à la tête de la dynastie.

Filmographie :





[www.google.ch]



Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
04 décembre 2015, 13:19


L’un des faits les plus marquants de la guerre que se livrèrent les marins chrétiens et barbaresques est la lutte qui opposa Charles Quint et l’amiral ottoman Barberousse.

Barberousse

Un modeste potier chrétien, d’origine albanaise vivait sur l’île grecque de Mételin (Lesbos dans l’antiquité) en mer Egée, il eut trois enfants, l’aîné Arrougj fut enrôlé à vingt ans sur un navire turc qui faisait la course. Intelligent et vigoureux il se distingua rapidement parmi ses compagnons, malheureusement il fut capturé par des navires chrétiens et emmené à Rhodes où il réussit à s’échapper, et repris la mer, ses exploits lui valurent de prendre le commandement de deux petits navires ; il fit appel à son frère Khaïr-ad-Din et se rendit sur les côtes de Tunisie où le souverain local l’autorisa à déposer ses prises sur l’île de Djerba puis à La Goulette.

kair

Peu à peu sa réputation s’étendit sur toute la côte du Maghreb ; il installe son frère Khayr-ad-Din, à Alger où il dirige des razzias contre les îles et le territoire espagnol. Khayr-ad-Din souhaite néanmoins s’emparer de Tunis, position-clé pour attaquer la Sicile et l’Italie. Il profite de mésententes dans la dynastie Hafside qui dirigeait alors le royaume de Tunis, pour prendre le contrôle de la ville en 1534. Désormais cette position devient dangereuse pour l’Europe, L’empereur Charles Quint s’en émeut et décide d’aller combattre le pirate ottoman sur mer et sur terre ; il réunit l’ensemble de la chrétienté à l’exception de la France et Venise. Les armées du pape Paul III, l’Ordre de Malte, du royaume du Portugal, des soldats allemands et italiens, Gènes propose son amiral Andrea Doria et bien entendu les troupes espagnoles soit en tout plus de 250 navires dont 25 caravelles, 48 galères lourdement armées, et 25 000 fantassins et cavaliers.

Partis le 14 mai 1535 de Barcelone, cette armée arrive à proximité des côtes tunisiennes où elle débarque entre Carthage et La Goulette le 16 juin et commence aussitôt les opérations de siège de La Goulette. Barberousse Khayr-Ad-Dine place 200 janissaires à La Goulette et s’enferme dans la Kasbah de Tunis avec autant d’hommes il réunit les esclaves chrétiens et les enferme avec la menace de les exécuter. Le siège de La Goulette dure plus d’un mois, Charles Quint s’en empare enfin, bien que le fort soit défendu par 6000 hommes, 200 janissaires rompus au combat et 300 pièces d’artillerie.

kair

L’armée espagnole livre bataille aux Maures et aux Ottomans dans la plaine de l’Ariana les défait le 14 juillet et assiège Tunis. Des bagnes environnants les esclaves chrétiens s’échappent par milliers et se rendent maîtres de la Kasbah, Khayr-Ad-Dine Barberousse ne doit son salut qu’à la fuite avec une partie de ses soldats. Charles Quint et son armée pénètrent triomphalement le 21 juillet dans Tunis par Bab Souika ; Il s’installe dans le majestueux palais de l’ancien sultan Hafside Al-Hassan et autorise ses troupes à procéder au pillage des riches demeures de la médina pendant trois jours. Toutefois les riches propriétaires ont quitté la ville depuis longtemps emportant derrière eux une partie de leurs richesses, privés d’un butin important, les soldats espagnols se vengent en massacrant une partie des habitants sans faire de quartier. L’empereur sans couvrir cette tuerie, ne peut l’éviter mais très vite indisposé par l’odeur des cadavres, il quitte Tunis pour séjourner à Rades près de la mer.

Quint


Apercevant le fort de Chikly il demande à ce qu’il soit reconstruit afin de servir de fort de défense de Tunis (en réalité celui-ci sera reconstruit seulement en 1546, et infirme la légende selon laquelle Charles Quint s’y serait arrêté)). Les troupes dressent un camp sur la partie nord-ouest de la Kasbah qui garda longtemps le nom symbolique de ‘Place de l’Empereur’.

Lepante

Khizir Khayr ad-Dîn (turc : Barbaros Hizir Hayreddin Pasa, arabe : ??? ????? Khayr ad-din1,2, bienfait de la religion) dit Barberousse, fut un grand marin de l'Empire ottoman, ayant occupé les postes de beylerbey (gouverneur-général) de la régence d'Alger et de kapudan pacha (grand amiral).

Né vers 1478 dans l'île de Lesbos, mort le 4 juillet 15463, il était le frère cadet d'un autre célèbre marin, Arudj Reïs.

Origine et famille[modifier-

Yacoub Reïs, potier de Mytilène, et son épouse Katalina, eurent quatre fils : Arudj (Oruç), Eliah, Isaak et Khizir. Eliah mourut précocement, les deux derniers étaient potiers comme leur père, et Arudj marin, corsaire sur des navires turcs. Les origines de la famille sont pour le père albanaises et la mère, ancienne veuve d'un prêtre grec, était d'origine catalane. À sa mort, ses fils Khizir et Isaak vont rejoindre leur frère Arudj en piraterie sous la bannière du croissant. Ils se feront désormais appeler Khayr ad-Din et Ishaq. Sous le commandement de leur aîné, ils vont convoyer des musulmans et des sépharades fuyant la pression de l'inquisition espagnole et les conversions de force décrétées par Isabelle la Catholique en 1492, de l'Andalousie vers l'Empire ottoman (fin de la Reconquista) où le sultan Bayezid II leur a donné refuge. Cela leur confèrera un grand prestige auprès des juifs et des musulmans, et ce fut à cette période qu'ils acquirent le surnom de « Barberousse ». Les trois frères vont sillonner la Méditerranée s'adonnant à la « Course » contre les navires chrétiens avec pour ports d'attache Tunis, Djerba, Jijel et Alger, où Arudj, usant de ruse et de cruauté, se fit bey de la cité.

Beylerbey (pacha) d'Alger.

Khayr ad-Din s'était vu confier l'autorité sur Alger durant la période où Arudj allait à la conquête de l'Ouest algérien. À la mort de son frère, il fut proclamé bey d'Alger par les corsaires et les soldats. Craignant une attaque des Espagnols, il fit allégeance à l'Empire ottoman, dont le sultan Sélim Ier lui envoya une troupe de 2 000 janissaires munie d'artillerie et 4 000 fantassins turcs.

Entre-temps il dut juguler une révolte des Algériens et faire face à un nouvel assaut espagnol. Le 17 août 1518, Hugo de Moncade, Chevalier de Malte, mandaté par Charles Quint, se présenta devant Alger avec trente vaisseaux, huit galères et quelques brigantins, soit plus de 5 000 hommes. Moncade subit un orage terrible, fut défait sévèrement et ne dut son salut qu'à la fuite avec quelques rescapés.

Barberousse sera néanmoins vaincu, mais par une armée de Hafsides alliée à Sidi Ahmed ou el Kadhi, l'émir de Koukou. Il cédera Alger à son ennemi (berbère) et se repliera sur Jijel, plaque tournante de la piraterie barbaresque en Méditerranée. Il revint à sa carrière de moudjahid pour reconstituer ses finances (1520-1525).

Il reprit ses conquêtes dès qu'il le put. Il s'empara de Collo en 1520, de Constantine en 1521, puis d'Annaba (Bône) en 1522, tout en s'adonnant à la « Course » une à deux fois par an, accroissant sa flotte et ses richesses. Enfin il reprit Alger, où les tribus kabyles qui l'en avaient chassé s'étaient rendus impopulaires (1525). Il réprima brutalement toute tentative de soulèvement mais la forteresse espagnole du Peñon menaçait toujours la ville.

En 1526, il subit un échec cuisant face à la flotte d'Andrea Doria, alors chef de la flotte pontificale, qui attaque avec succès une partie de sa flotte aux abords de Piombino. Plusieurs centaines d'hommes de Barberousse sont alors faits prisonniers4.

En 1529, Barberousse entreprit le siège du Peñon. Après deux semaines d'intensifs bombardements d'artillerie, les Ottomans prirent le fort d'assaut par mer et de nuit. Le commandant Martin de Vargas se rendit. 90 soldats espagnols, 25 femmes et enfants furent faits esclaves. Barberousse fit raser la forteresse et employa les pierres pour la construction d'un môle, de 200 m de long et 25 m de large, reliant les îlots à la cité, créant ainsi le port d'Alger. Acte de fondation de la régence d'Alger. La flotte barbaresque en fit son refuge habituel dans cette partie de la Méditerranée.

En 1531, son grand rival l'amiral génois Andréa Doria, au service de l'Espagne, se rendit à Cherchell, surprenant Ali Caraman, lieutenant de Barberousse, il l'obligea à détruire la majeure part de ses navires pour éviter qu'ils soient pris et libéra plusieurs centaines d'esclaves5, mais subit par la suite une défaite au cours de laquelle 300 Espagnols furent tués ou faits prisonniers6. Barberousse poursuivit la flotte espagnole en déroute et ravagea au passage les côtes italiennes et la Provence.

En 1533, Barberousse fut convoqué à Constantinople par Soliman qui le nomma Grand Amiral de la flotte ottomane (capitan pacha) et l'investit du titre de Beylerbey. Alger, maintenant pachalik ottoman, restera sous la garde de son eunuque Hassan Aga.

C'est investi du titre de beylerbey qu'il prépara la campagne contre Tunis, cherchant à punir le sultan hafside et à annexer des territoires pour le compte de la Sublime Porte. Il attaqua la Tunisie et profita des dissensions des Hafsides pour entrer dans Tunis (août 1534). Il proclama la déchéance des Hafsides et installa une garnison à Kairouan.

Les Espagnols, aidés par les Tunisiens inquiets de ces succès, furent appelés au secours par le sultan hafside détrôné, Abû `Abd Allâh Muhammad V al-Hasan. Charles Quint prit lui-même la tête d'une expédition de 412 bâtiments et 27 000 hommes. Il reprit Halq al-Wadi (Halk el-Oued ou La Goulette), port de Tunis (14 juillet 1535), puis Tunis même avec l'aide des habitants. Les Espagnols massacrèrent le tiers de la population de la ville pendant trois jours, avec l'accord du roi hafside. Barberousse avait alors fui le champ de bataille pour échapper aux troupes impériales victorieuses et s'était réfugié à Bône7. Revenant à son activité de corsaire, il prit Mahón (capitale de l'île de Minorque, dans l'archipel des Baléares), où il fit 6 000 prisonniers et un énorme butin (1536).

Après ce raid, il quitta définitivement Alger pour poursuivre sa carrière en Méditerranée au service de l'Empire ottoman. Il laissa son fils adoptif Hassan Agha diriger Alger avec le reste de la garnison ottomane. Plus tard Hassan Agha sera destitué et Hassan Pacha son demi-frère prendra sa place.

Pacha à Constantinople, Khayr ad-Din Barberousse.

À Constantinople, Barberousse va réorganiser la flotte ottomane ; les mémorialistes turcs le considèrent comme le père de la Marine ottomane. Kheyr ad-Din devait faire des descendants des nomades asiatiques une des premières puissances navales et placer le prestige maritime de l'empire sur un piédestal où nul ne l'attendrait au cours du règne de Soliman écrivit l'historien Jean-Louis Belachemi.

Amiral de la flotte ottomane, Kheyr ad-Din dirigea plusieurs campagnes contre les Occidentaux.

En 1534, il effectua plusieurs raids le long de la côte italienne. Un des épisodes les plus rocambolesques de cette campagne est certainement la tentative de rapt sur la personne de Giulia Gonzaga (1513-1566), une jeune noble dont la réputation d'être « la plus belle femme d'Italie » avait dépassé les frontières de son pays. Veuve très jeune du comte Vespasiano Colonna, Giulia avait refusé de se remarier et fait de son château de Fondi un lieu de culture prisé de ses contemporains. Le rapt de Giulia Gonzaga fut commandé à Kheyr ad-Din par le grand vizir Ibrahim qui voyait en elle le moyen d'évincer du cœur de Soliman sa favorite Roxelane, dont l'habileté politique en faisait une rivale exécrée. La ville de Fondi n'étant pas située sur la côte, Kheyr ad-Din débarqua de nuit plusieurs milliers de janissaires chargés de capturer la belle. Celle-ci échappa de justesse à ses ravisseurs, fuyant à cheval en pleine nuit avec l'aide de son écuyer. De dépit, Kheyr ad-Din fit massacrer la population de Fondi.

En 1537, il mena à nouveau une razzia sur la côte italienne, les îles Ioniennes et fut mis en échec en assiégeant Corfou.

L'année suivante, la guerre fut déclarée entre le Sultan et les Vénitiens alliés au pape Paul III et à Charles Quint. Les Alliés de la Sainte Ligue réunirent une armada sous le commandement d'Andréa Doria qui se porta au-devant de Barberousse à la bataille de Prévéza. La rencontre se solde par un succès ottoman qui a eu des conséquences importantes, non pas en raison des pertes militaires du côté chrétien qui furent très minimes, puisque l'amiral Doria s'est contenté de battre en retraite sans engager le combat, mais en raison du fait qu'il élimine l'idée d'une alliance entre les puissances chrétiennes contre les Turcs, Venise se retirant de la coalition des flottes occidentales8. En conséquence, cette bataille marque le début de la prédominance navale des turcs en méditerranée qui prendra fin à Lépante en 15719.

En 1539, il s'empara de Castelnuovo en Dalmatie, tuant 400 mercenaires espagnols en garnison. Cette expédition força les Vénitiens à demander la paix.

En 1543. François Ier créa la première ambassade européenne à Istanbul et demanda au sultan d'envoyer sa flotte contre l'empereur Charles Quint. Barberousse sortit pour la quatrième fois avec cent galères, pillant et saccageant la Calabre. François Ier s'allia par la suite avec Barberousse à plusieurs reprises. Puis le corsaire turc assiégea Nice qui préféra se rendre aux Français. Accompagné de la flotte française sous le commandement de Paulin, baron de la garde, il ravagea les côtés italiennes en 1544. Jérômes Maurand, prêtre d'Antibes, aumônier des galères de France, a laissé une longue narration des exactions commises par les turcs à cette occasion. Il raconte notamment comment, à la suite de la prise de Lipari au large de la Sicile, des janissaires trouvèrent un certain nombre de vieillards, d'hommes et de femmes réfugiés dans la cathédrale. Selon lui, « Ils les prirent, les dépouillèrent tout nus et les ouvrirent vivants ; et ils ne faisaient cela que pour prendre le fiel. Comme nous leur demandions pourquoi ils usaient de si grandes cruautés, ils nous répondirent que ce fiel avait une très grande vertu. Nous n'en obtînmes rien d'autre10. » Mais selon l'historien Jacques Heers, le bilan politique et militaire de ces opérations pour les ottomans demeurait médiocre : « de riches prises mais ni victoire retentissante ni conquête territoriale. Tunis restait aux mains des Espagnols11. »

Au crépuscule de sa vie il fit bâtir une mosquée à Istanbul à côté de laquelle il édifia un mausolée funéraire12 qui existe toujours dans le quartier de Besiktas. Il meurt le 4 juillet 1546.

Filmographie :










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06 décembre 2015, 08:58


Il rétablit sur le trône Abd Allah Al-Hasan qui accepte de libérer tous les esclaves chrétiens, à leur garantir la liberté de circuler et de commercer à leur guise dans tout le royaume et la liberté de culte, ils pourront avoir des églises et faire sonner les cloches ; il s’interdira désormais de capturer et de réduire en esclavage tout sujet de l’empire ou des couronnes d’Espagne, du royaume de Naples et de Sicile. Le sultan s’engage également à remettre à Charles Quint, son frère Ferdinand et à tout prince qui leur succèderait les villes de Bizerte, de Mahdia et les forteresses que Barberousse avait conquises afin d’en expulser tous les corsaires qui s’y trouvent encore.

abd

Le Sultan cède aussi à l’Empereur, La Goulette et toutes les terres alentour afin d’y construire une forteresse et un arsenal et d’y faire séjourner une garnison de 1200 hommes, le sultan s’engage à verser 12 000 ducats d’or pour l’entretien de la garnison. Seul un juge nommé par l’Empereur pourra juger et châtier les délinquants, enfin en signe de vassalité le Sultan devra s’acquitter d’un impôt de six chevaux et douze faucons sous peine d’une amende de 50 000 ducats d’or pour la première fois, 100 000 pour la seconde et se voir privé de son royaume à la troisième. En contre partie Charles Quint assigne à La Goulette de soutenir l’autorité du souverain Hafside sur tout le territoire.

Goulette

On pourrait voir dans cette guerre et les conditions imposées par le vainqueur un premier grand pas vers la colonisation, bien que les Espagnols soient de grands colonisateurs, il n’en est rien. Charles Quint parti, Al-Hasan est rétabli sur le trône mais ses sujets ne lui pardonnent pas le traité humiliant qu’il a signé. Ceci appelle d’autres révoltes et d’autres faits de piraterie. Tunis redeviendra un haut lieu de la course et une nouvelle place forte des Barbaresques. Le fort de Chikly est reconstruit il prend le nom de fort Santiago et sera utilisé jusqu’au XIXème siècle comme lazaret (établissement de quarantaine pour les bateaux et équipages venant de régions frappées par la peste).

Hafsides

Les Hafsides, en arabe : ????????? (al-?afsioun), en berbère ???????? (I?afsien) sont une dynastie d'origine berbère masmoudienne1 qui gouverne puis règne sur l'Ifriqiya, soit la Tunisie, le Constantinois et la Tripolitaine, entre 1207 et 15742.

Étroitement liés aux Almohades, au nom desquels ils gouvernent l'Ifriqiya à partir de 1207, les Hafsides deviennent indépendants sous Abû Zakariyâ Yahyâ en 1236 et se maintiendront au pouvoir jusqu'à l'annexion de la Tunisie par l'Empire ottoman en 1574.


Au début du XIIIe siècle, le Maghreb est encore soumis à la domination des souverains almohades. À la suite de l'irruption en Berbérie orientale des frères Ali et Yahia Ben Ghania, descendants des Almoravides que l'Almohade Abd al-Mumin avait dépossédés, et après avoir traversé l'Algérie en vainqueurs, les deux frères se taillent une principauté dans le Jérid. Ali est tué, mais son frère Yahia entreprend la conquête du centre et du nord de l'Ifriqya. Il réussit à s'emparer de Mahdia, Kairouan et Tunis en 1202, faisant prisonniers le gouverneur almohade et ses enfants. Ben Ghania pille alors les villes, leurs jardins et les animaux qui s'y trouvent.


Étendue du territoire hafside au début du XVe siècle

Devant cette situation dangereuse, le calife Muhammad an-Nasir, qui règne à Marrakech, part lui-même à la reconquête de l'Ifriqya et entre en février 1206 dans Tunis abandonnée par l'ennemi. Il y reste un an pour rétablir l'autorité almohade sur l'ensemble du territoire, puis, avant de repartir pour le Maroc, il confie le gouvernement de la province à l'un de ses fidèles lieutenants, le cheïkh Abû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs ou, plus simplement, Abd al-Wâhid ibn Hafs, forme arabisée du nom berbère Fazkat, dont son aïeul est Inti de la tribu Hintata des Masmouda1.

Le nouveau gouvernement est investi de pouvoirs plus étendus que par le passé : il recrute des troupes qui lui sont nécessaires pour maintenir la paix et pour préparer d'éventuelles guerres, nomme les fonctionnaires de l'État, les qadis, etc. Après la mort de Abd al-Wâhid ibn Hafs, son fils Abû Zakariyâ Yahyâ lui succède en 1228. Un an après sa nomination, il se proclame indépendant du calife de Marrakech sous prétexte que celui-ci avait embrassé le sunnisme. Prince de grande envergure, il fonde la dynastie hafside qui régnera sur la Berbérie orientale pendant trois siècles et fait de Tunis la capitale du royaume3.

Splendeur et déclin[modifier

Il étend les frontières de son État en soumettant le Maghreb central, allant même jusqu'à imposer sa suzeraineté au royaume de Tlemcen, au Maroc septentrional et à l'Espagne des Nasrides de Grenade. Les Hafsides deviennent totalement indépendants en 12364. Le successeur d'Abû Zakariyâ' Yahyâ, Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansir, se proclame calife en 1255 et continue la politique de son père. C'est durant son règne qu'a lieu la seconde croisade de Saint-Louis qui se solde par un échec. Débarqué à Carthage, le roi meurt de la dysenterie5 au milieu de son armée décimée par la maladie en 12706.

Après la mort d'Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansir, des troubles éclatent et durent 40 ans. À cela s'ajoutent les attaques du Royaume d'Aragon avec lequel Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansir entretenait pourtant de bonnes relations. La dynastie connaît un léger déclin : le Sud tunisien et la Tripolitaine se détachent de l'autorité hafside, puis le Sud constantinois est contrôlé par l'émir de Bougie qui se rend pratiquement indépendant en 1294.


Bougie redevient une place commerciale, scientifique et culturelle prospère sous le règne des Hafsides
Abû Yahyâ Abû Bakr al-Mutawakkil refait l'unité de l'État hafside. Après la mort de ce dernier, l'État est alors à nouveau divisé en trois parties (Tunis, Bougie et Constantine) puis en deux (Bougie et Constantine passant sous la même autorité en 1366) et finalement réunifié par Abû al-`Abbâs Ahmad al-Fadî al-Mutawakkil. Le pays connaît alors un essor économique important et devient un centre commercial du bassin méditerranéen. L'essor touche également le domaine culturel avec le grand historien et précurseur de la sociologie Ibn Khaldoun.

À son arrivée en 1394, Abû Fâris `Abd al-`Azîz al-Mutawakkil renforce l'autorité du pouvoir central, pacifie le Sud, s'empare d'Alger7, impose sa suzeraineté au souverain de Tlemcen, repousse une attaque du roi d'Aragon contre Djerba et maintient généralement de bonnes relations avec les États chrétiens. Son petit-fils Abû `Umar `Uthmân poursuit son œuvre dans les mêmes domaines. À la mort d'Abû `Umar `Uthmân commence une nouvelle décadence irrémédiable marquée par des luttes pour le pouvoir. Au xvie siècle, les Hafsides se trouvent au sein de la lutte entre les puissances espagnole et ottomane. Ils sont renversés en 1574 après la bataille de Tunis. La Tunisie devient dès lors une province de l'Empire ottoman.

Les XVe et XVIe siècles voient l'arrivée des Andalous (musulmans et juifs) chassés d'Espagne à la suite de la Reconquista.

Économie

Souks

La plus grande partie de l'activité économique des villes hafsides était concentrée dans les souks, réseau de ruelles couvertes et bordées de boutiques de commerçants et d'artisans regroupés par spécialités. Situés souvent autour d'une grande mosquée, les quartiers des souks se sont fortement étendus sous le règne hafside. Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansir organise également en corporation les tisserands et crée des manufactures pour le tissage de la soie connues sous le nom de fondouks. Il crée par ailleurs des ateliers d'État appelés tiraz.

Monnaie

Pièces de monnaies hafsides de Béjaïa.
Les sultans hafsides battaient comme monnaie le dinar d'or, pesant 4,72 grammes8, et le dinar d'argent pesant 1,5 gramme environ9.

Douane

L'administration douanière était une institution d'État qui est amenée à un certain degré de perfectionnement sous les hafsides. Le directeur des douanes ou surintendant est toujours une personne considérée et l'un des premiers cheïkhs de l'empire. Il assiste à la conclusions des traités et reçoit souvent les pleins pouvoirs pour les négocier10 qui ajoute que la douane était le lieu où s'effectuaient en grande partie les opérations de ventes et d'achats entre Européens et Arabes.

Négociants

Les négociants établis à Tunis à cette époque étaient presque tous originaires des États de la péninsule italienne avec lesquels le sultan hafside avait conclu des traités de commerce : Génois, Vénitiens, Pisans, Florentins mais aussi Catalans.

Les négociants chrétiens étaient logés dans des fondouks ou caravansérails situés hors des murs des cités. Un fondouk était un vaste bâtiment carré, clos de murs sans fenêtres, et possédant une seule porte donnant accès à un patio sur lequel s'ouvraient les logements et magasins des marchands. À l'époque, le fondouk des Génois et celui des Vénitiens étaient pourvus de chapelle dans laquelle on disait la messe chaque matin.

Le commerce d'exportation et d'importation avec l'Europe était en grande partie entre les mains des négociants italiens. On exportait du blé, de l'huile d'olive, des dattes, des amandes et surtout des laines, cuirs et peaux. On importait de grosse quantité de laine, de coton et de soie, des vins, du papier à écrire, des armes, des lingots d'or et d'argent pour le monnayage et la bijouterie. Tous ces produits payaient en principe un impôt de 10 % ou dîme. Le commerce des épices se faisait aussi avec l'Orient.

Filmographie :

















www.medmem.eu/fr/notice/TUN00044


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09 décembre 2015, 14:35


La course ne cesse pas avec la bataille de Tunis, elle reprend de plus belle et connait son apogée sous le règne du Bey de Tunis Hammûda Pacha Bey (qui règne de 1782 à 1814). Elle sera un certain temps ralentie mais non stoppée après la bataille navale de Navarin (en mer Egée) le 20 octobre 1827 où des navires anglais, français et russes coalisés défont la flotte des corsaires ottomans, tunisiens, algériens. La piraterie sera désormais réglementée, mais non interdite. En revanche l’esclavage se poursuit jusqu’à l’abolition prononcée par Ahmed 1er Bey le 23 janvier 1846 soit précisément deux ans avant la France (décret du .27 avril 1848 sous l’impulsion de Victor Schœlcher.)

Hammuda

1798 est l’année où la suprématie du monde musulman, en l’occurrence de l’Empire ottoman, explose. L’équilibre qui avait si longtemps prévalu (du xvie au xviiie siècle) entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne est définitivement rompu. Pour la première fois depuis le xvie siècle, une armée européenne parvient à conquérir une province ottomane. Sur le moment, ce qui se passe en Égypte entre 1798-1801 apparaît à bien des gouverneurs (wâlî) et à bien des chroniqueurs arabo-musulmans comme un accident de parcours peu durable.

Bey


D’où le silence des sources contemporaines à l’expédition d’Égypte1. Plus tard, en revanche, les historiens des xixe et xxe siècles postulèrent que ces trois années étaient à l’origine de l’introduction de la modernité en Orient. Pour les réformateurs, comme Rifâ‘a al-Tahtâwî (1801-1873), Ibn Abi-l-Diyâf et Khayr-al-Dîn al-Tûnisî, l’expédition d’Égypte était le point de départ d’une prise de conscience de la supériorité matérielle de l’Europe sur l’ensemble du monde musulman.

Le postulat du retard des musulmans, par référence au passé glorieux de l’islam et au présent de l’Europe, les conduisit à adopter les idées de la Révolution française, notamment les concepts de civilisation et de patrie. À l’opposé de cette idéologie réformiste, la réaction des contemporains de l’événement, en l’occurrence les Puissances de Tunis, fut plutôt de considérer l’expansion française en Méditerranée comme un danger et une modification de l’équilibre régional, dont il fallait tenir compte pour préserver les intérêts de la Régence et ceux d’une classe sociale qui avait des liens et des rapports étroits aussi bien avec la France qu’avec l’Égypte et la Sublime Porte2. Les Puissances de Tunis se trouvaient ainsi dans une position paradoxale, dont on se propose ici de retracer l’évolution entre 1798 et 1801.

victor

Dans les milieux citadins l’édit beylical est respecté, mais dans le sud et notamment à Djerba il faudra attendre le protectorat et le 23 mai 1890 pour qu’un décret français abolisse définitivement cette pratique en frappant les contrevenants de poursuite pénales.

En débarquant à Alexandrie le 1er juillet 1798, Bonaparte arrivait bien dans une province ottomane. Mais elle était dans une situation très particulière. Le pacha du Caire, qui représentait la Sublime Porte était, en effet, dépourvu de toute autorité. Depuis 1767, la caste militaire des Mamelouks était le vrai maître du pays.

Agissant en souverains absolus et indépendants de Constantinople, Ibrâhîm bey et Murâd bey étaient aux yeux des Français des usurpateurs. L’objectif annoncé de l’expédition était donc d’abattre leur pouvoir illégitime, de restaurer les droits du sultan ottoman, ami de la France, et ceux des peuples de l’Égypte. Par cet argumentaire politique, Bonaparte entendait conquérir l’Égypte tout en restant l’ami de l’Empire ottoman et de tous les musulmans.

sublime

Signe de la duplicité de la politique extérieure de Bonaparte et de Talleyrand ou espoir réel de maintenir un modus vivendi entre la France et l’Empire ottoman ? Il est difficile de trancher, mais il semble bien que les deux hommes optaient, à l’égard de l’Empire ottoman, des régences du Maghreb et de l’islam en général, pour un stratagème destiné à leur faire gagner du temps3. Talleyrand éprouvait, sur l’éventualité d’une déclaration de guerre de la Sublime Porte à la République, des craintes qui s’avérèrent fondées. Après le désastre naval d’Aboukir, le 1er août 1798, les Anglais et les Russes réussirent bel et bien à convaincre la Porte de déclarer la guerre à Napoléon (9 septembre 1798).

Si ces mauvaises nouvelles jetèrent la consternation dans les milieux militaires et diplomatiques, elles n’affectèrent en rien les relations franco-tunisiennes. Celles-ci étaient plutôt bonnes en dépit de quelques tensions passagères. La réintégration de Devoize dans ses fonctions de consul général de France à Tunis, en octobre 1797, avait dissipé tous les doutes.

Elle mettait fin aux démêlés de la Régence de Tunis avec les représentants du Directoire. Hammûda pacha avait à cœur de faire réhabiliter l’ancien consul, qui était à ses yeux à la fois le symbole et le garant des bonnes relations franco-tunisiennes4. Celles-ci allaient ainsi s’améliorant lorsqu’arriva à Tunis la nouvelle de l’occupation de Malte par l’armée de Napoléon Bonaparte. L’île, formidablement fortifiée, tombe aux mains des Français le 8 juin 1798. Le 15, Devoize en est informé5. Le secret sur la destination de l’armada française avait été remarquablement bien gardé. À voir comment ce premier épisode de l’expédition d’Égypte a été perçu en Tunisie, on peut cependant se demander si le gouvernement tunisien n’avait pas eu vent du projet.





Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
15 décembre 2015, 08:59


L'esclavage en Tunisie a été un phénomène particulier de la traite arabe. Aboli le 23 janvier 1846 par Ahmed Ier Bey, puis par la France après l'instauration du protectorat français de Tunisie, l'esclavage a persisté jusqu'au début du xxe siècle.

La Tunisie se trouve dans une situation semblable à celle de l'Algérie quant à sa position géographique qui la maintient à l'écart des grands courants transsahariens. Elle reçoit cependant des caravanes du Fezzan et de Ghadamès dont l'apport au xviiie siècle consiste uniquement, d'après des observateurs de l'époque, en poudre d'or et en esclaves. Ces derniers, au début du siècle suivant, arrivent à un rythme annuel oscillant entre 500 et 1 200 dont une partie est réexpédiée vers les ports du Levant.


Routes de la traite arabe au Moyen Âge:

Les esclaves de Tunisie proviennent de deux zones principales d'approvisionnement : l'Europe et une large zone allant de l'Afrique de l'Ouest au lac Tchad. Les royaumes de Bornou et la région du Fezzan fournissent l'essentiel des détachements. La plupart des groupes sont réduits en esclavage à la suite de guerres locales entre les tribus rivales ou aux opérations d'enlèvements. Les routes caravanières aboutissant à Tunis proviennent de plusieurs centres sahariens. En plus de Ghadamès qui relie la régence au Fezzan, à Morzouk et au royaume de Bornou, Tombouctou est en liaison régulière avec la régence par la route caravanière qui passe par le Mzab, le Jérid et qui met le pays en contact avec les groupes et ethnies africaines d'une large zone touchant le pays Bambara, la ville de Djenné et plusieurs régions du centre-ouest africain. Les noms des esclaves ou affranchis relevés dans les documents d'archives confirment cette origine multiple et diversifiée : à côté des noms fréquents comme « Burnaoui », « Ghdamsi » et « Ouargli », on rencontre des noms indiquant une origine d'autres centres de l'Afrique de l'Ouest comme « Jennaoui » ou « Tombouctaoui ».

Maison_esclaves

Les esclaves européens sont pour leur part capturés au cours de razzias sur les côtes des pays européens, principalement l'Italie, la France, l'Espagne et le Portugal, ou lors de la capture de navires européens. Les hommes sont utilisés par divers travaux (galères, chiourmes, travaux publics, etc.) alors que les femmes sont utilisées comme domestiques ou dans les harems. Contrairement aux hommes, il est très rare qu'une femme fasse l'objet d'un rachat car les femmes sont souvent converties à l'islam.

Comptage difficile:

Bien que les données quantitatives manquent pour le XVIIIe siècle, certains recensements partiels effectués à partir du milieu du xixe siècle permettent des évaluations approximatives de l'effectif des esclaves pour l'ensemble du pays. Lucette Valensi aboutit à une estimation d'environ 7 000 esclaves ou descendants d'esclaves pour l'année 1861 en recourant aux registres sur lesquels sont mentionnées les listes des affranchis1. Pourtant, aucun recensement systématique de la population noire ne fut effectué pour plusieurs raisons : l'abolition de l'esclavage est intervenue dix ans avant la date des premiers registres de recensement des populations soumises à la mejba (impôt institué en 1856), et, de ce fait, une bonne partie de ces groupes dispersés dans les divers échelons de la société échappait au système de contrôle. La fréquence des affranchissements collectifs d'esclaves noirs à l'occasion du décès d'un prince ou d'une princesse révèle des effectifs relativement importants. En 1823, 177 esclaves sont affranchis à l'occasion de la mort d'une princesse2. En se fondant sur les chiffres avancés par les voyageurs, Ralph Austin établit des moyennes aboutissant à une estimation globale de 100 000 esclaves3. Pour sa part, Louis Ferrière, dans une lettre à Thomas Reade, consul britannique à Tunis, les évalue à 167 000 en 1848 (libres ou esclaves). En ce qui concerne les esclaves européens, la part des femmes est difficile à déterminer. Certains historiens dont Robert C. Davis4 estiment leur nombre autour de 10 % mais ces calculs sont effectués sur les rachats d'esclaves. Or, les femmes étaient rarement proposées au rachat. Ce chiffre de 10 % est d'autant plus à relativiser du fait que les esclaves étaient plus nombreux à provenir de razzias terrestres et que, lors de ces razzias, les femmes constituaient en moyenne cinq personnes capturées sur huit.

Traite_musulmane_medievale.svg

Cependant, la répartition des esclaves est inégale selon les régions. Au sud-est du pays, les proportions sont assez élevées (notamment dans les oasis). Certains villages comptent une nette majorité d'esclaves comme ceux au sud de Gabès. À Tunis, malgré les apports continus, ce groupe se maintient vraisemblablement dans les proportions de la minorité qui ne dépasse pas les quelques milliers. Les zones de concentration des esclaves sont ainsi réparties entre Tunis, le Sahel et le sud-est du pays.

Selon Raëd Bader, la Tunisie a accueilli entre 1700 et 1880, si l'on se réfère aux estimations de la traite transsaharienne, 100 000 esclaves noirs contre seulement 65 000 entrées en Algérie, 400 000 en Libye, 515 000 au Maroc et 800 000 en Égypte.

Organisation des esclaves:

L'organisation sociale de la société traditionnelle tunisienne offre un cadre d'organisation spécifique aux esclaves de Tunis. L'agha des esclaves, généralement le premier eunuque du bey, est chargé de veiller sur l'ordre du groupe et de régler les différends qui peuvent surgir entre les maîtres et esclaves ou entre les esclaves eux-mêmes. Des données et témoignages confirment la relative autonomie d'organisation dont bénéficient les esclaves de Tunis ainsi que la protection que leur assure le pouvoir politique, protection qui, tout en cadrant avec les bonnes règles de conduite et de traitement de l'esclave prescrites par l'islam, révèle un sens aigu de la politique. En effet, en protégeant une minorité, c'est le dévouement inconditionnel de cette dernière que le pouvoir s'assure du même coup, surtout que les gardes du bey sont recrutés parmi les esclaves. À côté de cette organisation mi-politique mi-administrative, les esclaves possèdent bien sûr leurs formes d'organisation spécifiquement religieuses comme les confréries dont les fonctions ne se limitent pas à l'animation de la vie mystique et affective du groupe. Les confréries assurent aussi de multiples fonctions sociales qui deviennent surtout apparentes après l'affranchissement de l'esclave. D'ailleurs, l'affranchissement se traduit le plus souvent pour l'esclave par un passage de la tutelle du maître à la tutelle de la confrérie qui remplace auprès de lui sa famille large ou sa tribu.

Rôle économique:

L'esclavage en Tunisie aurait répondu essentiellement à des besoins propres à la société citadine. Pourtant, l'étude des principales corporations de métiers dans la ville de Tunis, telle qu'elle est menée dans plusieurs recherches et travaux, ne montre pas un recours spécifique à des esclaves même dans des secteurs utilisant une main-d'œuvre importante6. Les principaux corps de métiers traditionnels comme le tissage, la chéchia ou le cuir sont restés réservés à la main-d'œuvre locale. Le travail dans les métiers est donc resté un travail libre et on ne peut rattacher l'esclavage à des besoins de l'économie. Toutefois, dans les oasis du sud tunisien, les groupes d'esclaves sont employés dans l'économie agraire et surtout dans les travaux d'irrigation. C'est d'ailleurs dans le sud du pays que sont constatées les survivances de l'esclavage après l'abolition de 1846 et jusqu'au début du xxe siècle. Viviane Pâques relève des phénomènes similaires : « Dans les oasis, l'esclave était surtout utilisé soit comme domestique, soit pour creuser les puits et les canaux d'irrigation. Il travaillait aussi du coucher au lever du soleil et reçoit en échange un plat de couscous. Lorsqu'il devient chouchane, son statut est celui de khammès et il touche un pourcentage sur la récolte. Mais son travail reste le même... »

Kheireddine Pacha

Kheireddine_Pacha

Domesticité:

En revanche, les sources sont unanimes sur le caractère domestique de l'esclavage en Tunisie. En effet, la propriété d'esclaves constitue une marque de notabilité dans la cité tunisienne et le recours presque systématique à un ou plusieurs esclaves pour les tâches domestiques atteste d'une tendance prononcée au mépris de l'effort physique, caractéristique traditionnellement connue des attitudes aristocratiques. Certaines pratiques généralisées à la cour de Tunis concourent à enraciner cette tradition : les princes, depuis l'époque hafside et jusqu'aux beys husseinites, systématisent l'emploi d'esclaves dans la garde des palais et le recrutement de serviteurs et valets dans leurs harems. Le pouvoir politique, en intégrant les esclaves dans les rouages de la vie de la cour et en instituant cette pratique, élève le recours aux esclaves au rang de modèle à suivre pour l'ensemble des milieux aristocratiques vivant autour du pouvoir et pour la notabilité citadine.

Politique:

En outre, comme le constate le médecin naturaliste français Jean-André Peyssonnel, les esclaves chrétiens d'origine européenne convertis à l'islam peuvent accéder à de hautes fonctions voire à la plus haute fonction de l'État comme les beys mouradites, dont le fondateur est originaire de Corse, ou des ministres de la dynastie husseinite, comme Kheireddine Pacha, qui sont capturés par des corsaires et vendus sur les marchés aux esclaves d'Istanbul. Certains princes, comme Hammouda Pacha et Ahmed Ier Bey, sont même nés de mères esclaves.

D'autres esclaves européens deviennent eux-mêmes corsaires, après leur conversion à l'islam, et capturent d'autres esclaves européens (en attaquant parfois leur propre village d'origine).

Abolition:

Avant de procéder à l'abolition définitive de l'esclavage, Ahmed Ier Bey a, le 29 avril 1841, un entretien avec Thomas Reade qui lui conseille d'interdire ce commerce. Convaincu de la nécessité d'une telle action, étant lui-même fils d'une esclave et considéré comme un prince ouvert au progrès prompt à réprimer toute forme de fanatisme, il décide d'interdire l'exportation des esclaves le jour même de sa rencontre avec Reade. Procédant par étapes, il ferme le marché aux esclaves de Tunis en août et annonce, en décembre 1842, que toute personne née dans le pays est désormais .

Pour parer à toute forme de mécontentement, il obtient au préalable des fatwas des oulémas dont celle, catégorique et sans précédent dans le monde arabo-musulman, du bach mufti Sidi Brahim Riahi.

L'abolition totale est décidée pour tout le pays par le décret du 23 janvier 1846. Il n'en reste pas moins que même si cette abolition est acceptée par la population citadine, elle est rejetée — selon Ibn Abi Dhiaf — à Djerba, chez les Bédouins et les paysans qui ont besoin d'une main d'œuvre servile et bon marché.

Ali III Bey

Ali_III_Bey

Ces résistances justifient la deuxième abolition décidée par les Français, sur décret d'Ali III Bey, le 28 mai 1890. Ce décret promulgue en effet des sanctions pécuniaires (sous forme d'amendes) et même des sanctions pénales (sous forme d'emprisonnements) pour ceux qui continuent à alimenter le commerce des esclaves ou à maintenir en esclavage leurs serviteurs ou leurs domestiques. L'historiographie coloniale tentera d'ailleurs d'effacer la mémoire de la première abolition et mettra en relief la deuxième abolition.

Après l'abolition:

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la plupart des anciens esclaves, hommes ou femmes, constituent un sous-prolétariat urbain végétant dans les petits métiers ou sans métier et vivent dans des habitations précaires (fondouks des faubourgs populaires). Souvent, ils sont vendeurs de pain, marchands ambulants, masseurs dans les bains maures, domestiques ou simplement vagabonds, proie facile pour la police municipale pour cause d'ivresse ou de petits vols. Jusqu'à 10 % des prostituées de Tunis sont d'anciennes esclaves. C'est donc à la suite de l'abolition qu'un processus de paupérisation et de marginalisation sociale devient perceptible à une grande échelle car l'affranchissement assure l'émancipation juridique mais non sociale de l'ancien esclave

Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
21 décembre 2015, 14:16


Histoire du protectorat :

Contexte:

Le protectorat français trouve sa place dans un contexte d'affaiblissement progressif du pouvoir beylical. Cette autorité s'est en effet étiolée du fait d'une situation intérieure caractérisée par la diminution des ressources de l'État et d'une situation extérieure se traduisant par un interventionnisme étranger accru qui ont permis à la France de prendre position.

La dégradation des comptes beylicaux a pour causes la disparition des revenus provenant de la piraterie, interdite depuis 1818, la quasi absence de personnalités ayant le sens ou l'aptitude du service de l'État — le ministre Mustapha Khaznadar bâtit sa fortune durant 35 ans en ruinant le pays — et un endettement croissant du trésor. Cette situation est aggravée par les déboires des tentatives de mutations inspirées de celles de l'Europe occidentale :

Mustapha Khaznadar
Homme politique
Mustapha Khaznadar, de son vrai nom Giorgios Kalkias Stravelakis, né en 1817 à Kardamila sur l'île de Chios et décédé le 26 juillet 1878 à Tunis, est un homme politique tunisien d'origine grecque. Khaznadar signifie « trésorier ». Wikipédia
Naissance : 3 août 1817, Chios, Grèce
Décès : 26 juillet 1878, Tunis, Tunisie

Mustapha_Khaznadar

L'échec de la modernisation des institutions initiée par le Pacte fondamental du 10 septembre 1857, promulgué par Mohammed Bey1, et la constitution octroyée le 23 avril 18612, qui à la suite d'émeutes est suspendue ; la persistance des féodalités entretenues par les révoltes récurrentes provoquées par une fiscalité trop lourde ; la modernisation de l'économie (agriculture et commerce en particulier) entreprise par Kheireddine Pacha, successeur de Khaznadar ; il ne parvient toutefois pas à redresser la barre par ses réformes et démissionne en juillet 1877; les efforts de Mustapha Ben Ismaïl qui le suit à la tête du gouvernement ne connaissent guère plus de succès.

Carte de la régence de Tunis en 1843 :

Quant à la situation extérieure, elle se traduit par un interventionnisme étranger accru. En effet, les puissances occidentales, principales créancières de la Tunisie, mettent sur pied une commission internationale, le 5 juillet 1869, qui afferme certaines recettes afin d'apurer la dette, sans succès. Elles voient aussi miroiter les perspectives d'emplois offertes aux capitaux générés par la révolution industrielle et cherchent de nouveaux territoires, sous-tendant ainsi leurs pressions impérialistes. Dans le même temps, l'Empire ottoman tente de restaurer son emprise sur la Tunisie en contrant la volonté d'indépendance beylicale. Car, s'appuyant sur la diplomatie et les forces navales européennes, les beys de Tunis parviennent progressivement à réduire à l'état de fiction le lien de suzeraineté rattachant la Tunisie à Istanbul.

Mustapha Ben Ismaïl
Homme politique
Mustapha Ben Ismaïl, né vers 1850 à Bizerte et décédé en 1887 à Istanbul, est un homme politique tunisien. Ses origines sont obscures et peu de détails sur son enfance sont connus. Wikipédia
Lieu de naissance : Bizerte, Tunisie

ismael

Signé le 13 juillet 1878, le traité concluant le Congrès de Berlin entérine presque explicitement le partage des zones d'influence des principales puissances coloniales, en particulier la dévolution de la Tunisie à l'orbite d'influence de la France. C'est dans ce contexte que cette dernière cherche à compenser les effets de sa défaite lors de la guerre de 1870, en particulier la perte de l'Alsace et de la Lorraine. De plus, le percement du canal de Suez, inauguré en 1869, fait de la mer Méditerranée un axe commercial attractif sur lequel la Tunisie occupe des positions stratégiques, militairement et commercialement convoitées par les puissances coloniales.

Les agents économiques (banques et maisons de négoce de Paris, Lyon et Marseille) et diplomatiques français considèrent aussi défavorablement les manœuvres de l'Italie tout juste unifiée ; elle cherche en effet, bien que signataire du traité de Berlin, à étendre son emprise naturelle à la Tunisie.

Re: GTB GAZOUZ - Le Site qui désaltère.
22 décembre 2015, 23:57




Conquête de la Tunisie par la France:

Prise du Kef le 26 avril 1881:

Article détaillé : Conquête de la Tunisie par la France:

Première campagne:

Prenant prétexte des incidents de frontière entre la tribu algérienne des Ouled Nahd et la tribu tunisienne des Kroumirs les 30 et 31 mars 1881, le gouvernement français présidé par Jules Ferry décide l’envoi d’un corps expéditionnaire de 24 000 hommes placé sous le commandement du général Léonard-Léopold Forgemol de Bostquénard à la frontière entre l’Algérie et la Régence de Tunis.

Le 24 avril 1881, les troupes françaises pénètrent en Tunisie par le nord (Tabarka), le centre de la Kroumirie et la ville de Sidi Youssef. Tabarka est investie dès le 26 avril. La ville du Kef tombe le même jour. Les trois armées peuvent alors faire leur jonction pour écraser les tribus montagnardes qui résistent jusqu’au 26 mai.

kef

Encouragé par l’inertie de l’armée tunisienne qui n’a pas bougé pour défendre la ville du Kef contre l’attaque française, Jules Ferry décide d’envoyer un corps de 6 000 hommes sous le commandement du général Jules Aimé Bréart débarquer à Bizerte dès le 1er mai. La ville n’oppose aucune résistance et le 8 mai, la colonne militaire prend la route de Tunis. Le 12 mai, les soldats français campent à La Manouba, non loin du palais du Bardo.

Signature du traité du Bardo le 12 mai 1881:

À 16 heures, escorté par deux escadrons de hussards, Bréart se présente devant le palais du bey accompagné de tout son état-major et de la plupart des officiers supérieurs de la colonne. Des soldats tunisiens leur rendent les honneurs. On les introduit dans le salon où Sadok Bey et le consul de France Théodore Roustan les attendent. Craignant d’être destitué et remplacé par son frère, Taïeb Bey, le monarque signe le traité à 19 heures. Il obtient toutefois que les troupes françaises n’entrent pas dans la capitale.

Théodore Roustan :

Théodore Roustan, de son nom complet Justin Théodore Dominique Roustan, né le 8 août 1833 à Nîmes et décédé le 8 août 1906 à Paris, est un diplomate et fonctionnaire de l'administration coloniale française.

Roustan


Par ce texte, la France prive l'État tunisien du droit de légation actif en chargeant « les agents diplomatiques et consulaires de la France en pays étrangers [...] de la protection des intérêts tunisiens et des nationaux de la Régence ». Quant au bey, il ne peut plus conclure aucun acte à caractère international sans en avoir auparavant informé l'État français et sans avoir sa permission. Par ce traité, la France s'engage également à assurer la pérennité du régime monarchique beylical et à conserver au bey son statut de souverain ; l'article 3 indique que « le Gouvernement de la République prend l'engagement de prêter un constant appui à S.A. le bey de Tunis contre tout danger qui menacerait la personne ou la dynastie de Son Altesse ou qui compromettrait la tranquillité de ses États ». La faible portée des concessions imposées au bey vise à rassurer les pays européens qui tiennent à conserver les privilèges qu’ils ont obtenus en Tunisie, tels que l’immunité judiciaire ou les droits réduits sur les taxes d’importation.

bardo


Les derniers coups de feu sont tirés le 26 mai. Quatorze soldats français et un nombre inconnu de Tunisiens sont morts au combat.

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Deuxième campagne:

Représentation de la prise de Sfax par Édouard Detaille:

Le retour en France de la moitié du corps expéditionnaire encourage le pays à prendre les armes. Le signal de la révolte est donné par la ville de Sfax qui se soulève le 27 juin. Les autorités locales sont dépassées et les Européens doivent évacuer la ville en catastrophe. La rébellion est matée dans le sang par les fusiliers marins de l’escadre de Méditerranée qui reprennent la ville le 16 juillet au bout de quatre heures de combats de rue. La ville de Gabès tombe à son tour le 30 juillet.

C’est tout le pays qui imite l’exemple des sfaxiens. En août, la ville de Kairouan est investie par les révoltés. Tout l’arrière-pays est parcouru par des tribus qui profitent de la situation insurrectionnelle pour piller. Le camp militaire du Kef est assiégé par 5 000 combattants emmenés par le chef de la tribu des Ouled Ayar, Ali Ben Ammar. Près de Hammamet, une colonne française est harcelée par 6 000 insurgés entre le 26 et le 30 août et perd trente hommes. Les civils européens ne sont pas épargnés. Le 30 septembre, la gare d’Oued Zarga est attaquée et neuf employés sont massacrés. À la suite de cette tuerie, Tunis est occupée le 7 octobre par les troupes françaises pour rassurer la population étrangère.

sfax

Des troupes sont envoyées en renfort depuis l’Algérie. Le 26 octobre, la ville de Kairouan est reprise aux insurgés par l’armée française. Les combattants de Ben Ammar sont mis en déroute le 22 octobre ; les derniers résistants sont encerclés le 20 novembre. Les colonnes françaises qui parcourent le pays traquent impitoyablement les tribus insurgées qui fuient vers la Tripolitaine toujours aux mains de l’Empire ottoman. Les derniers combats cessent à la fin du mois de décembre.

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