hommage à mes parents

Tout le monde avait peur du bandit des couloirs, qu'avec deux potes on avait traqué, pour le faire tomber dans un guet-apens, histoire de lui refiler une tannée,,, mais après notre forfait, on s'est aperçu que ce n'était pas le bon, ou alors c'est qu'ils étaient plusieurs à sévir dans le quartier.

Ladouda, tu es donc de Lafayette ?

oh, ils devaient etre plusieurs à semer la panique, je me souviens que mes parents et les autres disaient que le coup était en forme de croix...

et que, pendant la guerre, certains mettaient un "sefseri" aux allemands
et ainsi déguisés en femme ils étaient protégés par ceux qui les aimaient....

à Lafayette, il y avait aussi une très bonne boulangerie-patisserie "La Rosa", je me souviens seulement de leur brioche ronde avec un chapeau plus petit par dessus c'étaient les meilleures pour moi..
pour le pain il était souvent livré à domicile où alors on allait le prendre
chez le djerbien à coté, on en trouvait de toutes sortes, mais au moins lui il ne fermait jamais et lorsque c'était le moment de la sieste et qu'il baissait le rideau on pouvait frapper dessus et il se réveillait en
nous vendant ce qu'on voulait...

la sieste !!!!! moment sacré...
la bonne partie et le par-terre rafraichi pour la 2eme fois de la journée, ma mère nous obligeait à faire la sieste...
elle nous disait "meme si vous ne dormez pas, je ne veux pas vous entendre"....
c'était sans compter nos envies de fou-rire juste à ce moment-là et elle
nous rappelait à l'ordre..
alors on chuchotait car personne n'avait envie de dormir...
soit on se glissait sous la table car les pieds en bois formaient des demi-cercles comme un hamac, soit sous les lits car le par-terre était frais...
nos lits dont le sommier était un fin treillis en fer etait très confortable.
ce qui l'était moins c'était les matelas en "crin" pour les enfants.
les parents eux avaient un matelas en laine.. tout un art la confection
de tous ces matelas, lavés chaque année, laine ou crin remaniés, et refaits et je regardais ma grand-mère maternelle rembourrer et recoudre
tout çà.
on chuchotait, découpait des catalogues, lisait, jusqu'à 16heures tapantes, volets clos...
et là, le cri du marchand de glaces "chez Bébert, frigolos"......
nous voilà vite courant voir notre mère afin qu'elle nous donne les sous
et rattraper le vendeur au bout de la rue..frigolos et cassattes enveloppés dans du fin papier argent ou or, un vrai régal.....
puis succédait, le marchand de Kakis, le marchand de caramel avec son cylindre surmonté d'une roulette style "baccarat" que l'on faisait tourner et suivant où le petit morceau de cuir s'arrétait on gagnait
un autre caramel, au gout fort, un petit baton entouré d'un petit bout de papier pour le tenir, pas ces caramels mous qui collent aux dents...
et surtout, le vendredi c'étaient plus riche, il y avait le marchand de
"glibettes" en tout genre, le marchand de "melhobninai" (graines de lin grillées et salées dans des petits cornets de papier) et venait en dernier le marchand de "fel" et de "jasmins", petits bouquets savemment
disposés sur son panier rond posé sur sa téte, et le bouquet à l'oreille
que chaque homme de la famille se devait d'offrir à sa bien-aimée ce jour-là...
j'oubliai les "pois-chiches" grillés et salés que l'on envoyait au-dessus de nos tetes pour les rattraper la bouche ouverte (pas évident au début et meme après)....

l'hiver c'était le marchand de brioches, avec sa petite caisse devant lui, on choisissait au travers de la vitre qui les tenaient au chaud,
mes préférés : les schneks et pain au sucre par-dessus....

je regarde par hasard un reportage sur la Turquie....

les derviches tourneurs, les Halkoums.....

nous nous avions "les robes blanches", danseurs revetus d'un joli costume
qui comportait une jupe blanche plissée qu'il faisaient tournoyer pendant
leur danse, ils avaient aussi une chéchia avec un long pompon qu'ils faisaient tourner aussi en penchant la téte en avant.
et l'"Arbibiya" musiciens invités souvent pour les fètes, je me souviens
avoir vu notre voisine "entrer en transe" par leur musique...

est-ce du folklore de l'empire ottoman, est-ce africain ? je ne sais pas
seulement que tout celà était bien agréable à voir et écouter au gré
des promenades....

A propos de l'effet du sel sur la glace, voici une courte vidéo qui montre comment refroidir très rapidement des boissons qui sont à la température ambiante.

On passe de 26°C (79°F) à 6°C (43°F) en deux minutes !

Sans le sel sur les glaçons, il faudrait davantage de temps. De même avec des récipients en verre, matériau qui conduit moins bien le froid (ou la chaleur) que le métal.

Cela suppose bien sûr qu'on dispose de glaçons dans le congélateur.

Meyer avec cette vidéo tu pourras nous faire des glaces maisons en un rien
de temps, je te donnerai les glaçons si tu veux...

nous parlions précédemment des douceurs autour du passage..au début de
l'avenue de Madrid, juste à l'angle, il y avait je crois "Naouri" le marchand de gateaux...l'hiver mon père s'arrétait toujours pour nous acheter une spécialité bien à lui, : un demi bascoutou rond avec dedans
l'hiver du nougat (pas celui qui vous colle aux dents ou vous les casse)
et l'été c'était de la glace... c'était savoureux...

je me demande toujours pourquoi nous ne retrouvons nulle part le gout
de notre enfance, moins de pollution sans doute à l'époque et plus d'amour
de nos vendeurs qui préparaient tout çà.

Salut Shochote,
Tu ecris,
"je me demande toujours pourquoi nous ne retrouvons nulle part le gout de notre enfance"
Tout simplement parcque nous avons avance, et nous n'avons plus, ni nos yeux ni nos sens d'enfant.
Tu ecrivais il ni a pas si longtemps, qu'a ton retour en Tunisie tu remarquais que ce qui te paraissais tres grand a l'epoque, ne l'etais pas.
Un petit enfant s'emerveille de rien du tout, mais une fois qu'il a grandit, ses reactions sont differentes.
Bon ce matin, je ne suis pas encore bien reveille,je raconte n'importe quoi, alors je vais m'arreter et souhaiter a tous une excelente journee.

bobjour Henri, à mon tour de me réveiller, je viens de faire le tour de la maison pour ouvrir toutes les portes et fenetres et regarder le jardin et
là je vais déjeuner (c'est sacré) alors à plus aussi...

shochote a écrit:
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> Meyer avec cette vidéo tu pourras nous faire des
> glaces maisons en un rien
> de temps, je te donnerai les glaçons si tu
> veux...
>
> nous parlions précédemment des douceurs autour du
> passage..au début de
> l'avenue de Madrid, juste à l'angle, il y avait je
> crois "Naouri" le marchand de gateaux...l'hiver
> mon père s'arrétait toujours pour nous acheter une
> spécialité bien à lui, : un demi bascoutou rond
> avec dedans
> l'hiver du nougat (pas celui qui vous colle aux
> dents ou vous les casse)
> et l'été c'était de la glace... c'était
> savoureux...
>
> je me demande toujours pourquoi nous ne retrouvons
> nulle part le gout
> de notre enfance, moins de pollution sans doute à
> l'époque et plus d'amour
> de nos vendeurs qui préparaient tout çà.



"Bescoutou", cela veut dire "biscuit" dans la langue des juifs tunisiens. On le déguste souvent avec une glace aux oeufs appelée "sabayon".[www.harissa.com]



C'était plutot la pâtisserie Nathan qui se trouvait à l'angle avenue de Madrid, Avenue de Paris. Elle avait été incendiée lors des émeutes à Tunis durant la guerre des six jours ainsi que la synagogue et plusieurs magasins appartenant à des juifs. [www.harissa.com] . Par la suite, Nathan avait ouvert sa pâtisserie à Belleville; aujourd'hui, elle a disparu mais son annexe Rue Bergère existe encore.

La pâtisserie Naouri se trouvait pas loin, en face, de l'autre coté de l'Avenue de Paris. Naouri était surtout le specialiste de la citronnade et du "créponné" (citronnade + glace pilée ).

Une citronade bien frappee, avec un croquant, ou Rabi m'ana.
Avec cette chaleur c'est ce qu'il nous faut.
Ya hasra al a Touness.
Dany, il a dit sabayon, Rabi istor!!!!!

merci Lapid pour ces précisions..et le "créponné" c'était une merveille
"Chelly" aussi en faisait, il appelait çà un "spécial" (je pense) c'était délicieux et désaltérant, on en aurait bu des litres...et à coté de lui
il y avait une patisserie arabe, je me souviens du monsieur toujours assis
en tailleur devant sa friteuse géante....
toujours à l'avenue de Paris il y avait un petit restaurant qui faisait le soir des bricks à l'oeuf avec une pate plus épaisse comme celle des beignets.
il jetait la brick dans un mouvement du poignet qui la faisait tournoyer
et tirait vite les 3 bords avec son "pique"..
quelqu'un a donné la recette avec la pate à pain, c'est pas tout à fait çà...qui donc à la recette ???
j'ai quitté Tunis en 1962 je venais d'avoir 16 ans....
il me reste quelques repaires( souvent erronés) mais les images sont
toujours là surtout lorsqu'il s'agit de la nourriture c'est "inclassable"....
je ne vais pas souvent à Paris et une fois là-bas on ne pense pas à celà...c'est plutot la famille ou du tourisme....
il y avait aussi "la Cave de Paris" qui avait inventé le sandwich au salami avec des pommes de terre c'était aussi trés bon...
bref pour te dire que nous sommes partis lorsque tout aurait du commencer (sortir, fréquenter, visiter, pélérinage etc...).....
dans le petit bled où nous étions ma soeur et moi ressemblions à deux
"noiraudes" qu'on regardait les yeux écarquillés mais heureusement
ils savaient que nous étions les soeurs de Claude...(hamdelléh)...