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Antisionisme et antisémitisme, par Daniel Horowitz

 

Antisionisme et antisémitisme
par Daniel Horowitz

 

 

 

Certains observateurs de la politique israélienne déclarent de bonne foi être antisionistes, tout en se défendant d'être antisémites. À ceux qui leur disent que l'antisionisme n'est qu'un antisémitisme recyclé, ils opposent qu'il est injustifié de taxer ainsi une opinion qui ne fait somme toute que récuser le sionisme en tant que projet politique. Ils estiment donc que l'antisionisme relève de la liberté d'expression.

 

Je ne suis pas du tout de cet avis.

Tout un chacun peut critiquer ou prendre ses distances avec Israël, mais il faut se garder de confondre l'antisionisme avec le droit de s'opposer à la politique israélienne.

Il s'agit de mesurer le poids des mots. Exprimer son opposition à Israël en se disant antisioniste est une dérive sémantique qui a de graves implications, parce que l'antisionisme est une transgression morale au même titre que l'antisémitisme, et devrait être proscrite.

Être antisioniste, c'est désavouer le sionisme en tant que mouvement de libération nationale, remarquable entreprise humaine qui a débouché sur un État moderne dans une région qui n'avait pas été souveraine depuis des siècles et n'avait jamais connu de démocratie.

Être antisioniste c'est contribuer à la délégitimation d'Israël et contester le droit du peuple juif à disposer de lui-même. C'est nier les implications d'une impressionnante série de dispositions juridiques relevant Droit International telles que la Déclaration Balfour, la Conférence de San Remo, la Commission Peel, la Résolution 181 et 242 de l'ONU, qui toutes ont concouru à ce que la Communauté Internationale reconnaisse de manière irrévocable le droit au peuple juif de vivre en Israël en paix dans des frontières sûres et reconnues.

Être antisioniste ce n'est donc pas critiquer tel ou tel aspect de la politique israélienne, mais dénier à Israël le droit d'exister. C'est également s'associer à la dictature islamiste iranienne et à ses filiales terroristes installées aux frontières d'Israël, qui appellent sans ambiguïté à la destruction de ce qu'ils appellent l'Entité Sioniste.

La proclamation de l'Indépendance d'Israël en 1948 constitue l'aboutissement de la longue marche du peuple juif pour recouvrer son indépendance en tant que nation, mouvement dont les acteurs ont à chacune des étapes scrupuleusement veillé à s'assurer de la légitimité de leur démarche.

Les 400.000 juifs qui s'apprêtaient à créer l'État d'Israël avant même la Deuxième Guerre Mondiale étaient munis de passeports de Palestine frappés du sceau de la Couronne Britannique, tout comme les Arabes. Les juifs qui n'étaient pas nés en Palestine y étaient venus avec des visas d'immigration en bonne et due forme, là aussi comme de nombreux Arabes venus de pays limitrophes attirés par une prospérité relative.

Aux antisionistes qui estiment que l'Angleterre en tant que puissance coloniale avait disposé d'une terre qui n'était pas la sienne en permettant aux juifs de s'y établir, il faut suggérer de s'en prendre aux Anglais, et pas aux juifs. Ceux-ci n'ont fait que proclamer un État Juif parfaitement légitime sur un sol qui leur appartenait.

L'antisionisme est un déguisement cousu de fil blanc.

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