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Ces pays arabes qui ont soutenu en coulisses le renversement de Mohamed Morsi, par Gerard Fredj

Ces pays arabes qui ont soutenu en coulisses le renversement de Mohamed Morsi, par Gerard Fredj

 

 

La grande interrogation du coup de force de l’armée égyptienne restait économique, avec la menace d’une suspension de l’aide militaire américaine aux forces armées, soit plus d’un milliard de dollars, et de l’aide américaine tout court, là encore plusieurs milliards de dollars. 

Car Washington a soutenu la conduite du pays par les Frères musulmans, considérés comme une force modérée. Si l’armée a pris le risque, c’est qu’elle se savait d’autres soutiens.

C’est en effet l’Arabie saoudite et les émirats arabes unis qui ont jeté tout leur poids politique – et leurs coffres forts- derrière les généraux.
Il s’agit de leur première intervention dans la marée des printemps arabes, après avoir échoué à contrôler la situation en Egypte, en Lybie, en Syrie.

Le général Abdel Fattah El-Sisi, aurait reçu deux engagements de la part de ces pays : l’assurance qu’ils prendraient le relais de l’aide aux forces armées si l’administration américaine suspendaient ses financements militaires, et l’intervention massive pour soutenir l’économie égyptienne afin que la rue égyptienne voit rapidement le changement avec la période Morsi de débâcle économique.

Saoudiens et émiratis se seraient engagés à transférer l’équivalent de ce qu’ils avaient transféré l’année dernière, soit 13 milliards de dollars, en grade partie captés par les Frères musulmans.
C’est ce qui explique la prudence de Barack Obama jeudi matin ; exprimant sa “ profonde préoccupation ”, sa déclaration montre qu’il n’en est rien. A aucun moment il n’a parlé de coup d’état ou demandé le retour du pouvoir aux mains du Président démocratiquement élu.

Le président américain s’abstiendra probablement de couper l’aide à l’Égypte, virtuellement sous administration militaire, demandant seulement à l’administration “d’évaluer ce que les mesures prises par les militaires changeaient en matière d’aide.”

Abdullah d’Arabie saoudite tient sa revanche, lui qui avait soutenu jusqu’au bout son ami Hosni Moubarak.
Il n’avait jamais pardonné ni aux Frères musulmans, ni à Barack Obama, qui avait rapidement lâché le dirigeant égyptien pour soutenir l’opposition.
Le départ de Morsi constitue un camouflet pour la politique américaine en Égypte.

L’intervention de l’Arabie saoudite et des états du Golfe constituent également une première en matière de diplomatie proche orientale : pour la première fois, un groupe de pays arabes conservateurs, traditionnellement alliés très proches des USA, agissent pour leur propre compte, lassés par les réticences américaines sur la question de la guerre civile syrienne ou du nucléaire iranien.

Pour Israël, l’administration militaire sur l’Egypte comme la perte d’influence des Frères musulmans relâchent la pression : les dangers immédiats sur la frontière du Sinaï va progressivement s’atténuer – il est fort probable que l’intervention de l’armée pour rétablir l’ordre dans la péninsule va s’accentuer, même si dans un premier temps, une période de chaos pourrait permettre aux groupes radicaux installés dans le désert de mener impunément des actions terroristes contre Israël, une crainte clairement exprimée par le gouvernement israélien jeudi matin.

Même si le Hamas affirme que ce qui vient de se passer est une affaire interne à l’Egypte, le mouvement islamiste, émanation des frères musulmans, risque d’en faire rapidement les frais.
L’hostilité de l’armée égyptienne à son égard n’est pas une révélation.
Reste maintenant à l’Arabie saoudite et aux émirats à tenir parole et à ouvrir les vannes du financement promis… rien n’est moins sûr. 

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