Chochana Zeitoun: des dons exceptionnels
Claire Dana-Picard
«Je crois beaucoup à la responsabilité que D. m’a confiée». C’est par ces mots que Chantal Zeitoun a conclu ce témoignage touchant dans lequel elle raconte le parcours de sa fille Chochana, handicapée moteur, qui est une artiste peintre extrêmement talentueuse. Comment tout cela a commencé? Elle nous le raconte dans cette interview:
Le P’tit Hebdo: Chantal, comment avez-vous découvert les dons de votre fille?
Chantal Zeitoun: Chochana, qui a aujourd’hui 21 ans, a été victime à la naissance d’un accident dû à une erreur d’un médecin et elle a perdu 80 % de ses capacités motrices. Tout au long de son enfance, nous avons tout fait pour qu’elle revienne à la vie.
LPH: Comment communique-t-elle avec son entourage?
CZ: Elle communique avec son ordinateur, à l’aide d’un système de code-image. Actuellement, elle peut, à partir de ce système, construire des phrases. Son cortex n’a pas été touché et elle est extrêmement intelligente. Tout cela nous a donné du courage. Elle est très expressive et on peut avoir avec elle des échanges: elle répond par oui ou par non.
LPH: A quel moment la peinture est réellement entrée dans sa vie?
CZ: A l’âge de 5 ans, elle a peint une œuvre dégageant un message extraordinaire, que je tiens d’ailleurs à garder. Elle exprime des messages bien au-delà de notre compréhension. Elle a réalisé également une toile sur la Shoah, très impressionnante.
LPH: Ne souffre-t-elle pas de son handicap?
CZ: Non, elle a beaucoup à donner et elle est très gaie. Elle a une envie de vivre prodigieuse. Mais comme elle ne parle pas, elle l’exprime par d’autres moyens, notamment en riant. Elle adore la musique orientale qu’elle entend souvent parce que mon mari et mes fils sont Hazanim. Elle passe ses journées dans la musique et la peinture.
LPH: Vous êtes arrivés en Israël lorsque Chochana avait 14 ans. Et par la suite, que s’est-il passé?
CZ: J’ai demandé un jour à Yoel Benharrouche, qui est un grand artiste, de me donner son avis sur les tableaux de Chochana. Venu chez moi «pour un quart d’heure», il est finalement resté près de deux heures, tant il a aimé ses toiles. Il est entré en communication très rapidement avec Chochana et il m’a dit que ses tableaux étaient très beaux et qu’ils contenaient un message extraordinaire. Il a accepté de parrainer Chochana et m’a mise en contact avec Nissim Cohen.
LPH: Comment Chochana peint-elle?
CZ: Elle réalise ses toiles avec ses mains, ne pouvant pas tenir de pinceau, et quelqu’un doit être à ses côtés pour lui donner les couleurs qu’elle réclame et lui nettoyer les mains afin d’éviter le mélange des tons. Ses œuvres sont différentes en fonction de la personne qui se trouve près d’elle. Elle travaille beaucoup au feeling, de Nechama à Nechama. Elle est aussi très exigeante avec elle-même et a une volonté de fer.
LPH: Avez-vous décelé des changements dans ses tableaux depuis que vous vivez en Israël?
CZ: Certainement. Ses tableaux sont beaucoup plus expressifs depuis que nous vivons en Israël mais ces différences sont dues aussi au fait qu’elle peint désormais à l’huile. Elle aime beaucoup Van Gogh et elle s’en est beaucoup inspirée dans les paysages qu’elle a réalisés. Son professeur d’art, qui l’a suivie pendant sept ans en Israël, a été impressionnée par sa manière de travailler et de s’unir avec la peinture. Chochana a beaucoup évolué depuis que nous sommes ici; elle essaie de remplir le tableau d’expressions plus adaptées à Israël, en reproduisant beaucoup plus de choses liées à la terre et à la mer, et le choix de ses couleurs est plus gai.
Chochana exposera ses œuvres lors du prochain vernissage prévu le jeudi 29 mars à 19h 30 dans les locaux du P’tit Hebdo, Haoman 24, Talpiot, Jérusalem.
Commentaires
Publier un nouveau commentaire