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Du Marché de Noël au Shouk Hacarmel - Le parcours de Manu

Du Marché de Noël au Shouk Hacarmel - Le parcours de Manu

iManusch 

 

 

Il n’existe pas de terre plus sioniste en France que l’Alsace. Cette affirmation n’est pas sans fondement historique. Dès les premiers congrès sionistes il y avait des  délégués alsacien et c’est à Strasbourg qu’a été créé le premier bureau du KKL dès 1923 !

Cette réflexion se reflète également dans mon parcours qui prend ses racines dans cette région, riche d’une communauté juive diverse vivant au cœur et au rythme de la cité alsacienne. Le parcours de chacun de nous est unique. Vivre en Alsace ne conditionne en rien le désir de Sion, mais cette terre de rencontre et d’histoire prépare au mieux les candidats à l'Alyah qui, comme moi, ont décidé de passer du Marché de Noël au Shouk Hacarmel à un moment ou a un autre de leur vie.

Venir s'établir dans un nouveau pays, changer de langue, de culture, vivre au rythme d’une autre Histoire, cela reste et restera quelque chose d’effrayant pour chacun d’entre nous. Il existe une  résistance intrinsèque au changement. Mais de nombreux exemples nous montrent par quel processus l'homme peut tirer parti de cette expérience, évoluer et en sortir grandi. Mon parcours n'a rien d’exceptionnel, mais il m'a permit de vivre et de ressentir des émotions nouvelles. Monter en Israël fait partie de ces moments de rupture qui nous rendent plus vivant et nous exaltent.

A 25 ans, à l'aube de ma vie professionnelle, la brutalité qui a accompagné ce changement a été adoucie par mes rêves de jeunesse. Oui des rêves, car il s'agit bien de cela. L'Alyah fait parti de ces rêves que tant de gens souhaitent réaliser mais que si peu transforment en actes. C'est un des moments clés, qui a des conséquences pour tout le reste d’une vie.

Le départ

Après une éducation et une scolarité bercée par le judaïsme et le sionisme à la sauce alsacienne, j'ai entrepris des études supérieures dans les domaines de l’économie, de la gestion et de la finance à l’École Normale Supérieure de Cachan près de Paris.

Durant ces quelques 23 années passées en France, les coutumes qui rythment la vie d’un Juif traditionaliste, l’apprentissage de l’histoire de mon pays et les différentes rencontres que j'ai pu faire, ont permis de me construire. C’est également dans ce terreau fertile qu'a grandi mon lien si fort avec Israël. Un pays maintes fois visité lors de vacances en famille ou à l’occasion de voyages organisés entre amis.

L’idée de faire mon Alyah a toujours sonnée juste dans mon esprit, mais j’ai systématiquement repoussé ce projet à plus tard. Après avoir fini mes études, et m’être ouvert l’esprit le plus possible dans des temples français du savoir, j’ai compris que j’arrivais au dernier tournant avant ma mise en orbite professionnelle. Allais-je pouvoir laisser tomber l’un de mes rêves ? J’ai alors découvert le programme "Gvahim" qui permet à un jeune diplômé de faire un stage en Israël.

La découverte

C’est lors de ce stage de 3 mois, dans une société internationale de logiciel de gestion financière, basée à Tel Aviv, que tout s’est éclaircit. Durant cette période d’essai que j'avais accordé à Israël, mon esprit curieux et assoiffé de nouvelles aventures a été servi. Ce changement de pays, m'a  permit de vivre au rythme des travailleurs de Tel Aviv, l’autre mégapole qui “ne dort jamais”. 

Fini les maillots de bain et les Matkot (le fameux jeu de raquette à la mode sur les plages du pays). Ces équipements que j’avais l’habitude de porter lors de mes venues en période estivale a laissé place à des chemises, moins confortables par 36 degrés à l’ombre, et à un ordinateur un peu trop lourd pour m'en servir de raquette. 

Perché au 28e étage d'une des tours du complexe Azrieli, j’ai intégré une équipe responsable du développement d'un logiciel de finance. L'ambiance de travail y était décontractée à l'image des start-up qui poussent un peu partout dans le pays. Travaillant avec des banques du monde entier l'anglais prédominait dans les échanges entre collègues, ce qui a facilité mon intégration au sein des équipes.

Être en Israël c'est vivre dans une époque, qui semble oubliée aujourd’hui, en Europe ou aux Etats Unis, celle où "tout est possible". Ici, c’est une réalité et non un slogan. Être en Israël c'est ressentir cette liberté constructrice qui donne la main à une modernité sans fin, permettant de transformer les rêves en réalités. Sauvegarde des données virtuelles, détection des maladies de manière non intrusive, jambes bioniques pour faire marcher les amputés... Les exploits de ce tout jeune pays rayonnent dans le monde et rendent fier le nouvel israélien que je suis devenu. C'est à la fin de mon stage que j’ai décidé de faire mon Alyah et je suis devenu ainsi citoyen israélien.

Tsahal comme école d'intégration

Cette nationalité nouvelle m'impose de nouvelles obligations. Maîtriser la langue en est une. Intégrer Tsahal, l'armée d'Israël, qui est le corps incontournable pour effectuer pleinement son Alyah, en est une autre.

Malgré mes 25 ans révolus, j’ai connu cette journée si particulière dans la vie de tout israélien arrivé à l'âge de 18 ans, cette journée qui prend l'allure de filtre national, cette journée qui rassemble toute les couches sociales qui composent le pays, celle de l’incorporation dans les rangs de l’armée d’Israël.

Les soldats sont jeunes. Trop jeunes diront certains. Ils donnent 3 ans de leur vie à leur pays et c'est un sacrifice que chacun accepte. Cette jeunesse, avec cette naïveté qui ne les a pas encore quittée, je la retrouve sur les murs des administrations militaires où dessins, cœurs  et étoiles décorés de paillètes ornent les cadres où défilent les photos personnelles remplies de sourire, d'amour et d'envie d'avenir. Tout n'est pas vert kaki dans les rangs de l'armée d'Israël, loin de là. Une tendresse juvénile parcours l'ensemble de ce corps central, pilier du pays. Du commandant fier de ses soldats ayant fini les cours pour devenir officiers, aux "jobnikim" (soldats servant depuis les bureaux) apportant leur contribution à la défense du pays, là où ils sont, Tsahal résume la société israélienne et en explique le caractère.

Ayant signé pour 18 mois j’ai intégré l'unité de «dover Tsahal» (le porte–parole de Tsahal). J’y travaille en français et sur internet. Mon quotidien est consacré à la défense d’Israël sur les médias sociaux et à des reportages sur le terrain auprès de soldats qui ont des expériences insoupçonnées à raconter. L'un d'entre eux, Levi, combattant posté à Hébron, me racontait l'importance à ses yeux de servir sous le drapeau à l'étoile de David. Arrivé du Congo avec sa famille, sa tache n'est pas simple tous les jours dans une ville ou les tensions religieuses électrisent l'atmosphère. Mais son parcours et l'amour pour sa patrie sont les moteurs de son service.

Sur le chemin pour aller à la rencontre de ces soldats, les paysages d'Israël défilent sous mes yeux, telle une carte postale devenue réalité. Les routes ensablées au plein cœur du désert du  Néguev me font découvrir une végétation unique à l'image des habitants du pays. Comme cette plante appelée Sabra qui peuple les paysages désertiques d'Israël mais défini également le caractère des habitants du pays. Une écorce sèche et piquante, mais un fruit sucré et juteux. C'est tout le paradoxe de ces Israéliens qui vous accueillent parfois avec rugosité mais qui se révèlent toujours d'une gentillesse et d'une solidarité sans limite.

De retour à ma base, au cœur de Tel Aviv, les obligations de tout soldat s’imposent à moi. Les tours de garde, arme en bandoulière, doivent être assurés. Je suis là, avec pour responsabilité de sécuriser un bâtiment rempli de jeunes de mon âge. Je ressens alors, un lien fort, qui me rappelle combien il est bon de faire ce que je fais. La gentillesse des regards, les attentions pour s'assurer que rien ne vous manque, les bonjours et aux revoir toujours ponctués de sourires chaleureux, me donnent la chair de poule et me rendent si fier et heureux de servir mon pays.

Encore quelques mois à découvrir ce magnifique pays, mon pays. Quelques mois pour améliorer mon hébreu et capter les particularités de la société israélienne au travers de son armée, c’est  pour moi la meilleure école possible pour tout nouvel immigrant. Dans quelques mois, le destin  me dira de quoi sera fait mon avenir dans les rues ensoleillées et entre les bâtiments toujours plus majestueux de Tel Aviv. Et pourquoi pas me lancer, moi aussi, dans l'aventure des start-up israéliennes ? Depuis quelques semaines, à coté de mon service militaire, j'ai créé une page Facebook consacrée à Tel Aviv, ville blanche est fascinante. Bons plans en tous genres, Histoire de la ville mais aussi service de recherche de location de vacances pour touristes rythment cette page, Happy in Tel Aviv, dans laquelle j'essaie de faire ressentir les couleurs et l'énergie si particulière de Tel Aviv.

Ce dont je suis sûr c'est que je suis connecté à ce pays, à ces pierres et à son Histoire tout comme je suis lié à jamais à l'Alsace, ses bâtiments gothiques et son patrimoine unique. Ces deux terres m'inspirent et me portent au quotidien dans cette nouvelle vie qui débute.

*initialement publié dans l'almanach 2014/2015 du KKL Alsace.

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