Effondrement du système électrique tunisien
Le black-out qui a plongé ce dimanche le pays dans l'obscurité a fait naître mille rumeurs et souligne le délitement de l'administration.
Aux alentours de 17 heures, dimanche 31 août, la Tunisie a été plongée dans le noir. Une coupure d'électricité d'envergure nationale a été constatée dans tout le pays, de la capitale Tunis jusqu'à la cité touristique d'Hammamet, de Tozeur à Sfax. Les coupures locales étant fréquentes, personne n'a pris conscience de l'ampleur de l'effondrement du système électrique national de Tunisie. La STEG, l'EDF national, a communiqué que la centrale de Ghannouch, dans le gouvernorat de Gabes (sud-est), a cédé devant une trop forte consommation liée à la canicule. Effet domino, le réseau tunisien a flanché. Clin d'oeil à la campagne électorale qui commence, les législatives auront lieu le 26 octobre prochain, Ghannouch est le fief natal du leader du parti islamiste Ennahda,Rached Ghannouchi. Cette panne à l'échelle d'un pays faisant suite aux déclarations alarmistes du ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, et du ministre de la Défense, Ghazi Jeribi. Les deux hommes ont indiqué lors d'une conférence de presse conjointe que de "sérieux risques terroristes" risquaient d'ensanglanter le mois de septembre. Cette plongée dans la nuit de la Tunisie, faute d'électricité, a nourri les rumeurs et autres théories du complot.
Effondrement de l'État
Cet événement illustre surtout l'affaiblissement de l'administration de la République de Tunisie. Un affaissement de l'État malgré les déclarations du Premier ministre Mehdi Jomaa voulant "remettre au travail la Tunisie". Cinq mois après sa nomination, le bilan est maigre. Ce technocrate élevé en France a été placé à la tête du gouvernement pour préparer la Tunisie aux élections, législatives puis présidentielles, ainsi qu'assurer la sécurité. Dans un contexte douloureux entre une Libye en capilotade et des régions du centre victimes du djihadisme, quinze soldats ont trouvé la mort en juillet dernier après une attaque d'un groupe revendiqué comme salafiste.
Dans un contexte régional complexe, de Tripoli au Caire, la frêle démocratie tunisienne compte désormais 95 listes candidates aux législatives. Et 34 candidats aux présidentielles de fin décembre. Cette nuit version watt alimente les soupçons de retour de l'ancien régime, d'intrusions étrangères (l'Algérie est pointée du doigt en interne par les islamistes tunisiens) et autres suppositions. Reste que ce dimanche 31 août, la STEG a démontré ses limites. Et prouvé que l'administration tunisienne est à bout de souffle. Plus qu'un complot contre la démocratie, la rupture de lumière pointe le délitement de la supposée puissance publique tunisienne. Vers 20 heures, la lumière est revenue, mais la rumeur ne s'est pas éteinte.
Par BENOÎT DELMAS
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