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ELÉGIE ou HOMÉLIE, par Jacques Hadida

ELÉGIE ou   HOMÉLIE, par Jacques Hadida

 

 

 

Et voila que l’idée me vint d’imaginer l’eulogie qu’un jour on fera de moi.

Je vois déjà l’attroupement de membres de la famille, amis et autres qui viendraient dire un dernier adieu à ce cher disparu.

Ce dernier n’aura aucune idée de ce qui se passe autour de lui et c’est pourquoi je préfère aujourd’hui m’en faire une idée.

 

D’ailleurs, j’ai été à bien des enterrements, j’ai vu et entendu ce qui se passait, pourquoi cela serait-il différent dans mon cas.

On lira quelques chapitres des psaumes et ensuite un groupe d’individus de la communauté se lèveront, rendrons un petit hommage par un petit discours stéréotypé, entendu moultes fois avant, prétendant connaître le défunt même si ce n’est pas le cas.

A la fin, on se lèvera, on accompagnera le cercueil jusqu’à l’auto.

Certains viendront au cimetière, mais ce ne sera pas la majorité.

C’est normal car plusieurs devront retourner à leurs activités.

 

Triste départ à la fin d’une vie qui a certes été remplie de tant de péripéties. Chacun a la sienne, pauvre ou riche et nous partons tous de la même manière. Je souhaiterai tant dans mon cas que cela se passe différemment, mettre de cotés les pleurs, chose normale, et remémorer les bons moments passés en compagnie du défunt

 

Voila donc un texte que j’ai imaginé et que si je devais prononcer un jour une homélie pour quelqu’un que j’ai  bien connu, il se récitera comme suit :

 

<<<Il est parti tel un oiseau migrateur.

Lui qui a passé sa vie de tribulation en pérégrination, que deviendrons-nous sans lui ?

Lui qui a su nous voir, nous aimer, nous faire rêver.

Pourquoi les héros meurent-ils a l’aube ?

Lorsque le voyage reste inachevé ?

Peut-être que l’immortalité réside dans la pensée.

Enrichissons- nous de tout ce qu’il nous a laissé.

Gratuitement, fortuitement, il n’y avait pas plus débonnaire que lui.

Lui, pour qui la joie de vivre enflait ses poumons.

Il la communiquait, la partageait avec qui voulait bien.

Son sens du partage et de l’acceptation d’autrui n’avait d’égal que sa richesse de caractère.

Pourquoi doit-on se départir de tant de noblesse ?

Quand cette dernière est des plus rares.

 

Fasse que sa mémoire nous inspire, nous donne ce souffle d’entrain, nous provoque, nous instruise.

Fasse que son départ, par le vide qu’il nous laisse, nous comble de grandeur d’âme et de cœur.

Et qui sait ? Peut-être qu’ainsi, un sens pourrait être donné a l’incompréhension de l’insensé.>>>

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