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En Tunisie, la saga judiciaire de la « gifle » du doyen Kazdaghli

 

En Tunisie, la saga judiciaire de la « gifle » du doyen Kazdaghli

 

Une gifle ? Quelle gifle ? Non pas celle, célèbre, donnée par une policière à Mohamed Bouazizi, un certain 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid et qui servit de détonateur au soulèvement tunisien contre le régime de l'ancien dictateur Zine El-Abidine Ben Ali, mais celle, tout aussi controversée, qui met aux prises depuis des mois une étudiante porteuse du niqab, le voile intégral, et Habib Khazdaghli, le doyen de la faculté des lettres de la Manouba, dans la banlieue de Tunis. En Tunisie, il est des gifles qui deviennent symboles.

Plusieurs fois reporté, le procès, qui s'est déroulé au tribunal de première instance de la Manouba jeudi 3 janvier, a fini par mettre en lumière dans ce dossier l'absence... de gifle. Les deux étudiantes à l'origine de la plainte contre le doyen n'ont pas évoqué un tel geste mais le fait que, selon le témoignage de l'une d'elle,  M. Kazdaghli l'aurait "tenue par les bras". Bref, la gifle n'existe plus que dans le constat médical versé au dossier par la partie plaignante, et contesté par les avocats de la défense.

Fin de la saga de la gifle, donc, mais pas de l'imbroglio judiciaire. Jeudi, le parquet a remis en avant, dans son réquisitoire, l'article 101 du code pénal tunisien qui punit de cinq ans d'emprisonnement un fonctionnaire s'étant rendu coupable de violence dans l'exercice de ses fonctions.

L'affaire remonte au 6 mars 2012, lorsque deux étudiantes pénètrent dans le bureau du doyen, au cours d'un nouvel incident qui oppose, depuis décembre 2011, les autorités de la faculté à un groupe d'étudiants salafistes qui réclame, notamment, le port du niqab pour les jeunes femmes dans les salles de cours.

Face à M. Kazdaghli qui décrit, ce 6 mars, une intrusion violente dans son bureau et ses affaires dispersées, les étudiantes maintiennent que le doyen les a malmenées. Plainte contre plainte, l'affaire témoignait alors plutôt d'une ambiance tendue que d'un fait divers gravissime. Mais cinq mois plus tard, la situation s'est envenimée lorsque le parquet a décidé de requalifier les faits en utilisant l'article 101.Ce qu'il a, de nouveau, justifié, jeudi.

A la sortie des plaidoiries, M. Kazdaghli se disait cependant confiant. "L'épreuve a duré quatre heures, mais l'audience a été correcte", confiait le doyen, soutenu devant le tribunal par des enseignants, des militants et des personnalités de la société civile, en présence de plusieurs observateurs étrangers.  Devenue un emblème de la résistance à la pression exercée sur la société par les salafistes, la faculté de la Manouba est toujours la cible de tensions. Une étudiante a de nouveau été exclue, définitivement, de l'établissement, le 24 novembre, pour avoir refusé de se plier au règlement intérieur qui interdit le port du voile intégral dans les salles de cours et pendant les examens; une deuxième devrait suivre le même chemin en conseil de discipline le 12 janvier.

Quant aux deux plaignantes, elles n'ont toujours pas réintégré la faculté. La première a fait l'objet, au mois de mai, d'une exclusion temporaire d'un an; la seconde n'a pas certifié sa signature au bas du document exigé par la Manouba prouvant que les étudiants ont bien pris connaissance du règlement intérieur...

Le verdict du procès Kazdaghli a été fixé au 17 janvier.

http://maghreb.blog.lemonde.fr/2013/01/03/en-tunisie-la-saga-judiciaire-...

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