Et l’ego dans tout ça ? Doit-on avoir de l’ego ?
Selon Wikipédia, l’égo désigne généralement la représentation et la conscience que l’on a de soi-même. Il est tantôt considéré comme le fondement de la personnalité (notamment en psychologie) ou comme une entrave à notre développement personnel (notamment en spiritualité).
Intéressant : l’égo, si important dans la construction d’une personne, serait un frein à notre spiritualité.
Qu’en pense la Thora ?
La pensée courante, représentée ici par Wikipédia, établit que pour suivre correctement des principes « religieux » nous devons nous débarrasser de notre représentation de soi. En me soumettant aux commandements divins, je m’efface totalement. Effectivement, si je dois appliquer une mitsva, je peux être pour ou contre, d’accord ou pas d’accord, je suis quand même contraint de la faire. Ceci est l’exemple Juif du combat contre l’égo par excellence : je ne me soumets pas à ma volonté mais à une volonté supérieure, celle de mon Créateur. La Thora est ainsi très virulente contre ceux qui sont arrogants ou qui s’énervent.
Dans cette vision, l’égo est perçu comme étant négatif, assimilé à de l’égocentrisme ou à de l’orgueil.
Qu’en est-il de l’amour-propre ?
A de multiples occasions, la Thora nous demande d’être joyeux dans l’accomplissement des mitsvot… Difficile si nous « n’existons » pas. Elle nous demande également d’aimer son prochain « comme soi-même » : nous devons donc nous aimer, sinon nous considèrerons les autres comme totalement effacés.
De plus, plusieurs passages nous demandent de nous imposer lors de circonstances particulières :
- Un timide ne peut apprendre. (1)
- Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? (2)
- Un étudiant doit partiellement violer le kavod (l’honneur) du rav ou du père lorsqu’il étudie la Thora et doit avoir un égo construit afin de chercher la vérité. (3)
- Dans l’étude, vous êtes ennemis, comme si vous étiez en guerre. Mais ensuite, vous vous aimez l’un l’autre. (4)
La voie du milieu.
La frontière est fine…
Comme nous l’avons vu le Talmud nous incite, lors d’une étude, à chercher la vérité de toutes nos forces. A ce sujet, les Pirke Avot nous mettent en garde : « Toute maHloket (disputation) au nom du Ciel perdurera, comme celle de Hillel et Chamaï ; et toute maHloket qui n’est pas au nom du Ciel ne perdurera pas, comme celle de KoraH et son assemblée (contre Moïse) ». (5)
Il faut donc savoir faire la différence entre une recherche intéressée (où la gloire de l’égo est le but) et une recherche désintéressée (où un bon égo est le point de départ de la discussion).
L’égo est ainsi un moyen et non une fin : sans égo on ne peut pas étudier et bien appliquer les mitsvot, avec trop d’égo nous sommes dans l’erreur.
Une phrase (6) résume bien cette idée : ‘Chacun devrait avoir deux poches, qu’il pourrait utiliser selon ses besoins. Dans la poche droite, on lirait : « C’est pour moi que le monde fut créé » ; et dans l’autre : « Je suis cendre et poussière ».’
Qu’en est-il de l’égo lorsque nous sommes agressés ?
Si cette agression extérieure ne menace pas réellement notre moi profond, il faut prendre cela comme un test, un exercice qui vient vous rappeler que votre travail sur l’égo n’est pas fini. C’est ce que l’on demande à Achem lors de la Amida : « Que mon âme soit comme la poussière ».
Si en revanche nous sommes directement menacés, nous avons l’obligation de nous défendre car notre vie a une valeur inestimable, comme il est écrit : « Si quelq’un vient pour te tuer, lève toi et tue le d’abord ». (7)
Encore faut-il savoir différencier une véritable agression (assez rare) d’un simple test sur notre égo.
Connaître sa place tout en restant humble… Un beau programme !
Références :
1 – Michna Avot 2 ; 5
2 – Michna Avot 1 ;14
3 – Rav Soloveitchik / http://www.torahweb.org/torah/2003/parsha/rsch_chukas.html
4 – Guemara Kidouchin 30b
5 – Chapitre 5 ; Verset 17
6 – Proverbe Hassidique
7 – Guemara Sanhédrin 72a
http://reflexionsj.wordpress.com/2013/05/29/et-lego-dans-tout-ca/
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