Extraits du discours de Bourguiba devant les députés : Le choix de la République

Extraits du discours de Bourguiba devant les députés : Le choix de la République
 
“C’est une grande journée historique que ce jour où les représentants du peuple se trouvent réunis au sein de l’Assemblée Nationale Constituante, pour décider en toute liberté de la forme future de l’Etat tunisien et définir la base sur laquelle s’exercera le pouvoir du peuple (…) Nous voulons que ce débat s’élève au dessus des règlements de comptes et du scandale. Nous voyons plus haut et plus loin. Il est certain que le comportement de la famille régnante ne manquera pas d’influencer votre jugement sur la monarchie. Car il serait vain de s’égarer dans un débat théorique des mérites comparés des différents régimes constitutionnels.

Il suffit d’interroger l’histoire de la dynastie qui règne en Tunisie depuis des siècles pour constater qu’elle n’a jamais été à la hauteur de la mission normalement dévolue à la monarchie, gardienne du trône.

Fait pour régner, le prince s’estime déchargé de tout effort d’instruction et d’éducation. Si bien que l’ignorance est devenue la règle pour ceux qui étaient appelés à assumer les plus hautes responsabilités du pouvoir et la charge des destinées de tout un peuple.

Là où il fallait la compétence et le savoir, on trouve l’ignorance et la superstition. L’Etat tunisien était fatalement entraîné vers la ruine par une direction incompétente et exclusive qui refusait l’aide éclairée et s’opposait à tout effort de réformes.

La situation était sans espoir (…)

La monarchie absolue ou constitutionnelle n’est pas faite pour nous inspirer confiance. Le peuple tunisien a atteint un degré de maturité suffisant pour assumer la gestion de ses propres affaires. Je sais toute l’affection que ce peuple me porte. Certains ont pensé que je pourrais prendre en charge ses destinées. Mais j’ai un tel respect pour le peuple tunisien que je ne lui souhaite pas de maître, et le seul choix que je puisse lui indiquer est le choix de la République. Ce peuple, comme une famille unie, sera responsable de son destin (…). En toute sincérité j’affirme que la monarchie nous serait nuisible et ne nous inspire pas confiance. Tandis que la République est le seul régime qui convienne à notre peuple s’il sait en respecter les exigences et sauvegarder l’unité et la solidarité nationales (…) ”