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On fait comme d’hab, 50/50 ? Par Stéphane Juffa

Une peu plus de haine : un faux antisémite de l’AFP, personne n’a roulé sur le corps de cet homme mais l’agence semi-officielle française a convaincu des millions d’Arabes que les Juifs sont des monstres

On fait comme d’hab, 50/50 ? (info # 012904/14)[Analyse]

Par Stéphane Juffa

 

Le président français, François Hollande, et son nouveau Premier ministre, Emmanuel Valls, sont de grands amis d’Israël. Dans leur pays, certains les définissent même comme des "sionistes" ; ce qui n’est plus à établir est que les gouvernements Hollande auront été jusque-là, et de loin, les plus favorables à l’Etat hébreu, et les relations intergouvernementales – avec un petit bémol en ce qui concerne l’activité du Quai d’Orsay et les déclarations de Laurent Fabius – sont au beau fixe.

 

Rien à voir avec les présidences précédentes et l’arrogance hostile des Giscard, Mitterrand, Chirac et Sarkozy sur la fin de son mandat. On peut dire que la confiance entre les dirigeants des deux pays est rétablie et toutes les personnes sensées ne peuvent que s’en réjouir.

 

Reste que l’ambiance dans la rue française à l’égard d’Israël et des Juifs ne suit pas ; à moins de se voiler les yeux et de se boucher les oreilles, il est impossible de demeurer insensible face aux débordements négationnistes de M’bala M’bala ou, par exemple, de récentes manifestations durant lesquelles des participants ont insulté des dirigeants de la communauté israélite et scandé, pour la première fois depuis très longtemps : "Les Juifs hors de France !".

 

La réaction de la presse tricolore consista principalement à minimiser l’incident, à en marginaliser les auteurs, ce qui aboutit à une normalisation rapide de ces débordements.

 

Nos lecteurs assidus le savent, à Métula, nous ne sommes pas d’avis que l’antisémitisme est un fléau inéluctable ou spontané. Nous ne pensons pas non plus qu’il suffise qu’un gouvernement proclame sa volonté de combattre ce phénomène, qu’il participe au dîner du CRIF ou qu’il redouble la garde devant les synagogues pour en venir à bout.

 

D’accord avec des enquêtes commanditées (mais dont les conclusions ne furent jamais suivies) par les gouvernements français précédents, nous sommes absolument convaincus qu’il existe une incitation pernicieuse à l’antijuivisme au sein de la presse hexagonale main stream. Nous refusons à ce propos de négliger les mises en scène de l’AFP, comme celle du village d’Al-Dirat, où l’un de ses photographes, toujours en place à notre connaissance, avait photographié "un soldat de Tsahal roulant délibérément sur un ouvrier palestinien à l’aide d’un tracteur" [voir l’article "Désinformation : la vérité sur la photo d’un Palestinien de Hébron publiée par l’AFP le 25 janvier"sur le site de Tsahal].

 

Nous n’acceptons pas les abjectes contrevérités véhiculées par l’émission du service public  Un Œil sur la planète, ni les grossières attaques ad hominem des journalistes impliqués dans ce bidonnage et de tous leurs syndicats suite aux critiques fondées du président du CRIF d’alors, Richard Prasquier. Nous les dénonçons sans état d’âme et sans être en mesure de retenir des circonstances atténuantes, tout comme nous dénonçons la passivité de la direction de la chaîne, du CSA et des pouvoirs publics face à la transgression de leurs responsabilités éthiques et légales.

 

Nous les stigmatisons en cela que nous distinguons dans ces mensonges publics à répétition une authentique incitation à la violence antisémite, que cette violence menace des individus en fonction de leurs seules origines et qu’elle met en danger l’ordre public.

 

La semaine dernière, toujours sur le service public, France 2 a été contrainte de censurer une altercation entre son chroniquer Aymeric Caron et le réalisateur Alexandre Arcady lors de l’émission On n’est pas couché. A en croire ce que le cinéaste a relaté au micro de RMC, Caron a mis en parallèle les assassinats commis par Mohamed Merah à Toulouse avec de prétendues exactions que commettrait Tsahal à l’encontre des Palestiniens, et particulièrement sur la personne d’enfants palestiniens.

 

Nous, d’observer que le polémiste de Fr2 n’a fait que reprendre les éléments d’explications laissés derrière lui par l’assassin des enfants de l’école Hotzar ha-Torah (le trésor de la Torah) et des militaires français. De remarquer également que même si la production a jugé les propos de son journaliste "insupportables", les téléspectateurs vont très probablement retrouver Caron samedi prochain.

 

La débonnaireté du système médiatique de l’Hexagone à l’égard des ennemis stipendiés d’Israël est infinie ; pire ! on y a admis un double standard déontologique : une charte d’éthique s’applique aux exigences concernant l’ensemble des évènements du monde, et l’autre, uniquement aux Juifs. Car si l’on appliquait LA charte d’éthique des journalistes du service public telle qu’elle est rédigée, cela fait longtemps que Caron, Thuillier, Enderlin et compagnie auraient été priés de faire leurs bagages.

 

Mais Enderlin a, pour toute mesure disciplinaire, reçu la Légion d’Honneur et Thierry Thuillier (Un Œil sur la Planète) s’est vu décerner le poste de directeur général de France Télévisions délégué à l’information, dans lequel il a pris racine.  

 

Une évidence : le changement d’orientation politique de Paris n’a pas fait tache auprès de nos confrères de la presse hexagonale. Toujours rivés sur les dépêches venimeuses de l’AFP, dénués de curiosité et d’esprit critique, sans imagination et évitant tout acte intempestif de bravoure, les camarades continuent à copier docilement les câblogrammes de l’agence semi-étatique française.

 

Or celle-ci agit systémiquement au Moyen-Orient comme un organe d’incitation à la haine d’Israël et des Juifs, distillant la propagande de tous leurs adversaires.

 

Cette triste besogne s’opère par des mises en scène d’actes qui n’ont pas eu lieu, nous l’avons mentionné, mais surtout, par la manipulation sémantique des nouvelles prodiguées par cette agence. Son officine de Jérusalem est restée scotchée à l’époque de Mitterrand et de Chirac, lorsque la fustigation d’Israel conduisait à la légion d’honneur.

 

On vient d’assister, la semaine dernière, à une nouvelle et inquiétante manipulation sémantique à l’occasion de l’annonce par l’AFP de l’accord de réconciliation entre l’OLP et le Hamas. En plein cœur du texte, on remarque la mention d’une agression de Tsahal liée à la liesse s’étant emparée des Palestiniens, - le contexte ne permet pas qu’on le comprenne autrement -, qui aurait fait six blessés dont un grave dans les rangs des civils palestiniens :

 

"(…) Des milliers de personnes sont spontanément descendues dans les rues de la ville de Gaza, ainsi que dans les principales agglomérations et les camps de réfugiés de l'enclave palestinienne, en brandissant des drapeaux et aux cris d'"Unité palestinienne ! ".

 

Peu après, l'aviation israélienne a effectué une frappe sur le nord de Gaza, à Beit Lahiya, blessant six civils palestiniens, dont un très grièvement, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas. Dans un bref communiqué, l'armée israélienne a confirmé avoir conduit "une opération de contre-terrorisme" dans le nord de l'enclave. (…)"

 

Les auteurs de ce câblogramme citent le "porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas" ; nous ignorions, pour notre part, que la France reconnaissait le Califat islamiste de Gaza comme un Etat. Car il n’y a qu’un Etat qui possédât des ministres.

 

Le lien entre la "liesse" qui a pris les habitants de Gaza et la frappe du He’el Avir est constituée philologiquement par le "Peu après". A croire les auteurs de cette nouvelle, il existe ainsi un enchaînement entre les deux évènements, sinon ils n’en parleraient pas au milieu d’un papier reprenant dès après l’intermède israélien sur la "réconciliation".

 

On veut donc faire croire aux lecteurs de la quasi-totalité des titres francophones [ici La Libre Belgique], que les Hébreux, fâchés par le rabibochage apparent des factions palestiniennes, et aussi un peu hystériques, ont voulu punir les Palestiniens en en massacrant quelques-uns afin de se passer les nerfs.

 

De plus, les Israéliens auraient appelé cette vengeance mesquine et assassine : "une opération de contre-terrorisme" ; les guillemets sont dans la dépêche pour indiquer que l’AFP ne croit nullement qu’il s’agit réellement d’une opération de contre-terrorisme.

 

La "preuve" ? Pour que l’on ait affaire à du contre-terrorisme, encore eût-il fallu qu’il y eût préalablement une activité "terroriste" de la part des paisibles dirigeants de Gaza. Or la dépêche de l’agence semi-officielle n’en mentionne aucune dans son texte.

 

Et pourtant ! Pourtant, à 8h 31 précises, l’avant-veille de la "réconciliation", soit le lundi 21 avril, des Palestiniens de Gaza ont tiré trois roquettes – sans avoir été attaqués, de manière spontanée, afin de tenter de tuer le plus possible de civils innocents, ce que l’AFP impute à Tsahal le mercredi suivant, mais pour de vrai dans ce cas – sur le périmètre du Conseil Régional de Sha’ar Ha-Negev [les portes du Néguev].

 

A 10h 12, ils remettaient cela en lançant deux projectiles supplémentaires sur la ville de Sdérot.

 

A 11h 22, toujours sans la moindre riposte israélienne, les mêmes miliciens palestiniens de Gaza tiraient un missile antichar sur une patrouille de Tsahal dans le sud de la Bande de Gaza, mais côté israélien.

 

Et à midi 29, ils tiraient deux roquettes additionnelles contre le Conseil Régional d’Eshkol, portant à sept le nombre de fusées dirigées dans cette seule journée contre les habitants de l’Etat hébreu.

 

Cela explique, n’en déplaise aux propagandistes français de l’antijuivisme, la frappe de l’aviation à l’étoile de David, le 23 avril, à 17h 44, qui visait – sans l’avoir atteint – l’un des pas de tir que les miliciens islamistes avaient utilisé la veille afin d’agresser la population israélienne.

 

Puisque trois des quatre activités tentées la veille par les miliciens de Gaza consistaient, pour des hommes armés, à opérer un assassinat collectif en fonction de la race et de la nationalité des civils visés, nous sommes effectivement en présence d’actes de terrorisme. De terrorisme d’ordre raciste, de surplus.

 

Lors, le raid du 23 avril sur le nord de la Bande de Gaza était bien une opération de contre-terrorisme, une mesure qualifiable de légitime défense. Et les antisémites de l’AFP étaient conscients de ce qui précède, car ils ont reçu les mêmes communiqués que nous de la part du porte-parole de l’Armée israélienne. Ils ont simplement décidé de les taire afin de faire croire à des pulsions barbares chez les Israéliens, tout en transformant, pour la énième fois dans ce conflit, l’agresseur en agressé, le bourreau en victime.

 

Qui plus est, Sami El Soudi, le chef de la Ména palestinienne, auquel j’ai demandé de procéder à une vérification, m’informe que le "peu après" de l’AFP ne correspond à rien du tout, ce n’est qu’une circonlocution destinée à intégrer la remarque anti-israélienne : les "manifestations de joie ont débuté vers 15h 20 et ont cessé vers deux heures du matin à Gaza", répond El Soudi, ignorant du motif de ma question !  

 

Les manipulations de l’info par l’agence de presse tricolore sont particulièrement incitatives à la haine, car, à l’instar de cette dépêche, elles sont copiées-collées par pratiquement tous les media écrits de Francophonie.

 

Reste, que les autres correspondants de media français ou francophones dans la région ne sont pas en retrait au niveau de ces pratiques. Celles qui consistent à ne pas mentionner les attaques non-provoquées des milices palestiniennes, pour, ensuite, faire passer les ripostes d’Israël pour des agressions sanguinaires. Parce que si ces journalistes disaient la vérité, le public de l’Hexagone réaliserait rapidement que les assassins sont les milices islamistes et ceux qui défendent avec parcimonie les populations dont ils ont la charge, les militaires hébreux.

 

Nous voyons un saisissant exemple de cette attitude dans l’échange sur Facebook, le 3 avril 2013, entre le réalisateur de films documentaires Michaël Grynszpan, auteur notamment de "Descendants de Nazis, l'Héritage Infernal", largement diffusé sur les chaînes européennes, et Aude Marcovitch, correspondante de Libération en Israël, ainsi que de la radio et télévision suisses romandes.

 

Question du cinéaste :"Salut chère Aude - ça va ? Je voulais savoir si tu penses que la presse française va mentionner les missiles lancés sur les civils israéliens à Sdérot ? Ou alors ça ne les intéresse pas... hier un missile a atteint une école, aujourd'hui encore 2 tirs. Un petit article dans Libé peut-être pour parler de cet acharnement à vouloir tuer des civils ? Qu'en penses-tu ?".

 

Réponse de la correspondante de Libé : "Salut Michaël, tu as bien raison de me passer commande d’articles, et ce, directement sur ma page FB. On fait comme d’hab, 50/50 sur les recettes ?".

 

D’un point de vue éthique, Aude Marcovitch devrait rengainer son arrogance. Car sa réponse renferme des implications racistes voire antijuives ; en tant que correspondante d’un media généraliste, elle peut [de même que son journal, évidemment] soit ne mentionner ni les attaques des milices palestiniennes ni la riposte de Tsahal, soit faire état des deux évènements. Mais présenter la réplique israélienne sans faire état de l’agression qui l’a provoquée s’apparente à de l’incitation à la haine par omission intentionnelle de la réalité factuelle et par inversion de la relation agresseur-agressé.   

 

Il faudrait que les autorités françaises mettent urgemment fin à ces pratiques, car, comme à Toulouse, elles peuvent inspirer la vengeance à des cerveaux affaiblis ou conditionnés. De plus, cela participe aussi des responsabilités gouvernementales. Et finalement, tant que les versions modernes des Protocoles des Sages de Sion n’auront pas quitté les media tricolores, ce sont les Israélites tricolores qui vont continuer de partir, car ils savent bien, par… expérience, que la manipulation des mots peut tuer.

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