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Femmes discriminées en Israël: Gilles Bernheim déplore le silence de rabbins

 

Femmes discriminées en Israël: Gilles Bernheim déplore le silence de rabbins

 

 

 

 

PARIS (AFP)---Le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, "déplore le silence de certains rabbins" en Israël face aux violences et discriminations "intolérables" perpétrées contre des femmes par une frange de juifs ultra-orthodoxes.

"Le silence de certains rabbins laisse la rue aux extrémistes", estime le Grand rabbin dans un entretien avec l'AFP. "Une partie d'entre eux ont réagi très vite contre les incidents survenus à Bet Shemesh (ouest de Jérusalem). D'autres ont fait preuve d'une trop grande prudence, comme s'ils craignaient d'apparaître comme moins orthodoxes aux yeux des autres", regrette-t-il.

"Or, insiste M. Bernheim, c'est au pouvoir religieux, et non à la justice, de réagir contre les actes ségrégationnistes de ces ultra-orthodoxes, très médiatisés, même s'ils sont une infime minorité du monde harédique (les +craignant Dieu+), dont je rappelle les qualités de générosité et de solidarité sociale".

En installant des pancartes dans leur quartier exhortant à séparer les hommes et les femmes dans la rue, ou dans les autobus, le petit groupe de "sicaires" de Beth Shemesh donne, selon lui, "un image désastreuse de l'orthodoxie juive".

"C'est donc aux rabbins d'amener à un changement de regard sur la femme et non aux politiques. D'autant, souligne le Grand rabbin de France, que les auteurs des violences à Bet Shemesh sont des antisionistes."

"Pour eux, ou l'Etat d'Israël doit être parfait ou alors il n'existe pas. Demander au pouvoir politique d'interdire un dévoiement de la perception des lois de la Torah, c'est le plus sûr moyen de renforcer les extrémistes dans leurs convictions", estime M. Bernheim.

Ces "sicaires", issus de groupes radicaux antisionistes estimés à 15.000 personnes, représentant les 2% de la population ultra-orthodoxe totale des "haredim" (les "craignant Dieu"), considèrent qu'il y a "un délitement des principes religieux qui veulent que la prière se fasse de façon séparée", afin qu'"il n'y ait pas de distraction par la rencontre avec l'autre sexe".

"Pour eux, relève M. Bernheim, c'est une non observation de la Torah qui a conduit à l'exil du peuple juif. Puis à la Shoah. Dieu les a punis."

"Dans leur interprétation délirante, alors que Dieu seul sait pourquoi il y a eu la Shoah, se mettre en tenue de déporté, porter l'étoile jaune, comme l'a fait un petit groupe à Bet Shemesh, c'est dire que l'état du monde se porte mal et peut conduire à une autre catastrophe", explique M. Bernheim.

"Pour moi, c'est une insulte à la mémoire des déportés que je condamne sans la moindre restriction. C'est aussi une forme de révisionnisme terrifiant."

Le Grand rabbin de France estime que "seule une prise en compte de la dignité et du respect de la femme juive peut garantir une transmission d'un judaïsme de qualité".

"Comment ne pas être heurté par le fait que trop souvent, dans les synagogues, le respect de la séparation entre les sexes pendant la prière se traduise par un inutile confinement des femmes dans des locaux trop exigus, où elles voient mal, où elles entendent mal, alors que dans le même temps, elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir vivre leur vie religieuse de manière
active, responsable?"

"Comment comprendre qu'en certains lieux, soit barré pour les femmes l'accès véritable au texte, à la connaissance et à l'autonomie dans l'étude de la Torah, alors qu'elles sont appelées à l'excellence dans la vie intellectuelle profane?"

"Seraient-elles majeures dans la vie profane et mineures dans la vie religieuse?" interroge enfin le Grand rabbin.

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