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France – Les Tunisiens de Belleville se passionnent pour la politique

 

France – Les Tunisiens de Belleville se passionnent pour la politique

 

Quel endroit en France est représentatif de la diversité d’opinion de la diaspora Tunisienne ? C’est le 11ème arrondissement de Paris, évidemment, où la passion des Tunisiens pour la politique de leur pays d'origine s'exprime désormais au grand jour.

 

C’est jour de marché. Dans une ambiance bon enfant, les habitués des lieux se bousculent devant les étals des vendeurs ambulants, pour acheter fruits et légumes à des prix imbattables… Ce marché qui s’étend de Ménilmontant à Belleville, est fréquenté en grande partie par les Tunisiens issus de la région parisienne, et pour cause. C’est dans ce quartier que fleurissent des dizaines de commerçants originaires du pays du jasmin : boulangerie, boucherie, épicerie, restaurants… On trouve de tout dans cet endroit appelé par certains « la petite Tunis ».

 

L’époque Ben Ali révolue

 

Un lieu qui concentre la diversité tunisienne qu’elle soit politique ou culturelle : religieux, laïcs, femmes voilées ou non, ouvrier ou cadre sup… Avec un seul dénominateur commun, le désir de retrouver une atmosphère tunisienne, et une envie depuis un certains temps  pour beaucoup d’entre eux de prolonger la soif de liberté qui a débuté le 14 janvier en Tunisie. « Pendant des décennies, ce quartier était cloisonné. Personne ne parlait politique. Belleville était surveillé par la police politique de Ben Ali. Une surveillance permanente car le lieu était fréquenté aussi par de nombreux opposants politiques », raconte Skander, un commerçant de la rue Jean Pierre Timbaud. « Des opposants laïcs qui se retrouvaient au café du haut de Belleville et des membres d’Ennahda qui avaient eux pour habitude de se donner rendez-vous à la mosquée située au bas du quartier de Couronnes. Tout ce beau monde était scruté par les sbires de Ben Ali », affirme encore le commerçant.

 

Politique, une passion au grand jour

 

Aujourd’hui, l’ambiance a bel et bien changé, les langues se libèrent. Semblable aux joutes verbales que l’on constate sur l’avenue de Bourguiba à Tunis, on note le même cérémonial dans ce quartier parisien. « Plus les élections approchent et plus on sent les Tunisiens du quartier attirés par la chose politique. Des petits groupes de paroles se réunissent spontanément sur les trottoirs, pour s’opposer verbalement. Partisans de Hammami contre fidèles de Ghannouchi, anciens du RCD nostalgiques de l’ancien régime face aux membres du parti de Marzouki… », constate Heidi, un retraité tunisien attablé au café de la rue de Belleville. Même les clandestins ne sont pas en reste. Les sans papiers veulent aussi participer au renouveau politique du quartier, mais à leur manière : « Ils me font bien marrer, ces pseudos politicards. Nous, on se moque de la démocratie. On constate que rien n’a changé depuis la révolution. On crève de faim dans le Sud », témoigne Hafid, un jeune de 20 ans, tout fraîchement débarqué de Lampedusa. Originaire de Zarzis, il  a traversé, en compagnie de ses amis de fortune, la méditerranée à bord de « flouca ». Depuis peu, il a rejoint la capitale parisienne, pensant que la situation serait meilleure ici qu’en Italie : « Malheureusement non, c’est la misère. Je réside dans un squat avec quelques compagnons. Mais jamais plus je ne retournerais en Tunisie. Je préfère travailler comme un chien ici, que crever la dalle comme un chien là-bas », dit avec un ton amer ce jeune sudiste.  Tout en dévorant un sandwich grec qu’il partage avec son cousin sans papier aussi, il toise ironiquement un groupe de personnes davantage préoccupé semble-t-il par la victoire de leur poulain le 23 octobre, que par son sort…

Chaker Nouri

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