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Grosse explosion dans le site de Perchin en Iran

Site d’expérimentation de Perchin, le 7 octobre et, respectivement, le 12 août 2014

Grosse explosion dans le site de Perchin en Iran(info # 011010/14) [Analyse]

Par Jean Tsadik ©Metula News Agency

 

Tous les quelques mois, nous vous informons d’explosions, d’incendies, d’accidents informatiques ou de la disparition de scientifiques en Iran, dont le dénominateur commun est qu’ils étaient directement liés au programme nucléaire de la "République" Islamique.

 

Dimanche soir dernier, à 19h 30 GMT (23h 00 locales en Iran), c’est la moitié du site de Perchin, l’un des plus sensibles dudit programme, qui a volé en éclats, ravagé par une explosion dont on ignore l’origine précise. 

 

Certes, c’est quand on joue avec des allumettes qu’on a le plus de chances de se brûler ; en d’autres termes, la mise au point d’une bombe atomique et de l’immense infrastructure que cela implique crée des situations propices aux catastrophes de ce genre, et c’est sur le compte de ces impérities que l’on peut mettre un certain nombre de sinistres.

 

Reste que plusieurs avatars du projet nucléaire perse sont par trop ciblés pour être le fait du hasard ou de la maladresse. Ce fut notamment le cas, il y a trois ans exactement, lorsque nous rapportions qu’une gigantesque explosion, survenue à 47 kilomètres à l’ouest de Téhéran, avait dévasté l’entièreté du stock de fusées à carburant solide de Khamenei, tué la quasi-totalité des Gardiens de la Révolution qui en avaient la charge, ainsi que leur chef charismatique, le Général Hassan Moghaddam.

 

Ces trois cibles constituaient les menaces alors les plus urgentes pesant à l’époque sur Israël et l’Occident, et il ne fait aucun doute que leur anéantissement fut le fruit d’une opération militaire et non du fatum.

 

La même conclusion s’impose quant à l’introduction des virus informatiques Stuxnet, Duqu et Flame dans les systèmes de gestion des installations atomiques des ayatollahs, plus particulièrement dans le contrôle des centrifugeuses de Natanz et Fodow.

 

On relève de la sorte des dizaines d’incidents plus ou moins graves ayant frappé ce programme, auxquels il faut sans doute ajouter ceux qui n’ont jamais été rendus publics par Téhéran. Ce, pour la raison qu’il était impossible d’observer les dégâts à partir des satellites, ou parce que le sabotage s’attaquait à un élément particulier à l’intérieur d’une machine, d’un stock de matériel ou d’un chargement voyageant par camion, train ou bateau.

 

Lorsque cela peut être dissimulé ou minimisé, le régime tait – pour des raisons de propagande domestique et parce qu’il ne reconnaît pas mener un programme nucléaire militaire – l’occurrence des incidents ou publie des bilans humains manifestement revus à la baisse.

 

Ce qui est certain est qu’Israël, œuvrant en coordination avec les services US et britanniques à tout le moins, et aidé par des groupes immergés de l’opposition iranienne, est physiquement actif dans ce dossier, avec pour objectif commun, de retarder le plus possible la réalisation de la bombe, en générant des dégâts dont les réparations sont longues et prohibitives pour le régime théocratique, et en éliminant par des attentats les personnages clés du projet.

 

Outre le fait de différer l’entreprise des ayatollahs et d’en augmenter sensiblement les coûts, les "services" occidentaux participent, par les destructions qu’ils infligent, à "encourager" la junte chiite à rechercher des compromis avec les 5+1 lors des négociations qui se déroulent à Genève et à Vienne, et dont une nouvelle session est prévue la semaine prochaine.    

 

A Perchin, en tous cas, et comme on le constate sur la prise de vue avant-après réalisée par un satellite français du groupe Airbus, les dégâts sont considérables. Ils sont le résultat d’une explosion qui a réduit la zone principale à l’état de gravas, et a sérieusement endommagé d’autres bâtiments distants de plusieurs centaines de mètres, probablement par des jets d’objets et de produits chimiques lors de la déflagration.

 

Impossible, dans ces conditions, d’accorder le moindre crédit au communiqué officiel, diffusé par l’agence IRNA [Islamic Republic News Agency], qui fait état d’ "une déflagration dans une usine d’explosifs ayant causé la mort de deux ouvriers".

 

D’abord, parce qu’on ne fabrique pas d’explosifs à Perchin mais on y met au point et on expérimente des initiateurs neutroniques internes pour déclencher la réaction des bombes atomiques. Ensuite, parce que les zones ravagées mesurent plus de 700 mètres de long et qu’elles accueillaient des dizaines de laboratoires, ateliers, bunkers, buildings administratifs, dépôts, etc., qui n’existent plus, et dans lesquels s’activaient probablement des centaines de personnes.

 

L’intensité des détonations a fait voler en éclat les fenêtres des habitants à 15km à la ronde et le bruit a été clairement entendu dans les faubourgs de la capitale, où la population, brièvement prise de panique, a cru à une offensive israélienne.

 

Cet incident accroît les tensions entre la junte théocratique et les 5+1. Il survient alors qu’une délégation d’inspecteurs de l’AIEA s’est vue refuser l’entrée de la RII au prétexte que l’un des commissaires US était titulaire d’"une nationalité particulière". C’est du moins le prétexte qu’a proposé Reza Najafi, le délégué iranien auprès de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique.

 

Quant à la demande d’inspecter Perchin, elle est régulièrement émise par les diplomates occidentaux, ce, depuis 2005, l’ultime date à laquelle Téhéran avait autorisé une visite. Le 8 mars 2012, les 6 avaient à nouveau réclamé en vain à la junte chiite de permettre la venue des chiens de garde de l’AIEA.

 

La "République" Islamique prétend ne pas avoir de programme nucléaire militaire, tandis que l’agence de l’ONU basée à Vienne affirme avoir mille pages de rapports qui établissent scientifiquement le contraire.

 

Ce que les Perses redoutent surtout à propos d’une inspection à Perchin est la prise d’échantillons par les inspecteurs. Des spécimens de terre qui démontreraient la présence d’éléments n’intervenant que dans un processus de recherche destiné à produire une arme atomique.

 

Gageons que les débris de l’explosion de dimanche, avec ses scories, ne font pas l’affaire des Iraniens, qui se sont dépêchés de les nettoyer ; à tel titre qu’on ne les voyait plus lors de nos observations de mardi.

 

A Perchin, ces dernières années, les Perses ont déjà détruit de nombreuses installations, ont nivelé des terrains, purifié les sols, enterré ou déplacé vers des destinations inconnues des dizaines de tonnes de gravats. Il semble toutefois que ces efforts soient insuffisants pour enlever les traces des expériences qu’ils ont conduites sur ce site.

 

La date buttoir des négociations en vue de parvenir à un accord durable visant à l’abandon du programme nucléaire militaire de Téhéran en échange de la levée des sanctions économiques décidées par la communauté internationale, se situe le 24 novembre prochain. Un diplomate ami de la Ména que j’ai contacté hier, m’a confié qu’il n’y avait aucune chance pour que cette échéance soit tenue.

 

Dans les faits et depuis l’accord intérimaire de l’hiver dernier, les Iraniens ne permettent aucune transparence sur leurs activités nucléaires ; ils n’ont pas détruit une seule centrifugeuse du parc qu’ils possèdent ni aucun autre outil de production. Seul élément positif : ils ont neutralisé l’ensemble de leur stock de minerai enrichi à plus de 5%, ce qui a le mérité d’éloigner de six mois à un an le temps qu’il leur serait nécessaire afin de reconstituer la quantité minimale d’uranium hautement enrichi requis pour la fabrication d’une bombe.  

 

Mais à partir du 24 novembre, si aucun accord n’est signé, ils pourront théoriquement reprendre l’enrichissement à des taux élevés. On reparlera alors des autres moyens à disposition pour leur faire changer d’avis.    

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