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Habib Kazdaghli : Quand la victime devient l'accusé

 

Habib Kazdaghli : Quand la victime devient l'accusé

 

Plusieurs fois menacé et agressé physiquement dans son université par les groupes salafistes, Habib Kazdaghli se voit maintenant inculpé pour agression et abus d’autorité par le Tribunal de 1ère instance de Tunis. Il risque cinq années de prison.

Le doyen de la Faculté de La Manouba était venu le 21 mars 2012 à l’ULB pour faire état des violences commises par les islamistes sur les enseignants et les étudiants dans les universités tunisiennes. C’est à cette occasion que nous l’avions rencontré, avant de diffuser son témoignage sur notre site (www.cclj.be).

Professeur d’histoire contemporaine depuis 25 ans, spécialiste des Juifs de Tunisie, Habib Kazdaghli a été nommé doyen de la Faculté de Tunis (La Manouba) le 30 juin 2011. Son doctorat, il l’a consacré à l’histoire du Parti communiste tunisien, en étudiant les groupes ethniques, et en particulier les minorités au sein du parti, dans une société coloniale de 1919 à 1943. « Une approche anthropologique, en lien avec la mémoire », estime celui qui voit dans les traces laissées par ces minorités et souvent perceptibles, bien qu’absentes des manuels d’histoire, une partie intégrante de l’identité tunisienne.

Habib Kazdaghli anime aussi un laboratoire de recherche « Régions et ressources patrimoniales de Tunisie » qui tente d’identifier et de reconstituer les ressources du patrimoine (traces de la mythologie, lieux de mémoire, de culte…), « en poussant les étudiants à relever dans leurs régions respectives les interactions qui se jouent lorsqu’on y regarde de plus près », souligne-t-il. « Notre société peut paraitre homogène, mais elle entretient une sorte d’amnésie. La vraie identité se définit par sa pluralité et non des traits réducteurs qui nous entrainent vers le communautarisme, l’ignorance, la non-reconnaissance de l’homme, le mépris de l’autre et la xénophobie ».

Les amalgames ont malheureusement la vie dure. Et les recherches de Habib Kazdaghli sur les Juifs de Tunisie lui vaudront d’être considéré comme un partisan de la colonisation israélienne…

Procès d’opinion

Depuis octobre 2011, la Faculté de La Manouba vit par ailleurs une véritable offensive de la part des groupes salafistes qui tentent d’imposer leur lecture fermée de l’islam à toutes les sphères de la société. « Depuis cinquante ans, la Tunisie connait la mixité dans les écoles, les femmes peuvent enseigner à des garçons et inversement, et toutes travaillent à visage découvert », précise Habib Kazdaghli. « Des groupes salafistes ont tenté par la force d’imposer à l’université le voile intégral, et notre faculté s’est défendue. Pour la liberté vestimentaire, mais aussi parce que les métiers de la communication que nous enseignons imposent cette exigence d’un échange à visage découvert ».

Après s’être fait interdire l’accès à son bureau, début décembre, le doyen a décidé de fermer la Faculté. « Ils sont restés devant ma porte pendant un mois », relève celui qui déplore la complaisance du gouvernement avec un parti politico-religieux qui laisse les mains libres aux groupes fanatisés. « Un jeu dangereux de massacre », assène-t-il, en évoquant les dernières manifestations devant l’ambassade des Etats-Unis qui ont fait deux morts.

Le 5 janvier 2012, le ministère de l’Intérieur se décidera finalement à les chasser. Répétant leurs menaces, ils seront traduits devant le conseil de discipline pour infraction à la loi interne de la Faculté. Mais le 6 mars, deux filles, qui se sont vues exclues de l’établissement, font irruption en niqab dans le bureau de Habib Kazdaghli, insultant le doyen et saccageant les lieux. Alors qu’il se rend à la police pour déposer plainte, il apprend qu’elles en ont fait de même, et que l’une d’elles l’accuse de l’avoir giflée au visage, certificat médical à l’appui. Convoqué début juillet pour « violence légère » par le Tribunal de 1ère instance de La Manouba, passible d’une amende et de quelques jours de prison, Habib Kazdaghli voit soudain son chef d’accusation requalifié, soulignant qu’il a « utilisé sa fonction pour frapper en public », ce qui lui vaut d’être passible de cinq ans de détention !

Ses avocats demandent le report du procès et un grand mouvement de solidarité se met en place, dans la société civile, le monde enseignant, les syndicats tunisien, à l’étranger aussi, chez nous, à l’ULB. Trente avocats se portent volontaires pour le défendre, la Ligue des droits de l’homme le soutient. Le doyen sera encore victime d’un jet de pierre -heureusement sans conséquence- dans les vitres de son bureau, et quelque 150 salafistes tenteront une nouvelle fois de le chasser…

« En janvier 2011, pendant la révolution, tout le monde était unanime pour revendiquer la liberté, l’emploi.La principale demande était la dignité et la démocratie, personne ne demandait plus d’islam », rappelle-t-il. « Grâce à la liberté de la presse, un de nos principaux acquis, “l’affaire de La Manouba” est connue dans ses moindres détails. Je reste optimiste, car tout le monde a perçu la manipulation ».

Devenu bien malgré lui le symbole de la lutte pour les libertésacadémiques, Habib Kazdaghli « le fondamentaliste laïque » comme le qualifient les salafistes, sera fixé sur son sort le 25 octobre prochain.

 

Géraldine Kamps

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Je mettrai ma main dans le feu qu'il ne risquera rien !                                                                  Malgré toutes les manœuvres d'intimidations et de violences de toute nature,la résistance s'emplifie de jour en jour,et la bataille engagé depuis le 24 octobre 2011 nous sommes entrain de la gagner.Et,partout où nous poussons ils reculent,le peuple se mobilisera comme il l'avait fait pour l'odieuse affaire du viol;Nous avons débusqué l'ennemi,et on aura sa peau;maintenant c'est une affaire entre l'état avec tous ses mécanismes,particuluièrement le "sinistre" de la l'injustice noureddine el bhiri (Noureddine = lumière de la foi ou de  l'islam?...)et nous !                                 

james-tk

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