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Iran : les 5+1 sous haute pression

Le guide suprême n’est pas encore tout à fait sec, il est encore temps de faire le nécessaire

Iran : les 5+1 sous haute pression (info # 012510/13) [Analyse]

Par Jean Tsadik©Metula News Agency

                       

Un différend existe entre le renseignement israélien et ses homologues américains au sujet du temps nécessaire aux Iraniens pour confectionner une bombe atomique. A Jérusalem, on l’estime à cinq mois environ, tandis qu’à Washington, on l’établit à huit. En fait, les informations à la disposition des officines sont les mêmes, et d’ailleurs, ils les partagent, mais ce sont les critères d’analyse qui diffèrent. On ne s’accorde pas sur ce qu’est la capacité de produire une arme nucléaire.

 

Cette discorde n’a en fait que deux conséquences pratiques, à savoir de combien de temps disposent les 5+1 pour parvenir à un éventuel accord négocié avec les Perses à Genève, et à quel moment on déciderait, au sein du gouvernement israélien, que le moment est venu d’intervenir militairement afin d’empêcher la "République" Islamique de concrétiser son programme.

 

Mais une estimation du très sérieux organisme ISISrendue disponible cette semaine balaye ces considérations. Dans ce document, l’Institut Américain pour la Science et la Sécurité Internationale ramène les analystes à des considérants plus alarmants que ceux retenus par les spécialistes hébreux et Yankees.

 

A l’en croire, Téhéran a développé la capacité - notamment en enrichissant suffisamment de minerai à 20 pour cent – de convertir de l’uranium à un degré permettant de fabriquer un bombe en… 1,6 mois.

 

Qui plus est, cette durée va diminuant. Face à cette révélation, la théocratie chiite a chargé hier (jeudi) l’un de ses députés les plus en vue d’affirmer qu’elle avait déjà cessé ses activités d’enrichissement à 20% afin de tranquilliser les Occidentaux. Bien entendu, ces déclarations ne sont pas vérifiables et, de ce fait, engendrent plus d’inquiétude que de soulagement.

 

On pourrait bien, en effet, se trouver en présence d’une manœuvre dilatoire de la part des Iraniens dans des proportions plus grandes encore que celles envisagées récemment dans ces colonnes. On se demande à ce sujet à Métula si le show de l’élection de Rohani et du "changement d’orientation" de la dictature des ayatollahs n’avait pas pour fonction, dans le programme atomique iranien, de gagner uniquement quelques semaines.

 

Dans cette éventualité, à partir du début décembre, si rien de très concret n’était entrepris par les membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne, les négociations qu’ils mènent à Genève n’auraient plus aucun objet. Pire, ils pourraient ainsi se mettre à lever des sanctions économiques face à un régime qui disposerait déjà de l’arme atomique, et qui l’aurait obtenue grâce à une somptueuse manœuvre de diversion qui aurait roulé les 5+1 et peut-être Israël aussi dans la farine.

 

Face à cette hypothèse, l’ISIS ne baisse toutefois pas les bras quant à la possibilité d’une issue diplomatique, mais il met la pression sur les négociateurs des 5+1 et sur les gouvernements qu’ils représentent. Les responsables de l’institut indiquent dans leur rapport que son contenu devrait avoir une incidence directe sur les pourparlers, et que le souci principal consiste à allonger le plus possible le "breakout time", soit le laps de temps requis pour les Iraniens afin de passer du stade d’évolution qu’ils ont atteint à la Bombe.

 

Ils suggèrent à ce propos que le nombre de centrifugeuses actives dans l’usine souterraine de Fodow, de même que dans l’installation en surface de Natanz soit considérablement réduit.

 

Nous de ne pas adopter leur conclusion sur ce point, et d’affirmer que cela ne changerait pratiquement rien si les Perses se contentaient de "désactiver" les centrifugeuses concernées, notant que cela ne prolongerait le "breakout time" que de quelques jours. Pas assez pour monter une opération militaire dans l’urgence.

 

Ce qu’il faut obtenir de notre point de vue, et c’est même une condition sine qua non si l’on désire parvenir à une solution négociée, consiste à obliger Khamenei à détruire ces machines ou, à tout le moins, à prélever sur elles des pièces indispensables à leur exploitation et à les stocker hors de portée du régime.

 

L’ISIS propose également que des provisions soient retenues dans un hypothétique traité afin de réduire au minimum le temps nécessaire aux 5+1 pour réaliser que les Iraniens ont remis leur programme en route. Cela est faisable à l’aide de moyens de surveillance automatiques et d’une totale transparence et accessibilité de tous les sites, à n’importe quel moment, pour les inspecteurs de l’AIEA, l’agence onusienne régissant les questions liées à l’atome.

 

Laquelle agence indiquant qu’elle n’avait aucun commentaire à faire pour l’instant. Elle attend sans doute pour donner son avis les résultats de la rencontre d’une heure prévue lundi à Vienne entre Yukiya Amano, le directeur général de l’AIEA et le vice-ministre de la "République" Islamique, Abbas Araqchi.

 

Tout de suite après, les 7 et 8 novembre, dans la cité de Calvin, les fonctionnaires des mêmes deux parties se rencontreront à leur tour. Ils auront à résoudre un problème qui gagne évidemment en importance : la reprise des inspections par les commissaires de l’agence viennoise en Iran et la possibilité qu’ils se rendent sur tous les sites qui les intéressent, y compris ceux qu’ils n’ont jamais été autorisés à visiter et qu’ils suspectent d’abriter, ou d’avoir abrité, des activités liées à la réalisation et aux essais de systèmes spécifique constituant une bombe atomique.

 

Les représentants de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique critiquent, avant ces réunions programmées, le gouvernement de Téhéran, l’accusant de rendre leur tâche impossible. Voilà qui ne prélude rien de bon quant à l’avenir des discussions au niveau politique entre les 5+1 et Rohani.

 

Les 5+1 qui, c’est évident, observeront avec la plus grande attention le cours et les résultats de ces réunions de professionnels. Ils y verront une indication sur le sérieux des prêtres-dictateurs de Téhéran et sur leur volonté réelle de trouver un compromis.

 

Et c’est presque la quadrature du cercle, puisque l’un des sites que les inspecteurs exigent d’explorer est celui de Parchin, dans le périmètre duquel ils sont persuadés de trouver des traces des activités qui s’y sont déroulées, et que les khomeynistes s’efforcent d’effacer. Si ces évidences étaient mises à jour, cela apporterait la preuve définitive et formelle que les mollahs mentent lorsqu’ils prétendent – et ils continuent de le faire – n’avoir jamais œuvré à la confection de la bombe atomique.

 

Autre recommandation de l’ISIS : s’assurer que les ingénieurs de Khamenei ne s’emploient pas à construire de sites secrets d’enrichissement ou à les terminer.

 

Le rapport de l’institut basé à Washington contraste froidement avec l’euphorie affichée par plusieurs chancelleries de pays industrialisés, à commencer par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui en sont déjà à envisager la réouverture de leurs ambassades à Téhéran.

 

En fait, on ne peut que s’étonner des difficultés endémiques rencontrées par la communauté du renseignement US. En avril 2007, je dévoilais dans ces colonnes que toutes ses branches sans exception avaient soumis au Président George W. Bush une Estimation Nationale de Renseignement "approfondie" [relire "USA : chienlit, irresponsabilité et coups fourrés"], affirmant que l’Iran avait abandonné son programme de nucléarisation militaire.

 

Ce document public dont la diffusion a, je m’en suis aperçu ce matin en le recherchant, disparu du site officiel sur lequel il était consultable, notamment empêché le président américain d’envisager obtenir l’aval du Congrès pour une éventuelle opération militaire contre les infrastructures nucléaires perses. Puisqu’elles n’existaient pas…

 

Et puis il y a les révélations d’Edward Snowden relatives, entre autres, à l’espionnage des chefs d’Etat amis, comme Madame Merkel ou M. Hollande, par l’officine étasunienne NSA, qui révèlent une administration Obama proche des méthodes de la mafia de Chicago.

 

On ne peut à ce sujet oublier que Jonathan Pollard pourrit depuis 28 ans dans les geôles étasuniennes, où il purge une condamnation à la prison à vie pour avoir renseigné Israël sur des activités potentiellement dangereuses pour lui auxquelles se livrait le gouvernement US. Presque chaque affaire rapportée par Snowden surpasse en gravité ce pourquoi Pollard a été jugé. 28 ans de privation de liberté sans avoir tué personne ni menacé la vie de quiconque.

 

Le renseignement américain est sans aucun doute celui qui dispose du plus grand nombre d’informations précises sur tout ce qui se déroule sur la planète. C’est également celui qui les utilise le plus mal et dont les carences et les excès menacent le plus la paix du monde.

 

Car c’est à la CIA et non à l’ISIS qu’il appartenait de révéler les faits contenus dans l’ultime rapport de ce dernier. Ces années de manipulations, conjuguées aux priorités étranges du pensionnaire actuel de la Maison Blanche font en sorte que l’Iran n’a jamais été aussi proche de devenir une puissance nucléaire. Une dictature qui écrase ses 73 millions d’habitants, qui entretient les guerres civiles en Syrie, au Liban, dans la Corne de l’Afrique, au Yémen et dans le Golfe Persique. Un régime qui, s’il arrive à ses fins, va menacer mortellement et indéfiniment la vie sur Terre et les valeurs d’ouverture, de liberté, de démocratie, de respect de la personne et des droits fondamentaux.      

 

A noter pour clore provisoirement ce chapitre l’interview du ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, accordée hier (jeudi) au Jerusalem Post. Il y souligne que "l’Iran constitue la plus grande menace pour Israël (…). Nous parlons d’un régime avec des ambitions hégémoniques mondiales (...) et ce régime ne devrait pas posséder d’armes non conventionnelles".

 

L’ancien chef d’état-major de Tsahal a aussi invité les responsables occidentaux à ne pas succomber à "l’offensive de charme des Iraniens. Les Iraniens", a-t-il dit, "veulent l’allègement des sanctions avant d’arrêter leur programme nucléaire militaire".

 

Et si les 5+1 succombent tout de même, ramenant de Genève le même genre de traité de paix que Chamberlain avait exhibé à Londres après sa rencontre avec le Führer, Netanyahu pourrait bien avoir envie de se prendre pour Churchill. Car, et je l’ai vérifié personnellement depuis le début de la semaine, dans l’establishment hébreu de la Défense, même s’il est déjà presque trop tard, on est toujours absolument et unanimement déterminé à empêcher des négateurs de la Shoah de menacer les Israélites d’extermination assis sur des bombes atomiques. Ce, même si les 5+1 semblent avoir oublié le Blitz sur Londres, Stalingrad, Singapour ou Pearl Harbour.   

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