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Israël: la route du vin

Israël: la route du vin

 

 

«Vous avez du vin d'Israël?»

«Vous voulez dire du vin casher?», répliquerait quasi immanquablement l'employé de la SAQ.

Dans l'esprit de bien des Québécois, en effet, qui dit vin d'Israël dit vin casher, en référence à un produit spécial élaboré par et pour des gens de religion juive.

Pourtant, les vignerons de cette partie du Proche-Orient cherchent à s'affranchir de cette perception.

Leurs vins, disent-ils, peuvent être bons, tout en étant par ailleurs casher.

Lorsqu'on passe quelques jours là-bas, notamment sur les hauteurs du Golan, alors qu'on entend résonner au loin les tirs d'obus syriens, on réalise que les gens de Golan Heights Winery, de Galil Mountain et de Ella Vineyards n'ont effectivement pas à rougir: leurs vins, bien que généreux en alcool, sont d'une fraîcheur inattendue. Les blancs surtout - notamment le viognier -, se comparent avantageusement à ce qui se fait par exemple en Australie ou en Californie.

 

L'ancien et le moderne

La scène viticole d'Israël se distingue en mariant, pour ainsi dire, l'ancien et le moderne - surtout aux yeux de gens comme nous, à peu près complètement sécularisés.

Ainsi, chez Galil Mountain, se côtoient par exemple le rabbin, vêtu et coiffé de manière très orthodoxe, et le winemaker Micha Vaadia, 46 ans, jeans, t-shirt, cheveux longs, air cool...

Lorsque le visiteur circule dans le chai en compagnie de ce dernier, on prend garde de ne toucher à rien, pas même de caresser une barrique du bout des doigts - au risque de rendre le vin impur aux yeux des juifs pratiquants.

Micha Vaadia se fait alors rassurant : il n'est pas pratiquant et il ne porte d'ailleurs pas non plus la kippa. Le bon Québécois laïc se sent déjà un peu mieux, surtout qu'il n'y a pas de rabbin dans les parages, juste quelques ouvriers religieux.

 

Le vin qui scelle une trêve

L'autre réalité incontournable en Israël, outre le fait que la majorité des vignobles ne veulent pas négliger le lucratif marché casher, c'est la guerre, l'état d'éternelle précarité dans lequel est placé le pays fondé en 1948. Reviennent immanquablement sur le tapis, presque chaque jour, les relations tendues avec les pays arabes voisins ou l'Iran.

Il n'y a peut-être que le jour du sabbat où toutes les tensions s'apaisent. Les Israéliens, notamment les juifs pratiquants, ont le sens de la famille, de la célébration, des repas partagés. Le samedi, là-bas, c'est comme le dimanche chez nous il y a 30 ans : tout s'arrête, très peu de commerces sont ouverts. Jusqu'à la compagnie aérienne nationale, El Al, qui ne vole pas ce jour-là !

 

Une table exceptionnelle

Si les vins, qui ont connu une renaissance il y a 30 ans seulement, semblent en voie d'atteindre leur rythme de croisière, la qualité de la nourriture, en Israël, ne fait aucun doute.

Il s'agit en gros de mets moyen-orientaux (falafel, hoummos, salade de tomates concassées, etc.), mais avec un degré de finesse marqué et une touche originale et inventive. On apprécie particulièrement la grande fraîcheur des ingrédients - les Israéliens, très versés en irrigation, cultivent un peu de tout.

Un pays où l'on mange aussi bien a toutes les raisons d'espérer, et nous avec lui: les vins du cru ont vraiment du potentiel. D'ailleurs, en 2012, la Golan Heights Winery, une coopérative agricole qui vient de fêter son 30e anniversaire, a été proclamée Best New World Winery par le magazine américain Wine Enthusiast.

Ne reste qu'à convaincre les consommateurs que tout casher qu'ils soient, les vins d'Israël méritent qu'on aille y voir de plus près...

 

Repères

> Plusieurs domaines viticoles ont des caveaux de dégustation, un peu comme en Californie. Si, par contre, leur production est casher, la visite des installations comme telles, la cuverie, la salle des barriques, etc., est impossible. On peut néanmoins goûter, discuter et arpenter les rangs de vignes situés à proximité. Aussi, comme plusieurs exploitations font partie de kibboutz, on peut goûter en plus d'autres productions locales, de l'huile d'olive et du miel, notamment.

> Si le pays compte cinq grandes régions viticoles, on gagnerait à cibler le Golan, la Haute-Galilée et les collines de Judée. Israël, cela dit, compte environ 25 assez gros vignobles et près de 150 petites exploitations - des «boutique wineries». Mieux vaut prendre rendez-vous.

> Tel-Aviv constitue une bonne base d'exploration. Compter environ 2 heures de route (très bonne, pavée) pour atteindre par exemple Qatsrin et la Golan Heights Winery, et environ 1 heure pour les vignobles des collines de Judée.

> Les routes des vins ne sont pas encore vraiment balisées, mieux vaut se munir d'une bonne carte, des coordonnées des endroits visés et d'un téléphone (loué à l'aéroport de Tel-Aviv, par exemple, ou équipé d'une carte SIM louée aussi au même endroit) pour appeler et se laisser guider, si d'aventure on tourne en rond.

> Une bonne référence : le site Wines Israel (http://www.wines-israel.co.il/len/), où l'on trouve les domaines en donnant les coordonnées et en indiquant si la production y est casher ou non. À consulter également, en français, le site touristique officiel (otisrael.com).

 

Info:

www.golanwines.co.il/en/The-Winery

www.galilmountain.co.il/english/About

www.ellavalley.com/en/our_project

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